Hypnose, croix et claustrophobie : bienvenue dans le Japon de l’étrange
Imagine un flic qui a la tronche aussi fatiguée que ton PC sous Windows XP, et tu obtiens Takabe, un officier qui traque des meurtriers hypnotisés comme s’il gérait un cirque où Messmer serait le patron. Cure, c’est du polar qui refuse de choisir entre thriller et fantastique, et c’est là que réside son génie. Kiyoshi Kurosawa te pose un univers où tout glisse sous tes pieds comme une savonnette. Aucun balisage. Ici, c’est l’étrangeté totale qui gouverne, et toi, t’es spectateur avec une croix dans la gorge, autant dire en plein malaise.
L’antagoniste, avec ses airs de gourou de yoga détraqué, te file la recette pour bousiller un Japon qui croule sous ses propres normes. En gros, c’est un miroir social où la société te baise la tête jusqu’à ce que tu passes à l’acte. Takabe, entre deux coups de stress parce que sa femme perd les pédales, te lâche une tirade sur la pression sociale qui t’écrase comme un train lancé à 300 km/h. Résultat ? Une grosse critique sous-jacente, mais sans te la faire à la lourdingue, genre Black Mirror à la japonaise.
Les plans ? Mon gars, c’est du Miyazaki, mais en version dépressive. La caméra capte des détails de malade : un manteau qui flotte dans le vide, des ombres qui te mettent la chair de poule, et ce grain d’image… du cinéma d’artisan, fait main, sans CGI à la Marvel. Kurosawa te balance des scènes où t’as pas besoin de jump scares pour flipper, juste une ambiance qui te colle à la peau comme un vieux chewing-gum sous une semelle.
Le duo flic/psychologue te déchire entre le rationnel et le surnaturel. Takabe perd les pédales à force de courir après des cinglés. Le psychologue ? Il passe de scientifique à illuminé en deux séances. Ce qui rend le tout captivant, c’est qu’ils deviennent des fantômes dans leur propre monde. Et toi, tu te retrouves en mode spectateur perdu dans un labyrinthe mental. C’est brillant, mais aussi flippant que ton relevé bancaire à la fin du mois.
Un passage marquant, c’est cette vieille bande vidéo projetée dans le film. Une claque. Kurosawa te fait un clin d’œil à l’essence même du cinéma : l’art de te déstabiliser, de te plonger dans l’étrange et la subversion. Un peu comme si David Lynch faisait une collab’ avec Shining, mais sans hache. Là, t’es face à du pur cinéma, du vrai, celui qui t’arrache à ta zone de confort.
Cure, c’est pas juste un film, c’est une expérience sensorielle. T’en ressors avec la gueule à l’envers, l’esprit secoué, et la certitude que le cinéma japonais sait te plonger dans un univers où la folie et le réel dansent un slow sordide. À voir absolument, mais prépare-toi à avoir l’esprit aussi tordu qu’un Rubik’s Cube mal résolu.
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