Un, deux, trois, soleil est donc encore un ratage pour Blier, j’ai envie de dire, pas surprenant ! Peut-être pas son pire, mais enfin, ce n’est pas un bon film pour autant !
Je retiens comme dans Mon homme d’ailleurs le jeu d’Anouk Grinberg, qui apporte un peu de sobriété dans un film qui en manque singulièrement. A mon sens il vaut mieux que Blier s’entoure de ce genre d’acteurs ou d’actrice plutôt que des truculents Marielle ou Depardieu qui donne une grandiloquence à des films déjà bien trop grandiloquents ! Girnberg est subtile, dans un rôle qui ne l’est pas énormément, mais tout de même assez bien écrit pour le coup. Le souci c’est qu’elle est entourée d’un casting absolument pléthorique, beaucoup trop, et que ces seconds rôles sont eux d’une écriture beaucoup plus aléatoire. Reste qu’avec Mastroianni, Brasseur dans une moindre mesure, Myriam Boyer, Un, deux, trois, soleil arrive à peu près à s’en sortir sur ce point. Mais enfin, quelle tristesse de ne pas voir ces acteurs mieux dotés en rôle !
Le scénario est loupé, c’est un fait. Pendant un quart-d’heure le film fait illusion, et puis Blier part en cacahuète. Narration saccadée, scènes déconnectées qui s’enchainent, absurde qui frôle l’abstraction, c’est simple : Blier noit totalement ses intentions dans un déluge d’effets caricaturaux, de scènes à la vulgarité facile, de situations débilitantes. Son film en devient fatiguant, il s’empèse à vue d’œil, et le spectateur en vient logiquement à décrocher devant le marasme qui lui est proposé. On décèle parfois des choses sous cette carapace bourrative, et les acteurs parviennent ainsi épisodiquement à faire émerger des pointes d’intérêt vague, notamment dans la relation entre Grinberg et sa mère, Myriam Boyer. Mais enfin, c’est tellement matraqué par la crétinerie ambiante…
Pour le reste Blier parvient tout de même à proposer une ambiance sud de France pas déplaisante grâce à une photographie réussie. Après, le réalisateur s’égare tellement dans ses effets de style lourds qu’il en délaisse de trop le cadre de son film. Blier n’a jamais été un génie pour saisir la beauté (ou la laide beauté aussi !) d’un lieu, d’un endroit, ni pour saisir une ambiance digne de ce nom. Même la bande son à base de raï, par un maître du genre fait un peu caricaturale, c’est comme du rap pour faire banlieue dans un Taxi !
Bon, on évite un nouveau passage dans les abysses infâme du cinéma français avec ce film, mais cela ne fait pas de Un, deux, trois soleil un bon film ! Loin de là ! 1.5