« Excusez-moi, mon Colonel, mais vous savez, une brute, ça rit d’un rien. Un missile qui passe, un champignon qui monte dans le ciel, le temple d’Angkor qui passe au-dessus de Billancourt… je me marre de tout, j’ai des goûts simples. »
Lautner et Simonin, c’est 4 films, Lautner et Audiard, 14, Simonin et Audiard, 12. Je ferai l’impasse sur le décompte des collaborations de Lino Ventura, Bernard Blier, Mireille Darc, Francis Blanche, ou Robert Dalban avec ces trois auteurs. Plus rare dans cette bande, Charles Millot, Noël Roquevert et une foule de seconds rôles complètent la distribution, dont Jean Rochefort à la narration.
Un homme se fait pousser hors du train, son agresseur prend un coup de couteau par un type qui se fait flinguer au silencieux par un assassin qui meurt empoisonné au gaz dans les toilettes du train par un Asiatique qui finit étranglé lorsque ledit train s’arrête nuitamment parce qu’un camion bloque la voie. Pendant ce temps, Son Excellence Constantin Benard Shah a dormi comme un bébé et rejoint sa Rolls. Le début donne le ton : on touche à la screwball comedy, genre anglo-saxon par excellence où Audiard réalisateur fera quelques incursions (notamment « Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages », 1968, soit 4 ans après ce « Barbouzes »).
Si Lautner est surtout connu pour ses collaborations, notamment avec Audiard, mais aussi avec des interprètes récurrents (Mireille Darc, Lino Ventura, Bernard Blier, Jean-Paul Belmondo, Michel Constantin), il fait souvent montre d’un réel talent à la caméra et d’un humour visuel certain. En témoignent ici les images reprises de ses Tontons Flingueurs (où jouent Blier, Ventura et Dac) pour illustrer les personnages de ces Barbouzes (Lagneau/Ventura et Cafarelli/Blier).
Le scénario, hélas, se délite très vite et perd de son souffle, qualité pourtant essentielle aux comédies loufoques. Les interprétations, amusantes au début, finissent par se répéter, les gags aussi et le rythme beaucoup trop lent affadissent l’ensemble. Certaines scènes sont du reste prévisibles, d’autres carrément bâclées (à l’image des bagarres) voire grotesques. La fin ajoute la dernière touche au naufrage : comment autant de talents réunis, ayant déjà fait leurs preuves ensemble, peuvent à ce point rater un film ?