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Un visiteur
3,5
Publiée le 17 février 2019
La théâtralité propre au langage cinématographique de Bergman émerge cette fois-ci d’un huis clos à ciel ouvert sur une île de la mer Baltique. Une partition pour quatuor d’acteurs qui met au cœur de l’action une jeune femme chancelant entre la folie et la réalité, entre des moments d’espoir et la fatalité. L’appel de Dieu se présente à elle comme la seule avenue salvatrice. Autour d’elle, un mari déchiré entre l’amour et la résignation, un père écrivain absent, troublé, axé sur lui-même et rêvant de célébrité et puis son frère cadet dont la virginité et le désintérêt pour les filles l’intrigue au point d’avoir envie de le dépuceler. Les trois personnages masculins font face à l'incurabilité de la maladie de Karin avec chacun leur émoi et celle-ci choisit de les libérer en s’en remettant à Dieu. Par la complexité des rapports humains qu’entretiennent ses personnages, Bergman fait émerger le questionnement sur l’espace divin. La symbolique intégrée à l’image vient nourrir le propos et contribue à la signature du célèbre réalisateur. Mais il faut le dire, le film repose essentiellement sur les solides épaules de la comédienne Harriet Anderson ayant à incarner un personnage vivant constamment au bord du gouffre. Elle prête habillement sa folie d’actrice à celle de Karin et lui insuffle des émotions à fleur de peau. Gunnar Björnstrand en père égocentrique et habité par des secrets non dévoilés étonne une fois de plus par la largesse de sa palette d’interprète. Une autre belle réussite de la troupe suédoise!
Allez je continue mon odyssée bergmanienne avec "A travers le miroir". Alors Ingmar Bergman, est avec Alfred Hitchcock et David Lynch, le cinéaste qui est le plus capable de nous tripatouiller le cerveau voir même carrément le harponner du début jusqu'à la fin lorsqu'il est à son sommet (cf. Persona!!!). Là, ce n'est uniquement que par instance car Bergman a tendance parfois à tomber dans ses travers emphatiques, qui était sa seule véritable faiblesse, en particulier dans le dernier tiers où il aurait gagné à être plus subtil (la toute dernière scène est quand même réussie!!!). Le sujet, comme dans 90% des films de Bergman est hyper-ambitieux, et donne lieu à quelques moments forts comme la petite représentation théâtrale qui fait le parallèle avec la vie du personnage interprété par Gunnar Björnstrand (étant donné que c'est mon acteur scandinave préféré, il ne peut qu'être que très bon et c'est le cas!!!). Mais le sommet vient certainement de la scène qui se déroule entre frère et soeur dans la soute du bateau échoué où on ressent vraiment comme le frère un véritable désir incestueux pour la soeur (rassurez-vous aucun risque que ça m'arrive à moi-même, je n'ai pas de soeur!!!). La très belle Harriet Andersson (put... qu'est que je fous en France, moi ???) s'en sort avec tous les honneurs d'un rôle pas forcément super évident. Pas mal ce huis-clos à quatre personnages même si pour moi ce n'est pas un sommet bergmanien bien que plusieurs personnes sont en désaccord avec cette affirmation. Prochaine victime, j'hésite entre me mettre à l'heure du loup ou à me rafraîchir à la source.
Premier volet de «la trilogie de chambre», «À travers le miroir» (1961) est aussi le premier film de Bergman tourné sur l'île de Faro, celle-là même qui permettra au réalisateur la création d'une série fascinante de «huis clos en plein air» qui trouvera son terme en 1969 avec «Une passion». Le film introduit la problématique du rapport conflictuel avec Dieu qui sera développée dans les deux volets suivants, mais envisage aussi la difficulté et le désordre des rapports familiaux, autre thème bergmanien récurrent. Karin (Harriet Andersson), atteinte d'une maladie mentale incurable, apparaît comme le catalyseur de l'ensemble des tensions familiales. En proie à une authentique folie mystique, elle recherche l'apaisement dans l'espoir d'une vision de Dieu. Le paroxysme du drame est atteint lorsqu'elle est convaincue que Dieu l'a exaucée mais, d'une manière épouvantable et déconcertante, en lui apparaissant sous la forme monstrueuse d'une araignée. À la question finale de Minus, le frère de Karin (Lars Passgard), le père (Björnstrand) répondra que Dieu doit être cherché, non pas dans un au-delà transcendant, mais dans l'immanence même de l'amour humain, thèse provisoire qui sera elle-même mise à mal dans le film suivant «Les communiants». C'est en réalité la thématique de la faute et de la souffrance qui continue d'obséder le réalisateur, mais sa méditation atteint ici une intensité inédite jusqu'alors, en raison même de l'économie extrême des moyens mis en oeuvre et de l'isolement (au sens étymologique du terme, «isola» signifiant «île») des personnages. Faut-il le dire? ... la réussite est totale. Et, au risque d'être un peu répétitif (mais Bergman est vraiment à mes yeux l'un des trois ou quatre plus grands), je ne veux pas manquer au plaisir de communiquer mon enthousiasme en qualifiant «À travers le miroir» de chef-d'oeuvre absolu!
Ingmar Bergman réussit une fois de plus à réaliser un long métrage soigné, exigeant et ascétique mais riche d'enseignements. Esthétiquement parfait, du noir et blanc sculptural aux cadrages sublimes en passant par une utilisation subtile de la musique, «A Travers Le Miroir» illustre l'orientation de Bergman vers des films plus intimistes mais non moins universels, comparables aux derniers du danois Carl Theodor Dreyer. Porté par des acteurs remarquables, c'est un long métrage douloureux sur la solitude des êtres, face à la maladie, face à la vie, face à Dieu ou encore face à eux-mêmes. Pudique et sincère, le suédois dépeint souvent avec accablement, quelques fois avec espoir, l'existence pesante et difficile des hommes. Si la famille est un lieu de réconfort et d'amour, elle n'est pas épargnée par les doutes, les passions destructrices et la folie. Et les hommes ont bien peu de choses auxquelles se raccrocher pour continuer à vivre... Dieu? L'amour? Les deux? Rien n'est moins sûr pour Bergman, même s'il ne semble pas envisager d'autre solution : l'art étant ici vu comme vaine abstraction de la réalité, une fuite vers l'égo, loin des responsabilités de la vie, de l'amour des êtres et de toute humanité. Un film sombre, angoissé mais vivant et intense, un chef-d'oeuvre. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Réunion de famille sur l'île de Fårö entre un écrivain raté, ses deux enfants et le mari de l'un deux, dont l'objet est moins un règlement de compte qu'un examen des tensions qui se cristallisent autour de la maladie de Karin, qu'incarne avec brio la superbe Harriet Andersson. Le trouble généré par le film est de faire de cette maladie un problème connu de tous les membres de la famille sans pour autant que sa nature soit précisée, à tel point que quand David et Martin sont seuls sur leur bateau, ils parlent moins de l'état dans lequel se trouve Karin que de la manière dont l'écrivain s'inspire de la maladie pour rédiger son livre. Si cet examen de conscience dépasse de loin le petit jeu de reproches, il ne représente pas pour autant un enjeu central; ce dernier réside plutôt dans la relation toxique entre Karin et son frère Frederik où l'inceste n'est jamais loin et où la folie devient une confidence vaine. Tout le drame se joue dans l'espoir qu'une révélation des secrets (la vision d'êtres invisibles, cachés dans la tapisserie, annonçant la venue de Dieu) pourrait apaiser Karin alors qu'elle ne peut se détacher du monde dans lequel elle est entrée – monde parallèle, horizon métaphysique dépassant de loin ceux qui l'aiment. "A travers le miroir" aurait gagné à être moins explicite, de manière à renforcer le mystère qui entoure Karin (est-elle folle ou bien accède-t-elle à une autre réalité ?), mais le contraste mis en scène entre la beauté d'un paysage paisible et une violence psychologique inouïe suffit à donner au film un intérêt majeur.
D'entrée, on ne peut que reconnaître l'éblouissante maitrise de Bergman derrière la caméra, qui ne semble pas avoir son pareil pour capter les émotions, la douleur, la détresse de ses personnages, sans que ces derniers ne soient surlignés ou lourdauds. Bien au contraire, cette plongée dans la souffrance humaine et qui nous propose un chassé-croisé relationnel nous permettant d'avoir une vision d'ensemble sur les différents comportements. Et que dire de certaines scènes, d'une poésie rare, soutenue par une musique classique du meilleur goût. Et que dire de cette sublime photographie et de son éclairage, tout simplement renversant... Hélas, dans la dernière demie-heure, on ressent nettement moins cette magie du cinéma, et le récit finit même par se faire assez ennuyeux. Non pas que Bergman aie perdu sa maîtrise, mais il semble vouloir se diriger vers des horizons nous parlant moins, plus personnels certes, mais aussi moins compréhensifs pour le spectateur un peu dérouté de ce changement de trajectoire. Néanmoins, soutenu par des acteurs formidables, le film n'en demeure pas moins une belle oeuvre, signifiante et profondément humaine (la dernière scène est d'ailleurs très réussie) : il reste donc fort recommandable.
Un huis clos lent et hermétique qui ne m'a pas entièrement conquis, malgré la qualité de la photographie, du cadrage et du jeu d'acteurs. Un peu trop ascétique et théâtral pour moi, peut-être. Toujours est-il que ce film présente une plongée intéressante dans la schizophrénie de son personnage principal et des dommages collatéraux sur ses proches, trois hommes, son père omnibulé par sa carrière d'artiste, son mari médecin, son frère cadet aux sentiments ambigus... Déstabilisant, en tout cas.
A travers le miroir entame une trilogie qui s'achèvera en 1963 avec Le Silence et nommée par l'auteur lui-même "trilogie de films de chambre". Dans ce premier volet, Ingmar Bergman aborde l'un de ses thèmes de prédilection, la folie. Il confirme son talent de direction d'actrices, car Harriet Andersson livre une des plus belles interprétations que je connaisse. Elle est secondée par deux acteurs habituels du maître, Max von Sydow et Gunnar Björnstrand. C'est à partir de la schizophrénie du personnage principal, de l'isolement dans l'île et de l'incommunicabilité insurmontable des personnages, malgré une affection profonde, qu'Ingmar Bergman sonde le mystère de l'existence de Dieu.
Encore une fois, Bergman! Premier de la trilogie "de chambre", "Les Communiants" et "Le Silence" les complétant, "A Traves Le Miroir"est une plongée dans le processus de la folie mais également un regard terrible, mais non dépourvu d'amour, sur la famille. La famille non pas comme refuge mais comme enfer, lieu de tous les dangers, l'incommunicabilité, la violence, le désir (l'ombre de l'inceste étant assez audacieux à l'époque) étant parfois moins nocif que l'amour même. Et toujours Dieu, à l'absence si présente, qui ne se manifeste que sous les traits de l'effroi.
Les images sont belles malheureusement les dialogues deviennent rapidement théâtraux et l'ennui gagne rapidement. Dans saraband il aborde les mêmes thêmes plus sobrement et ça fonctionne mieux.
Difficile de ressortir indemne de ce filme dont l' émotion est quasiment palpable. Les superbes plans qui orchestre les thèmes de la folie et des mauvais rapports familiaux sont d' une justesse rare pour une oeuvre d' une réelle profondeur dont on se souviendra longtemps.
Peut-être le peu d'envol de ce film est-il seulement dû au dédain porté par le réalisateur à sa confiance dans la technique ; après tout, c'est pour ça qu'on le connaît. Ou peut-être doit-on blâmer pour cela la pudeur à montrer les émotions les plus fortes, qui sont pourtant plus que nécessaires (et d'ailleurs non utilisées spartiatement) compte tenu de la nature du drame. Un plan coupé, sans la précision à laquelle Bergman nous a habitués, pour masquer le sentiment qui se peint sur le visage d'un acteur qui, tant qu'il n'est pas Lars Passgård (qui tient ici son premier rôle), n'a pas démérité, ou l'acteur qui se retourne, ou la mise au point qui l'ignore, tout cela nous met sur une voie de garage émotionnelle. Au moins se dégage-t-il de Max von Sydow, pour la première fois dans sa carrière, une essence actorale qui dépasse un peu son seul charisme.
Finalement, peut-être se surprend-on à regarder autour de l'écran parce que l'image comme l'histoire ne circonscrivent rien, et laissent ouvert un monde sentimental et maritime qu'il eût été bon de mieux contrôler des deux côtés des pages du script, et pas seulement pour leur lumière. L'île de Fårö, futur domicile de Bergman, est laissée seule aux commandes d'une œuvre ayant oublié de se ménager une marge de manœuvre avant de chercher à accoster l'âme du pirate cinéphile.
J'aime beaucoup le film "Le Sacrfice" de Tarkovski et je me sens donc d'autant plus proche de "A travers le miroir" de Bergman. J'ai l'impression que Tarkovski a du être très touché par ce film. Le même paysage, deux quêtes vers Dieu, une prière, une hystérie, et les derniers mots du film: "Papa m'a parlé".
Toujours aussi maître de sa mise en scène, le réalisateur nous invite à un huis clos familial centré sur la révélation de foi ou délire schizophrénique de la femme interprétée avec incandescence par Harriet Andersson dont le tourment révèle les penchants intimes de ceux qui l'entourent. Assez intellectualisé et froid le récit empêche toute émotion quoi que les images expriment avec force et justesse les enjeux du drame. Une nouvelle expression des caractéristiques du cinéma de Bergman.
Le cas de Karin, comme le dit Ingmar Bergman, est un cas de schizophrénie religieuse. Dans cet ensemble symbolique qui s'interroge sue l'existence de Dieu et sur ses manifestations, la psychose de la jeune femme signifie certainement son doute. D'ailleurs, les quatre personnages regroupés dans ce huis-clos insulaire semblent incarner autant de postures ou de modes spirituels, intellectuels ou moraux relativement à l'existence ou non de Dieu (le scientifique non-croyant, l'écrivain assujetti, le pense-t-il, à son seul travail intellectuel). En réalité, le film est nettement plus complexe que ce schématisme. Le propos de Berman est même par moments franchement obscur. L'austérité du sujet rejoint celle de la mise en scène, ombrageuse et hiératique, agaçante souvent par l'épure et les poses auxquelles elle soumet les interprètes, ou par cette volonté d'être constamment dans la métaphore subtile. Je balance entre l'impression d'une oeuvre artistique et d'une forme d'élitisme pompeux, indépendamment de l'intelligence du cinéaste.