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soniadidierkmurgia
1 200 abonnés
4 185 critiques
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4,0
Publiée le 13 novembre 2024
Fritz Lang est de retour depuis quatre ans en Allemagne quand on lui propose de tourner une troisième aventure du docteur Mabuse pour ce qui sera son dernier film en tant que réalisateur. Mabuse né de l’imagination de Norbert Jacques écrivain luxembourgeois est un peu le pendant de notre Fantomas national, génie du crime qui rêve de devenir le maître du monde. Même s'il n'a pu réaliser ses intentions de continuer à travailler après cette commande, terminer sa carrière par un tel ouvrage ne peut être considéré comme une infamie pour le réalisateur de génie qu'était Fritz Lang. Cette dernière aventure de l’horrible docteur Mabuse contient l’ensemble du savoir-faire accumulé par Lang tout au long de sa carrière et réussit magnifiquement la synthèse entre les origines expressionnistes du réalisateur et le sens de la narration populaire développé à Hollywood. Le maquillage du voyant Cornelius et son attitude hiératique raisonnent comme un hommage de Lang à sa période muette alors que la truculence et la roublardise du faux agent d’assurance montrent clairement que le cinéma du réalisateur a été confronté aux nécessités commerciales de la machine hollywoodienne. Ce mélange étrange donne un ton un peu désuet au film qui en fait toute sa saveur. Le scénario particulièrement bien articulé et sans rupture de rythme fait du « Diabolique docteur Mabuse » une machine bien huilée qui captive le spectateur sur toute la durée de cette aventure parsemée de petites touches comiques fort bien distillées. On peut relever au passage la moquerie de Lang envers l’inspecteur Kras (Gert Fröbe) particulièrement pataud qui symbolise l’obstination un peu systématique et sans intuition du tempérament germanique mis clairement en contraste avec l’opportunisme et le pragmatisme de l’agent d'Interpol infiltré au sein de l’hôtel Luxuor où se déroule toute l’intrigue. Lang réalisateur devenu cosmopolite (il interprétera même un petit rôle dans le « Mépris » de Godard) n’oublie certes pas ses origines mais sa longue expérience acquise sur les plateaux lui apporte un œil éclairé sur les atavismes nationaux dont il sait mieux que personne qu’ils peuvent conduire une nation à confier aveuglément son destin à un despote illuminé. Ce troisième volet des aventures du docteur Mabuse est là pour nous rappeler que n’importe où et à n’importe quelle époque il se trouvera toujours quelques esprits mal intentionnés mais assez habiles pour entraîner les masses dans le fanatisme. Un tel testament est une manière à la fois ludique et utile pour Lang de tirer sa révérence au monde du cinéma. On notera au passage la prestation tout en sensualité et élégance de l’actrice britannique Dawn Addams trop tôt disparue à seulement 54 ans.
Fritz Lang pour son dernier film reprend pour la 3e fois pour sujet le docteur Mabuse 30 ou 40 ans après ses 2 premières tentatives, mais cette fois dans le monde moderne de 1960. Et rien que pour cela c'est un document ce film.
Cela se laisse regarder, mais un regard actuel ne peut s'empêcher d'être critique quant au rôle féminin : une femme évidemment belle, évidemment manipulée et qui tombe évidemment amoureuse d'un milliardaire. Quant à ce personnage, au look trumpien amélioré (sur la forme comme sur le fond), il devient inquiétant au vu de ses pouvoirs nucléaires. Finalement, heureusement que le Docteur est là pour en révéler le potentiel latent! C'est dans le double ou triple visage des protagonistes que réside l'intérêt principal du film. Seul le commissaire débonnaire se présente sans artifice, et ne parvient d'ailleurs pas à résoudre l'affaire seul! L'hôtel où se déroule l'intrigue est lui-même autre qu'il n'y paraît. Dommage que le producteur ait imposé la scène finale, bêta, et que les motivations du "méchant" soient si basiques.
Titre original : « Les mille yeux du Dr Mabuse » qui mate tout depuis son Q.G. installé par les nazis à l’hôtel Luxor. Un rappel aux affaires du diabolique docteur et de Fritz Lang pour ce qui allait être son dernier film après les versions bien plus réussies de 1922 et 1933. L’intrigue policière est compliquée et de peu d’intérêt, l’histoire d’amour mièvre et la fin à la fois spectaculaire et prévisible. Tous les personnages ou presque jouent double jeu : on s’y perd. Restent la photo et les cadrages superbes.
4 708 abonnés
18 103 critiques
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0,5
Publiée le 10 juin 2021
Vous ne croyez pas aux forces occultes ni à la vie au-delà de la mort. Vous n'avez pas entendu parler du Dr. Mabuse. Eh bien Mabuse est la preuve que tout cela est réel nous pouvons le voir dans ce film avec son personnage infâme. Il y a beaucoup de discours et moins d'action que les autres films de la série et nous ne découvrons Mabuse qu'à la fin. Jusque-là nous voyons Peter van Eick fumant presque tout le temps des cigarettes comme d'habitude et Gert Fröbe fumant la pipe comme d'habitude. Le film comporte tout de même quelques scènes solides et intéressantes à regarder mais dans l'ensemble j'ai l'impression que tous les meurtres et les drames ont été inclus pour être choquants et mystérieux et non pas comme un ingrédient d'une histoire à fleur de peau qui m'a captivé. La meilleure chose dans ce film est clairement le jeu des acteurs mais même s'ils étaient bons ce qui n'est pas le cas cela n'a pas suffi à élever un scénario médiocre...
Je n ai pas vu les deux premiers Dr Mabuse de 1922 et 1933, mais celui la est vraiment bien mené.Difficile de voir venir la conclusion.Le suspense tien la route jusqu a la toute fin.Vraiment a voir.
Un journaliste est tué dans un taxi à Berlin. L'inspecteur Kras (Gert Fröbe) mène l'enquête grâce aux indications, pas toujours très claires, de Cornelius, un voyant aveugle. Ses indications le mènent à l'hôtel Luxor que les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale avaient truffé de caméras. S'y trouvent un riche industriel américain, une femme dépressive poursuivie par son mari jaloux et un soi-disant agent d'assurances au comportement louche.
Longtemps exilé aux États-Unis, où il a tourné quelques uns de ses plus grands films, Fritz Lang est revenu en Allemagne de l'Ouest en 1956 pour y signer un diptyque exotique : "Le Tigre du Bengale" et "Le Tombeau hindou". Puis il ressuscite une dernière fois le personnage de Mabuse, créé dans les années vingt par un écrivain luxembourgeois et qu'il avait déjà porté à l'écran deux fois : "Docteur Mabuse le joueur" (1922) et "Le Testament du Docteur Mabuse" (1933).
Le docteur Mabuse est une figure du Mal qui traverse le siècle. Dans les années vingt, Fritz Lang dénonce à travers elle la spéculation boursière et les faiblesse structurelles de la République de Weimar. En 1933, au moment de l'ascension de Hitler au pouvoir, il décrivait les dangers de la manipulation des masses. En 1960, en ressuscitant Mabuse, il veut montrer que l'Allemagne prospère est toujours hantée par ses vieux démons, tapis dans l'ombre. Les moyens que Mabuse utilise pour mener à bien ses visées sont étonnamment modernes : un réseau ultra-sophistiqué de caméras qui lui permettent de contrôler les allées et venues de tous les occupants d'un hôtel. On pense au Panopticon de Jeremy Bentham, à Foucault et à "1984".
Le titre original, "Die 1000 Augen des Dr. Mabuse", est à ce titre autrement plus efficace que sa pâle traduction française. Les distributeurs anglo-saxons ont démontré plus de lucidité en optant pour "The Thousand Eyes of Dr. Mabuse".
La mise en scène de Lang est assez plate. Le temps de l'expressionisme est loin. Citant la scène d'introduction, un meurtre froidement exécuté, les aficionados parleront d'épure. Les plus blasés critiqueront dans le reste du film la piètre qualité du jeu des acteurs, les mouvements de caméra pas toujours très utiles et la lenteur du scénario jusqu'au dénouement final.
"Le Diabolique Docteur Mabuse" fut accueilli fraîchement par la critique. Il fut le dernier film de Fritz Lang qui s'éteignit à Beverly Hills seize ans plus tard.
Le diabolique docteur Mabuse est un film éblouissant. L'omniprésence des écrans, des caméras de surveillance dans une société où tous les personnages ont plusieurs personnalités et cachent leur jeu, est absolument traité à la perfection. La scène du personnage américain en train de reluquer une femme dévêtue, est aussi dérangeante que fascinante. Il faut voir L’œil cupide de l'autre personnage masculin de la scène, qui lui regarde avec amusement et perversité, l'américain perdu dans son voyeurisme. Il faut voir aussi cette séquence incroyable avec la duplicité et le caractère frauduleux du personnage féminin. Un autre grand passage du film est la scène du suicide où on voit le comportement licencieux des journalistes, mais aussi des passants et autres témoins qui regardent la scène avec une appétence dévoyée, et même une impatience morbide pour voir une fin tragique à ce drame (qui est encore une tromperie). Alors dans ce jeu de dupes il faut se méfier de ce que l'on voit car cela peut être une illusion, une falsification de la vérité. Alors oui, beaucoup de personnages ont quelque chose à se faire oublier dans cette Allemagne d'après guerre. C'est peut-être comme ça qu'il s'en sont sortis avec la dissimulation de leur vrai moi. De leur vrai visage comme pour le docteur Mabuse. Mais le film passe le temps, et devient même une réflexion brillante de notre société contemporaine avec l'emprise des caméras de surveillance et le contrôle des citoyens par l'image, la supervision. C'est très actuel. Sinon il faut noter aussi l'extraordinaire ressemblance avec le voyant aveugle (encore une sublime supercherie) le Docteur Cornelius avec le créateur de mode Karl Lagerfeld. Dommage que personne n'est fait ce rapprochement et ait osé demandé au célèbre couturier s'il s'était inspiré du look du personnage ?
Après seize longs métrages en Allemande, puis un en France et enfin vingt-deux films aux Etats-Unis, Frtitz Lang allait conclure sa carrière avec son diptyque hindou “Le Tigre du Bengale” et “Le Tombeau Hindou”. Mais pour sa dernière oeuvre, le célèbre cinéaste expressionniste souhaitait dire au-revoir au Docteur Mabuse présenté en 1922 et 1933. Sorti en 1960, “Le Diabolique Docteur Mabuse” est pourtant mort depuis longtemps. Mais son nom va ressurgir lorsqu’un voyant prévient un inspecteur d’un meurtre qui n’est pas encore commis. Moins fantastique que les deux précédents opus, le long-métrage fait face à la réalité d’une Allemagne que le cinéaste avait fui depuis longtemps. Redonner vie à son anti-héros fétiche lui permet néanmoins de proposer une nouvelle allégorie de l’Allemagne d’après-guerre. Fritz Lang signe un bel adieu avec un thriller moderne et intense. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Les viles desseins du docteur des Nazis est de retour pour nous offrir le pot de départ du réalisateur, il y quelque chose que j’aime bien chez ce personnage diabolique. Il n’y a plus le côté hypnotiseur fantasmagorique qui fascine par son ambiguïté maléfique, une sorte de contrôle mental légué par le régime déchu considéré comme le plus célèbre des persécuteurs politiques, ce sont aussi les serviteurs du comploteur. Il traverse le temps bien après la victoire alliée sur l’axe, fini la seconde guerre mondiale, place à la période du rideau de fer, à perdurer les manigances et le trouble à travers la technologie, trouver sur son chemin et à son profit. La surveillance caméra micro derrière un miroir sans tain, observer l’intimité illégitimement est un mal à l’état pur, le changement de costume, de possession de nouveau corps et le maquillage ni vu ni connu. Une excellente série B avec plaisir et du charme de cette époque des années 60 en noir et blanc, d’excellents acteurs et actrices qui n’en font pas trop, de dame tourmentée à la cruauté de leur homme, les personnages sont sympathiques, un aveugle medium rappelle les origines du film. Appelé Doktor Mabouze en allemand, une belle langue avec des sonorités anglo-saxonnes, en version sous titrée pour comprendre subtilement l’histoire, puisés de son riche lexique sémantique. Je préfère ce vilain doc que les films classiques de James Bond, une création de banales méchants, dont « Dr No », « Pistolet d’or ».
Une série B au scénario farfelu qui accumule les bizarreries et les grosses ficelles sans parvenir à être très passionnant d'autant que la prestation de Peter Van Eyck est minimaliste. Deux rôles sont assez pittoresques, l'inspecteur et l'agent d'assurance (même s'il en fait trop). C'est toujours mieux que le Tigre du Bengale, ça se regarde mais ça ne casse pas trios pattes à un canard.
Dans Le Diabolique docteur Mabuse, son dernier film, Lang s'attaque cette fois au monde moderne et dénonce par anticipation notre société surveillée par le réseau. Mabuse n'y est plus une figure satanique aux pouvoirs extraordinaires. Il ne puise plus aux sources du fantastique pour assouvir son désir de domination. Il possède un nouvel instrument, fiable et froid : la technologie, et nous observe derrière ses écrans. Un film formellement dépouillé voire modeste mais passionnant par ce qu'il raconte derrière l'intrigue de surface (comme souvent chez Lang). Voir ma critique complète sur mon blog : newstrum.wordpress.com
Excellentissime. Quel film incroyable. C'est une perle qui nous entraîne dans une tension permanente et un trésor d'invention. Le film policier, le frisson, les fausses pistes de tout bord et évidemment ce qui fait le génie, cette touche de spiritisme qui entretient le suspense impressionnant. Un pur plaisir de cinéphile.
Un film qui ne laisse pas d'étonner par sa manie de sortir des lapins de son chapeau entre autres coups de théâtre à tout le moins curieux, dans une ambiance à la Fantomas (ou James Bond ?) très curieuse elle aussi.
Le film porte bien son titre, le Docteur Mabuse est diabolique, quitte à nous prendre de temps en temps pour des buses ! Pour autant, il n'est pas désagréable par sa réalisation forcément années 50 mais carrée et d'un rythme satisfaisant, car à semer devant nous les indices et les soupçons pour remonter la piste, le film réussit à maintenir l'intérêt du spectateur... et sa curiosité. En outre, l'excellent Gert Fröbe est là, excusez du peu.
Le plus étonnant (encore !) est qu'il s'agit d'un film allemand qui n'a rien à envier aux productions américaines de l'époque, bien au contraire (ce qui n'est pas forcément très élogieux non plus, vu l'état des productions américaines de cette époque, mais tout de même).
Je n'ai pas vu les opus précédents ... Le suspense est vraiment bien mené, tout le monde ferait de bons coupables et la mise en scène correcte (mais un peu vieillotte sur certains points). Il n'y a que le couple qui dénote et date le filme.