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titusdu59
75 abonnés
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5,0
Publiée le 2 mars 2011
Avec un tel sujet, on aurait pu craindre que ce film du très regretté Chabrol soit un énorme concentré de sentiments exubérants, et par conséquent de mauvais goût. Mais il n'en est rien. Peut-être que "Que la bête meure" manque parfois de subtilité (le portrait de la grand-mère, par exemple, n'est pas un modèle de finesse), mais ceci ne dérange jamais vraiment. Car, à vrai dire, tout est vu de manière très pudique, et jamais on ne tombe dans un pathos geignard et racoleur. Michel Duchaussoy est splendide de retenue (et on s'attache d'autant plus vite à son personnage), Jean Yanne est en un mot monstrueux, la mise en scène, en plus d'être très sobre, est tout bonnement magnifique, certains décors sont superbes (Ah, Bretagne!), la musique est parfaitement utilisée, et est totalement appropriée au propos... Tout ça sur fond d'histoire sombre et triste, mais diablement bien foutue et orchestrée, au final dont l'ambiguïté fera longtemps réfléchir... Certes Chabrol critique à sa façon les bourgeois, mais ce n'est sans doute pas aussi cinglant que ce qu'il a pu faire par ailleurs, et son style n'a probablement jamais atteint une telle grandeur. Un chef-d'œuvre.
Quelle excellente surprise ! Je ne m'attendais vraiment pas à un film d'une telle qualité. Le film commence comme un drame : un enfant est renversé par un chauffard, un père pleure et décide de se venger. Dès la scène d'intro, la mise en scène et le découpage de Chabrol interpelle. Puis vient une scène formidable de souvenirs, d'images d'archives où le visage de l'enfant s'imprime sur celui de son père. C'est à ce moment que le film bascule dans le polar puis carrément le thriller quand la rencontre se fait entre l'homme (Michel Duchaussoy) et la bête (Jean Yanne).
"Que la bête meure" est aussi un formidable film d'ambiance (grandiose scène de l'apéritif qui précède l'arrivée de la bête) fait de silences lourds, de soudaines crises d'hystérie, d'accès de violence incontrôlé doublé d'une histoire d'amour impossible (sublime Caroline Cellier en blonde hitchcokienne :love: ). D'un point de vue formel, la rigueur de la mise en scène, des dialogues, du montage, de l'interprétation imposent le respect. La maîtrise du suspense de Chabrol (l'apparition de Pialat et la virtuosité de ces explications en écho à un raisonnement de Duchaussoy en début de film "l'aiguille dans une botte de foin") n'est pas sans rappeler le cinéma d'Hitchcok. Très grand film, je n'ai pratiquement aucune réserve.
Claude Chabrol bouscule le cinéma Français en cette années 1969 avec ce film et redéfinit les codes de la vengeance à la Française . Il les redéfinit sous forme de thriller Hitchcockien a l'ambiance froide et au récit captivant de bout en bout . L'ambiance froide s'en dégage parfaitement surtout grâce a la grisaille de la Bretagne .
On se place aux cotés d'un père en quête de vengeance, psychologiquement détruit et prêt a tout pour faire souffrir l'assassin de son fils . Au début il mène l’enquête pour trouver qui est cet homme dont il ne sait rien .
Le récit est vraiment prenant dès le début avec un comme un soupçon de mystère, comment le père remonte la piste du meurtrier ? Comment va t-il se venger ? Tout ceci nous est dévoilé de façon intelligente et intéressante, nous sommes dans une vengeance réfléchi mais nourrit d'une grande haine .
Ce qui forme la grandeur de ce film c'est avant tout les acteurs, Jean Yanne détestable et horrible puis Michel Duchaussoy qui atteint presque la grâce d'Alain Delon dans un personnage froid et calculateur mais auquel on s'attache fortement car on le comprend, le connait et on se met presque dans sa peau a certain moment .
Entre un homme détruit nourri de désire de vengeance, des dialogues ciselés, une camera pointu et des acteurs parfaits, Chabrol offre un visage sombre et gris de la fin des années 60 mais offre un grand visage du cinéma Français .
Le chef d’œuvre de Claude Chabrol , son meilleur film et de loin , tout y est parfait , un scénario qui brouille les pistes , une atmosphère pesante , une interprétation magistrale , du cinéma comme on l'aime .
Un duel terrible entre deux hommes que tout oppose: Charles Thenier (Michel Duchausoy admirable de retenu) écrivain raffiné et anéanti par le deuil fait face à l’assassin de son fils (Jean Yanne incroyable), garagiste exubérant et égoïste régnant sur son clan tel un tyran d’opérette. Au détour d’un récit construit d’une manière remarquable, Chabrol nous offres quelques scènes d’anthologie (le repas de famille, la falaise…). Quelques raccourcis maladroits et une fin amenée de manière abrupte et pas totalement satisfaisante m’empêchent cependant d’adhérer pleinement à ce film qui n’en demeure pas moins une œuvre majeure de Chabrol et du cinéma français.
L'un des plus grands films de Claude Chabrol, et l'un des plus grands films français tout court, a une époque il pouvait encore prétendre représenter le grand cinema d'auteur. La mise en scéne tout d'abbord absolument magnifique, faites de lent et pesant travelling, de silence (qui n'ont rien d'ennuyeux) qui crée une atmosphére lourde, dérangeante presque insoutenable. Les acteurs, Jean Yanne tout d'abbord qui incarne merveilleusement une véritable brute sans scrupule presque plus proche de l'animal (la bête du film c'est lui) que de l'homme Michel Duchaussoy absolument génial en pére vengeur froid et déterminé qui finnis par être aussi effrayant que l'homme qui a tué son fils. Quand aux autres, ils sont habité par la haine. Un tableau extremement pessimiste pour un film d'une rigueur absolu. Un chef d'oeuvre!
Aussi bon que "Le Boucher" ! Jean Yanne est grandiose une fois de plus. Une tension permanente. Un bon développement des personnages et de leur psychologie. Tout simplement a voir. Pas une seconde d'ennui même si ce n'est pas toujours d'une rapidité extrême, cette lenteur est compensée par l'atmosphère étouffante du film. De très bons dialogues qui permettent de faire de brèves (parfois très brèves) pauses. Tout simplement bluffant.
Un des plus grands films de Claude Chabrol, grâce à son scénario diabolique et la confrontation des deux personnages que tout oppose. Mention particulière à Jean Yanne époustouflant.
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4,0
Publiée le 21 juillet 2019
Dans "Que la bête meure", la question de la vengeance personnelle face à la justice lègale s'articule autour d'un problème de filiation! Le crime, la monstruositè, l'abîme du cerveau humain! Voilà ce qui intèresse Claude Chabrol dans cette adaptation très rèussie du roman de Blake! Peut-être moins connu du grand public que la plupart des stars de l'ècran de jadis, Michel Duchaussoy n'en ètait pas moins un comèdien hors pair! Et la seule chose que les habituès des salles obscures pourraient lui reprocher, c'est d'avoir gagnè uniquement sa cèlèbritè sur les planches du thèâtre français et, par la même occasion, de s'être fait bien trop rare à l'ècran! Dans ce film majeur de Chabrol (l'une des grandes pèriodes du cinèaste où il trouve vraiment son cinèma), Duchaussoy trouve le meilleur rôle de sa carrière! Celui d'un père inconsolable dont l'enfant a ètè ècrasè par une voiture sur une route de Bretagne! Cet homme èpris de vengeance n'a qu'une seule chose en tête : partir à la recherche de cet assassin pour le tuer! C'est Jean Yanne qui incarne remarquablement ce chauffard malèfique et abject mais qui a quand même une espèce d'humanitè qu'on ne peut nier! il y a d'ailleurs une opposition de style fort intèressante entre Duchaussoy et Yanne que Chabrol gère à la perfection! L'un est dans l'impassibilitè et l'autre dans l'expressivitè! Un grand cru du cinèaste...
Chabrol offre à Jean Yanne un rôle d'ordure qui lui collera longtemps à la peau. D'ailleurs de nombreux réalisateurs lui offriront ce genre de rôle par la suite. Cette histoire de vengeance est un des 2 meilleurs films du réalisateur(selon moi), avec celui qu'il réalisera un an plus tard où il donnera toujours à Jean Yanne le rôle très ambiguë d'un boucher amoureux tueur en série.
Un excellent film, c'est un thriller mais phychologique tout est dans le jeu des acteurs qui sont tous parfaits dans leur rôle, la sobriété du jeu des acteurs accentue la tension de l'histoire. Jean Yanne est excellent dans son rôle de beau salaud et Chabrol en profite encore pour écorcher au passage les bourgeois. Sans doute son meilleur film.
Exceptée sa bonhomie et sa gouaille, j'ignore quasiment tout de l'oeuvre de Chabrol. Deci-delà j'ai lu qu'il était complice de la Nouvelle Vague et que son taf était influencé par Hitchcock dont je n'connais pas grand-chose non plus mais bien plus de son rejeton De Palma.
Me v'là donc en '69, embarqué par tonton Claude sur les routes de Bretagne, à toute berzingue, à bord d'une Ford Mustang noire, l'une des plus belles bagnoles jamais créées ! On devine Jean Yanne au volant qui se prend au mieux pour Steve McQueen dans "Bullit" ou au pire pour ce connard qui pollue régulièrement ma quiétude campagnarde en faisant ronfler son cageot jaune Seat Ibiza, perforé de "hinss-hinss" et de megabasses dégueulasses ! Au détour d'un virage surgit trop vite une place de village que traverse un gamin d'une dizaine d'années. BIM !!! La Mustang étend salement le petit d'homme sur la chaussée pour l'éternité tandis que son cavalier s'enfuit au loin en vociférant "ferme ta gueule" à sa passagère...
Transpercé de douleur et de haine, le père du malheureux badaud se jure de retrouver et tuer son assassin. De fil en aiguille, il remonte la trace du "conductueur" jusqu'à une confrontation fascinante, sournoise et virile entre deux mecs diamétralement opposés. D'un côté, Michel Duchaussoy (qui a donc été jeune naguère !) en veuf intellectuel et rigide et de l'autre, Jean Yanne qui campe un des plus beaux rôles de salopard du Cinéma : un riche garagiste provincial, gueulard aussi tyrannique que vulgaire et violent : le beauf le plus abjecte. Hormis le duel du duo, la distribution regorge de personnages attachants et consistants : Caroline Cellier, Maurice Pialat, "l'ancienne" qui interprète la servante magnifiquement larmoyante de Duchaussoy, la famille de péquenots... De bout en bout, Chabrol magnifie son film par de nombreux longs plans séquences et des cadrages sublimes (le bord de la falaise, la "balade" en mer...). "Que La Bête Meure" m'a tant captivé et émerveillé qu'il a aussitôt déboulé dans mon Top10 de films français se calant entre "Série Noire" et "Un Prophète".
Cette première bouffée de Chabrol m'a tellement enivré qu'il me tarde déjà de découvrir si "Le Boucher", "L'Enfer", "La Cérémonie", "Violette Nozière", "Les Fantômes Du Chapelier" et d'autres bénéficient de scénar, de persos, de dialogues et de mises en scène aussi pointus et admirables !
"Que la bête meure" est l’un de mes dix films préférés. Il a la profondeur d'une tragédie antique. Et il est palpitant comme un très bon thriller! Chabrol nous offre une œuvre noire, éprouvante, réactualisant le mythe d'Œdipe.
C'est un chef d'œuvre de bout en bout!
Car au travers d’une histoire particulière, dessinée très précisément, il nous montre la frilosité d’une bourgeoisie terne et triste… Petite société étriquée et recluse…
Le monstre incarné par Jean Yanne, nous le croisons tous les jours avec son arrogance, son inculture et sa haine…
La « bête » se réjouis lorsqu’elle étouffe la créativité…
Elle qui est impuissante ! ... Elle se moque du poète et pointe le sage… Elle utilise sa puissance pour écraser le faible… Elle tue l’innocence et méprise le simple…
Regardez, regardez autour de vous, ces milliers d’individus écrasés par les grosses bottes de la prétention et de la jalousie…
Individualisme !
Regardez ces rires fous qui redoublent parce qu’ils ne comprennent rien de la douceur, de la tendresse… Le fort et le puissant sont presque toujours indifférents aux petits et aux humbles !
Individualisme !
Regardez ces destins anéantis sous les coups redoublés des crapauds de la haine, ces études interrompues, ces musiciens devenus silencieux, ces écrivains morts-nés, ces artistes auxquels les envieux arrachent leurs outils, ces chercheurs dépouillés de leurs travail…
Individualisme !
Oui, il faut que la bête meure… Mais, c’est d’abord en chacun de nous qu’il faut la débusquer !
Pour permettre le pardon, le partage et l’amour !
« Car le sort des fils de l'homme et celui de la bête sont pour eux un même sort ; comme meurt l'un, ainsi meurt l'autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l'homme sur la bête est nulle ; car tout est vanité ! »… L’homme et la bête sont soumis au même sort ! Lisez et relisez le chant lyrique et désespéré de L'écclésiaste… Lisez ensuite le Cantique des Cantiques… pour aimer! Œuvres immémoriales, universelles ! Écoutez la belle voix de Kathleen Ferrier interprétant Brahms et Malher !
Et regardez le grand film troublant de Chabrol, « Que la bête meure » !