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Mathias Le Quiliec
60 abonnés
378 critiques
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4,0
Publiée le 28 janvier 2014
Un drame qui ne laissera personne de marbre. Un scénario glacial au rebondissements intelligents. Duchaussoy est bon, Jean Yanne est terrible, la femme et le fils suivent le mouvement ! Ce film est tiré d'un bouquin qui, à coup sûr, doit être très plaisant à lire. On a de la compassion pour le personnage principal, on le suit jusqu'à la dernière minute. Que la bête meure est plus ou moins comparable au "Vieux Fusil" sur le scénario mais en mieux. Top 20 du cinéma français pour ma part.
Un polar dramatique efficace et sombre, avec deux grands acteurs, et la présence de Caroline Cellier qui ne gâte rien. Néanmoins, la réalisation est à mon avis par trop académique, ce qui est bien pratique pour cacher certaines invraisemblances, et colle assez mal avec le jeu de Yanne : on a presque l'impression, dans certaines scènes de la seconde moitié, qu'il y a deux films différents, celui de Michel Duchaussoy et celui de Jean Yanne. Il faudrait presque faire un remake !
Un film au récit intelligent, je dirais même au langage intelligent qui malheureusement se laisse porter par le langage littéraire plutôt que par le langage cinématographique. Chabrol, qui améliore de film en film son intérêt pour le suspense, le mystère et l'enquête, ne s'est pas assez préoccupé du médium qu'il avait dans les mains. Peut-être qu'il a manqué de temps, ou qu'il ne l'a pas pris..
C'est bien dommage. Tout expliquer nous fait perdre le goût des belles interventions, comme ce final sur le vier ernste Gesänge de Brahms, dont la dimension théologique est grandement signifiante, car le titre du film comme la pièce s'accordent sur un verset de l'ecclésiastique (3.19) qui éclaire tragiquement d'une lumière nouvelle tout le récit: l'homme et la bête sont indissociables, leur coexistence est une fatalité.
Chabrol n'a pas su être à la hauteur du scénario de Paul Gégauff, admirable scénariste, notamment de "plein soleil", chef d'oeuvre de René Clément.
Tourné durant la même période que Le Boucher avec le même Jean Yanne, Que La Bête Meure rappelle la meilleure période de Claude Chabrol. En 1969 et à presque 40 ans, lun des réalisateurs les plus prolifiques du cinéma nous replonge dans lesthétisme du milieu bourgeois, avec lambiance sombre quon lui connaît si bien, Brahms en plus. Mais un milieu bourgeois largement mis à mal. Car là, un célèbre écrivain (Michel Duchaussoy) na plus quun but : éliminer de quelque manière lhomme coupable (Jean Yanne) de laccident de son fils, lui-même beau-frère dune célèbre actrice de cinéma (jouée par Caroline Cellier, lépouse de Jacques Brel dans Lemmerdeur). Où quand un intellectuel retourne à létat le plus primaire de lhomme, incarné ici par lintemporelle vendetta. Avec la prestation magistrale de Duchaussoy, on sétonne que la carrière de cet acteur nait pas obtenu une meilleure aura par la suite, même si on le revoit toujours fréquemment (Le Plus beau jour de ma vie par exemple). Jean Yanne quant à lui, joue son personnage le plus hideux et le réalisateur Maurice Pialat apparaît de manière surprenante, en inspecteur. Jouant sur une psychologie percutante et des émotions humaines à leur paroxysme, tout en proposant une histoire policière alléchante, Chabrol prouve ici son surnom dHitchcock français, et réalise probablement le film le plus symbolique de sa carrière. Indémodable.
Excellent film. Les 3 acteurs sont au sommet : Jean Yanne, Michel Duchaussoy bien sûr mais caroline Cellier n'est pas en reste. Elle est magnifique de retenue, de sensibilité.
"Que la bête meure" est sans nul doute mon œuvre préférée de Chabrol. L'histoire raconte la tragédie que vit Charles Thénier (incarné par Michel Duchaussoy) qui a perdu son fils, percuté par un chauffard. Il se jure alors de le retrouver et de le tuer, peu importe le temps et les conséquences. Le scénario prend peu à peu, l'apparence d'une tragédie homérique, Chabrol réactualisant le mythe d'Oedipe. Le film est éprouvant, noir mais c'est un chef d'œuvre de bout en bout. Lorsqu'au fil de ses pérégrinations, Charles Thénier retrouve par "hasard", le meurtrier de son fils, il s'attèle à bâtir sa stratégie de vengeance. Il avait peur de tomber sur une personne gentille pour lequel, il aurait eu des scrupules mais là il tombe sur un "salaud" de premier ordre, interprété par un Jean Yanne qui s'en donne à cœur joie. La scène où on le découvre est en cela symbolique, à peine rentrer dans la maison, on ne le voit pas mais on l'entend déjà vociférer ; puis il rentre enfin dans la pièce, et d'invectives en sarcasmes, il taille en pièces toute la famille rassemblée. C'est contre ce monstre, que Charles Thénier tient sa vengeance. Mais en le tuant, il deviendrait lui aussi une bête. A la fin du film, on entend cette phrase lourde de sens et qui résume cette dualité : « Il existe un chant sérieux de Brahms qui paraphrase l'Ecclésiaste : "Il faut que la bête meure ; mais l'homme aussi. L'un et l'autre doivent mourir." »