Il n'y a pas grand chose à dire sur ''Je suis un aventurier'' d'Anthony Mann. Pourquoi cela ? Parce que ce film n'est justement pas grand chose.
Quatrième film du cycle de western d'Anthony Mann mettant en scène James Stewart, il fait suite à ''Winchester 73'' (1950), ''Les affameurs'' (1952), ''L'appât'' (1953) et sera lui-même suivi par ''L'homme de la plaine'' (1955). Et c'est sans doute le moins bon de la série. Jeff Webster, cow-boy associable et son ami Ben emmènent un troupeaux de bovins vers l'Alaska en 1896. Ils vont rapidemment se heurter à Gannon, un shérif pourri qui confisque leur troupeau. Après l'avoir récupéré, les deux hommes, en compagnie de Ronda Castle une femme d'affaire, passent la frontière. Arrivés à Dawson City où Jeff et Ben achètent une mine d'or, ils ont la désagréable surprise de croiser de nouveau Gannon.
Dieu que tout cela est inintéressant au possible ! Déjà, la mise en scène n'a rien de bien transcendante : le technicolor n'est pas marquant pour un sou... Disons le : Mann n'est ni Howard Hawks ni John Ford. Mais le grave problème, c'est le scénario. Pourtant écrit par Borden Chase (le scénario, délirant, de ''Vera Cruz'', c'est lui), il privilégie une intrigue (légèrement) au-dessus de la moyenne au détriment de thématiques fortes et de personnages subtils. Il y a bien un thème vaguement traité : l'impossiblité d'un homme à s'adapter à un quelconque décor, à une quelconque communauté. Cela vous rappelle quelque chose ? Normal : combien de westerns ont abordé cette idée. .. ''Les affameurs'', qui était le deuxième western du tandem Mann/ Stewart traitait déjà cette question, avec ô combien plus de finesse. Et ne parlons même pas de ce que fera Edward Dmytryck, quatre ans plus tard, avec ''L'homme aux colts d'or''. Mann parle de tout cala en artisan, sans partis-pris réel. Idem pour les personnages et les rapports entre ces derniers, tous plus conventionnels les uns que les autres (une fois de plus, les femmes sont sans intérêt dans ce western). Ni ambiguité, ni surprise n'apparaissent dans ''Je suis un aventurier'' dont l'unique centre d'intérêt est le personnage de Jef. Mann, dans ses autres westerns abordaient des questions plus fortes, comme la déception d'un vieux patriarche vis-à-vis de son fils (''L'homme de la plaine'') où l'amitié, puis la haine entre deux hommes (''Les affameurs'').
''Je suis un aventurier'' se regarde sans ennui. Pourtant, on ne peut s'empêcher de trouver le film banal et, pire, de se demander si Mann n'aurait pas bâclé son travail (surtout la fin, expédié à une vitesse alarmante). Pauvre dans sa forme comme dans son fond, c'est un film complètement oubliable. Donc, oublions.