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Anaxagore
127 abonnés
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5,0
Publiée le 26 juin 2007
Diffusé en Europe occidentale sous le titre «La couleur de la grenade», «Sayat Nova» (1969) est un film unique, sans ascendance ni descendance. Ode à l'Arménie et à sa culture, cette merveille sera le premier prétexte invoqué par les autorités soviétiques pour persécuter Paradjanov, en l'accusant notamment de «formalisme» et de «célébration des cultures non russes». Ces persécutions déboucheront sur l'incarcération pure et simple du réalisateur arménien en 1973. Le film a très malheureusement souffert lui aussi de toutes ces turpitudes. Diffusé d'abord dans une version «ethniquement expurgée», le film est accessible aujourd'hui dans une version antérieure plus conforme aux voeux du réalisateur mais encore incomplète. L'état de la copie retrouvée dans un atelier d'Arménie laisse hélas beaucoup à désirer, notamment pour ce qui concerne les couleurs. Mais l'ouvrage est à ce point extraordinaire et témoigne d'un génie à ce point manifeste qu'on passera sans peine l'éponge sur ces défauts. Il évoque la vie, mais aussi l'univers mental, du poète arménien du XVIIIème siècle Aruthin Sayadin, surnommé Sayat Nova (le roi du chant). Il se présente comme une vaste mosaïque composée d'enluminures à la manière des contes persans et nous introduit dans un univers richissime, mais extrêmement complexe et difficile à déchiffrer, de symboles et de métaphores. Son style est délibérément hiératique et ressortit au monde de la miniature religieuse à l'espace fermé et dépourvu de profondeur (exclusion systématique de la profondeur de champ!). Tout cela donne des images d'une beauté sans pareille, qui s'impriment à tout jamais dans la mémoire dès le premier visionnage, .... et un monument du septième art qu'il serait criminel d'ignorer!
D'après ce que j'ai compris le film tourne autour de la vie d'un poète arménien du XVIIIème siècle surnommé Sayat Nova. Serguei Paradjanov reprend la structure du "Andrei Roublev" de Tarkovski mais en la complexifiant de chez complexifiant en enlevant tout lien narratif en se faisant juste se succéder des tableaux s'inspirant visuellement de l'imagerie médiévale, de l'univers du poète et épurant totalement son oeuvre de tout dialogue russe. Le visuel du film est donc ce qu'il y a de plus intéressant ce qui est inévitable puisqu'on pige rien à ce qui est "raconté". On soulignera l'aspect clignotement rouge qui a l'air tout droit sorti de la fin en couleurs d'"Ivan le Terrible" d'Eisenstein. Un film audacieux mais peu captivant car malgré quelques images mémorables, 73 minutes qui tiennent pratiquement que sur le visuel ça paraît long.
La vision de "Sayat Nova" donne l’impression d’assister à la naissance d’un nouveau cinéma, ou plutôt à la résurrection d’un cinéma qui n’a jamais existé. Comme si, au 18ème siècle, un poète magicien avait inventé l’ancêtre de la caméra, et s’en était servi pour filmer des images-icônes, composant ses tableaux en disposant objets et personnages dans des cadres réels, des murs ornés de tapis en constituant le fond. Exit les mouvements de caméra, exit la profondeur de champ, exit la narration traditionnelle: cet artiste imaginaire aurait agencé ces images sous la forme d’un album, sans raccords spatio-temporels, les entrecoupant juste de quelques vers d’un certain poète, se faisant appeler Sayat Nova, et auquel il dédierait son œuvre. D’où l’impression de première fois, comme un dépucelage, qui envahit le spectateur qui découvre "Sayat Nova". Et comme un dépucelage encore, cette découverte fait parti des expériences qui ne s’oublient pas. Cette succession de tableaux vivants, inspirés des miniatures arméniennes et persanes, entremêle symboles et métaphores complexes dont une grande partie restera assez obscure au spectateur non averti. Mais cela ne l’empêchera pas d’être totalement envoûté par l’incroyable beauté des images, conférant au film une puissance poétique rarement égalée au cinéma. Si tous les films de Paradjanov sont des chefs d’œuvres, celui-ci est peut-être le plus abouti: son langage cinématographique y est ici totalement libéré des contraintes narratives, ne jouant plus que dans le registre de l’allégorie, laissant même l’agencement (le montage) du film aux bons soins de l’univers mental du spectateur. C’est pourquoi chacun verra quelque chose de différent dans "Sayat Nova", et c’est pourquoi chaque fois que je le revoie, je le redécouvre. Imprégné de l’art religieux orthodoxe, le film est aussi un geste sacré, une prière, permettant de réanimer les vestiges de civilisations anciennes et disparues. "Sayat Nova" devient alors aussi une œuvre de mémoire.
Première partie. L'enfance, les sensations, les émotions. Deuxième partie. L'apprentissage, le goût, les expériences, le raffinement Puis les choix, la vie, la mort. Un film fascinant tout en images et en expression. Comment transcrire en image des poèmes du Moyen-âge. Un réussite visuelle et une expérience chimérique.
ce film est une succession de scènes psychédéliques censés représenter les différentes étapes de la vie du poète arménien Sayat Nova qui a vécu au 18ème siècle . Complétement incompréhensible en tout cas pour moi et j'imagine pour la plupart des spectateurs , malgré quelques moments et quelques images magnifiques , l'ensemble reste fort ennuyeux...
Je ne dis pas que ce film est mauvais, il possède des belles scènes, mais ne connaissant pas du tout le sujet je me suis senti totalement perdu, j'ai trouvé le film long malgré sa courte durée, je n'ai point su être capté par l'atmosphère particulière du film.
Le Cinéma de Serguei Paradjanov est assez particulier. Déjà dans Les Chevaux de feu, il avait prouvé qu'il voulait rompre avec toute idée d'un Cinéma occidental où action prime sur contemplation. S'inscrivant dans les traditions de son Arménie natale, Sayat Nova est un conte coloré surprenant, qui n'a pas fini d'émerveiller par sa richesse visuelle. La beauté du film réside aussi dans la simplicité de l'histoire et la musique locale. La narration est décousue, et on assiste aux rituels locaux avec le regard naïf de l'Occidental borné que l'on est. Car on s'habitue difficilement à ce genre de Cinéma, où il faut se forcer à regarder sans trop comprendre, à cerner le mystère d'un œil suspicieux, à adhérer à quelque chose qui bouleverse nos petites habitudes de spectateur passif, et à se forcer à rentrer dans un récit hermétique. Racontant les scènes de la vie d'un poète, Sayat Nova ne s'adresse pas à un grand public, mais il peut toucher aisément tout spectateur, par une incomparable beauté plastique.
Film total expérimental : Andy Warhol mettrait en scène Buster Keaton dans un docu fiction sur l’Arménie au 18è siècle avec les conseils psychédéliques de John Lennon retour d’Inde pour les couleurs et Ravi Shankar pour le son. Il faut s'accrocher....
Exemple type de ce cinéma d’art et essai russe parfaitement impénétrable, Soyat Nova est une œuvre singulière. Longtemps interdit dans son propre pays, du fait de l’emploi d’un dialecte local plutôt que de la langue officielle, ce long-métrage n’est qu’une succession de vignettes sans queue ni tête censés représenter les différentes étapes de la vie du poète arménien au 18ème siècle qui lui prête son nom. Mais bien avisé sera celui qui, au sortir de la vision de ce film expérimental, saura dire comment a vécu cet homme. Complétement incompréhensible, cet empilage de saynètes n’en demeure pas moins un exercice de style composé de belles images et profitant d’un montage audacieux. Vivre l’expérience Soyat Nova n’est à vivre que si l’on sait apprécier le surréalisme, sinon il s’agira d’un très mauvais moment à passer.
Décidément je crois que je commence à prendre goût pour le cinéma expérimental. J'ai bien aimé ce film car j'avais un peu l'impression d'être sur une autre planète. Tout est bizarre et étrange et en même temps il y a une certaine logique à suivre. L'histoire est racontée d'une manière tout à fait originale et à la fois simple et compliquée qui plaît ou non mais qui à moi m'a plu.
Quelle merveille! «Sayat Nova» est un manifeste cinématographique à lui seul! D'aucuns le qualifient de « cinéma médiéval », terme tout à fait révélateur de la démarche de Sergueï Paradjanov : revenir aux sources de l'imagerie artistique, avant même celle du 7e art (du moins celle qu'on entend au sens « classique », extrêmement codifiée et limitée). «Sayat Nova» c'est donc un retour aux miniatures arméniennes et aux icônes chrétiennes du Moyen-âge, mais aussi l'expression de l'art protéiforme de Paradjanov, aussi bien cinéaste de génie qu'exubérant plasticien adepte du collage. Son art est essentiellement pictural : à la différence de son ami Andreï Tarkovski qui lui « sculptait le temps », Paradjanov met en place une suite de saynètes, sortes de tableaux vivants traversés par des personnages qui ne semblent exister qu'au moment où ils entrent dans le cadre. Chaque « tableau » ainsi créé peut être considéré de façon autonome, racontant par le mouvement et l'organisation de ses éléments quelque chose, mais il est destiné par ailleurs à prolonger et annoncer les plans qui le précèdent et le suivent. La richesse de «Sayat Nova» apparaît ainsi d'autant plus grande que le « tout » est bien plus puissant que la simple somme de ses parties (pourtant tout sauf « pauvres »). La vie du grand poète arménien Sayat Nova nous est donc rapportée de façon extrêmement intelligente et poétique, rejoignant de ce point de vue «Andreï Roublev», ce magnifique chef-d'oeuvre de Tarkovski qui privilégie lui aussi une narration organique à la traditionnelle linéarité du récit. Nous avons affaire ici à un langage totalement original, fait de métaphores, de subtils symboles et d'allégories, d'un amas d'images, d'écrits et de sons qui marquent à vie dès le premier visionnage mais qui ne peuvent être totalement appréhendés en une seule fois (tant mieux!). La richesse de ce long métrage est tout bonnement inépuisable, et sa beauté époustouflante... Je vous invite donc à découvrir ce film exceptionnel, véritablement unique dans l'histoire du 7e art, persuadé qu'il restera longtemps dans votre esprit comme dans le mien. Un choc! [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Raconter la vie d'un poète arménien du 17eme siècle en utilisant la forme justement poétique : pourquoi pas. Mais encore faut-il que ça raconte quelque chose ! Des fois c'est joli et des fois non. Par contre tout le temps c'est ennuyant...
Le film évoque la vie d’un célèbre (pas pour moi) poète arménien (1712-1795), son enfance dans un monastère, ses amours et ses déceptions ... Un film unique par son style et son étonnante beauté : je l’ai regardé comme les enluminures d’un livre ancien, d’un conte médiéval, bien qu’il m’ait évoqué aussi le symbolisme de Gustave Moreau. Chaque image est une œuvre d’art, une composition très étudiée, soulignée par une musique adéquate. Ésotérique, je suis loin d’en avoir compris toutes les subtilités, les rites chrétiens et les références bibliques n’étant pas mon fort, mais peu importe...
Une suite de tableaux très statiques qui relèvent plus de la photo que du cinéma, sans dialogue ni suite narative, ce "film" présente la particularité indéniable d'être unique mais l'inconvénient majeur de ne pas répondre à la question : qui était vraiment sayat nova? Un mode d'emploi aurait été apprécié des ignares. Cependant, les compositions des tableaux sont magnifiques (et le mot est faible) et peuvent sans problème remplacer l'agrandissement de photo de coucher de soleil sur Zabriskie Point qui trone dans ma chambre depuis trop longtemps. De là à dire que c'est un film...