1972 : "Une belle Fille comme moi". Un an avant "La Nuit américaine" (Oscar du "Meilleur film étranger" 1974), film avec un film dedans. Un petit Truffaut : un film sur la fabrication d'un livre (qui ne sera jamais fini, ni publié - thèse de doctorat en sociologie), avant un grand. Récit d'apprentissage - pour "Stanislas Prévine" (alias André Dussolier, l'année où il devient pensionnaire au Français - et c'est son premier long métrage). Universitaire naïf et facile à manipuler. En face de lui, une garce, "Camille Bliss" (Bernadette Lafont - que Truffaut fut le premier à distribuer, en 1957, dans le court métrage "Les Mistons"). Voilà un film qui aurait dû s'appeler "Une belle Garce comme moi" ! Elle est en prison, attendant son procès (pour homicide volontaire). Narrant au thésard candide ses aventures (gaudriole et petites combines - fort peu de "bliss" - béatitude en bon français).
Au bout du chemin, c'est le chercheur qui se retrouvera au trou, quand il aura fait sortir CB d'icelui.
Finaude et attirante, Camille compense des origines misérables de son mieux. Son "cursus honorum" se fera dans le désordre et la débrouillardise : un parcours sentimental agité, de bric et de broc. "Garce" ? N'oublions pas que le mot est à l'origine juste le féminin de "gars", sans aucune acception péjorative ! Truffaut réussit moins bien dans le picaresque que dans le drame, sans doute. Mais, avec tous ses défauts dans la forme, ce "Une belle Fille comme moi" vaut cependant d'être visionné.
Interprétation inégale : BL est parfaite dans le rôle-titre, les passages avec le dératiseur mystique (Charles Denner) sont savoureux ; quand AD, dans un rôle d'effacé, en fait quand même un brin trop dans la transparence...