Je sais, ça peut paraître sévère comme note mais ça reflète à quel point je me suis ennuyé devant ce film. Certes je m’en doutais vu les récompenses (Palme d’or à Cannes 1993, César 1994 et 3 Oscars), ça présageait l’ennui et la bonne morale. Le côté eau de rose, romantisme à l’anglaise ne risquait pas d’arranger grand-chose, et oui ce n’est vraiment pas ma tasse de thé…
Oui mais je pensais que pour une fois ça aurait pu sortir de ce marasme des films trop récompensés, que ce n’était pas un long métrage fait des cinéastes avertis pour des critiques de cinéma, qu’on ne partirait pas dans des circonvolutions désespérantes pour légitimer le fait que le cinéma est un art. Je me suis gouré et donc c’était la purge, comme souvent avec les primés à Cannes… Déjà c’est très lent, 58 minutes avant qu’il arrive quelque chose, et là en 15 minutes vous avez tout le film, rythme cassé vous dites ? Oh non on est au-delà de ça, détruit serait plus juste vu que ça retombe jusqu’à 1h30. Évidemment pour arriver à ça il faut des longueurs, ça tombe bien ce très long métrage en est une. Certains arrivent à gérer un rythme lent (Kubrick, Coppola), mais couplé avec autant de mollesse, une histoire peu passionnante et une trame si prévisible c’est une Mission Impossible que même Tom Cruise ne réussira pas.
Avec tant de lourdeur difficile de faire ressortir quoi que ce soit, l’héroïne suit ce rythme : elle est calme, muette, ne fait rien, blanche et flasque, mais d’un coup elle se rebelle costaud. De même : elle n’aime pas Baines, tout en lui la rebute, mais elle
se laisse facilement et rapidement apprivoisée, domestiquée, faire, tout ça pour quelques touches d’un piano qu’elle veut et rejette aussi à plusieurs reprises. Surtout qu’elle ne semble pas trop portée sur la chose ni sur les hommes, donc en venir si vite, et sans attraction particulière, à tout ça j’ai du mal à y croire. Du reste je ne remarque pas cette « alchimie particulière » entre eux, l’attirance on connaît pas ou c’est mal joué (Ada restant inexpressive c’est normal).
Souvent femme varie oui, mais là c’est une girouette ou une éolienne en pleine mer. On me parle de sensibilité, certes, mais en ce cas je ne l’ai pas ressenti, pourtant j’ai tenté. Désolé mais entre les couleurs ternes, le peu de texte, les sentiments absents, la dramaturge autour du piano (niveau poésie on a connu mieux) et le contexte anglais j’ai du mal à voir, surtout sans jeux de regards non plus.
En dehors de ce manque de séduction (pour un film romantique c’est dur) on peut noter que les dialogues sont vides, là où il est dit que les muets ne s’expriment que pour des choses importantes c’est un comble (d’ailleurs en VF les sous titres du langage des signes il disparaît), le jeu d’acteur n’est pas forcément mauvais mais il est mal dirigé alors (et je ne suis pas convaincu par le casting), d’ailleurs le scénario étant assez décousu (histoire de la mère et de sa fille avant ? Pour Sam Neil et Baines ? Pourquoi ce mariage ? Le boulot de Stewart c’est quoi ? Comment il a pu connaître le père d’Ada ?...), la musique reste dans le ton (piano), les décors sont sympas mais ça fait peu.
Bref, pour moi, c’est un film raté, qui promet une chose mais ne la montre pas du tout sous couvert de sensibilité. S’il faut tout suggérer montrez une cannette et on brode autour. Un piano et une muette ne suffisent pas à amener poésie, philosophie esthétisme et romantisme, même si c’est réalisé par une femme, mais bon, tant que la Palme est là je dois avoir tort, en attendant je dois pas être le seul à m’être ennuyé, et plus le temps passera plus ce sera normal…