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Akamaru
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2,0
Publiée le 5 mars 2012
"Scènes de la vie conjugale"(1973)était destiné à la télévision suédoise,et son exploitation au cinéma n'était pas la meilleure chose à faire;A la fois trop long et trop court,construit en 6 chapitres,il ausculte la délitation d'un couple et son retour de flamme les années passant.Pour suivre un film d'Ingmar Bergman,il faut toujours s'accrocher,tant il ne cherche pas à rendre sa mise en scènes aimable(qui est même très laide ici),ni à couper dans le flot incessant de dialogues existentiels.Toutefois,lorsqu'on s'attarde sur la précision des dialogues,on ne peut qu'être marqué par leur vérité,leur pouvoir de réflexion.Ce n'est pas pour rien qu'à l'époque,le feuilleton fut analysé très minutieusement,pour mieux comprendre la dynamique d'un couple,ses plusions,ses non-dits,ses petites trahisons et mesquineries,mais ausi ses élans passionnés.Liv Ullmann,dans un mélange de trouble et de distanciation donne corps à l'indécision féminine,alors que Erland Josephson est le digne représentant du mâle vaniteux et pulsionnel.3 heures,c'est dur à digérer d'autant que ce huis clos sentimental ne se fait quasiment qu'avec cet homme et cette femme.Le film est exigeant,mais révélateur,pour qui a le courage de s'y frotter.
Ne vous attendez pas à être surpris par le scénario: ce sont des tout bonnement des scènes de vie conjugale. Est-ce pour autant aussi banal qu'un catalogue de scènes de vie conjugale? Non! Bergman réussit à captiver le spectateur pendant près de 3h (!!!) avec des... scènes de ménage. Comment cela se fait-il? Premièrement, la caméra de Bergman est à l'affût. Quitte à bousiller un peu les codes esthétiques de la mise en scène et à rendre l'impression d'ensemble un peu rêche et saccadé, il parvient à se mettre au plus près des ressentis des acteurs, de leurs réactions, et donc des attitudes typiques de couple. En plus de l'intelligence et de la clairvoyance du réalisateur, il a donc fallu un jeu d'acteur proche de la perfection. Et Liv Ullmann s'en charge à merveille. Certains plans sont magistraux. Les dialogues le sont encore plus, même s'ils ont parfois tendance à s'étirer en longueur. La vision du réalisateur est certes plutôt pessimiste (pour lui la vie en couple tue l'amour, et ce de manière inexorable; ce n'est qu'en créant le manque que l'amour revient, autrement il tend à s'estomper et à laisser place à une affection qui se transforme en amour feint) mais le fait est que son regard acéré, servi par une caméra non moins acérée,a permis un vrai tableau du couple moderne, lucide et intense autant dans le fusionnel que dans le dégoût mutuel, alternance nécessaire dans le couple à la Bergman.
Ayant souvent entendu parlé de Bergman comme d'un sondeur exceptionnel de l'âme humaine, et après avoir été un peu déçu par "Sonate d'Automne" et "Saraband" (juste bons, sans génie), il a fallu que je visionne "Scène de la vie conjugale" pour bien me figurer son talent d'exception, à hauteur de sa réputation. Difficile de faire mieux sur le couple, plus profond, plus philosophique, plus dense et plus humain. Une étude des relations hommes/femmes très aboutie.
J'ai découvert l'oeuvre de Bergman grâce à ce film, c'est pourquoi j' y éprouve un sentiment particulier. Les premières minutes, ma première impression fut plus que mitigée, trop cérébral, trop figé, ce couple de notables suédois qui s'autogratulent est d'un ennui profond... Puis, petit à petit chaque personnage se dévoile, l'atmosphère y devient lourde et dramatique, on plaint la femme puis l'homme puis les deux ! On espère une réconciliation, on s'attire de nouveau puis tout explose encore, les rôles s'inversent les reproches et les aveux aussi, situations qui évoluent crescendo atteignant presque son paroxysme. Film à la limite du machiavélisme. Liv Hullman, à la fois soumise,sensuelle parfois perverse y est magistrale.
Sur maintenant plus d'une dizaine de films vus de ce réalisateur, je continue de croire que c'est le meilleur de Bergman - du moins pour le moment - qu'il m'ait été donné de voir. Pourtant, le sujet du début n'était pas franchement emballant. Si on en se référait simplement à ça, j'aurais plutôt dû trouver mon plaisir ultime dans un "l'Heure du Loup" ou bien "Persona", voire "Cris et Chuchotements", et si chacun de ceux-là m'ont comblé, c'est bien Scènes de la vie conjugale qui reste tout en haut de la liste.
Car ce film montre à quel point, sur une situation semble toute simple - un homme qui s'engueule avec sa femme pour le dire brièvement - Bergman parvient, 2h40 durant, à conquérir le spectateur. Sur le plan du dialogue, je ne crois pas avoir vu une démonstration aussi prodigieuse. Toutes les situations, tous les dialogues, sont aussi réalistes que cruels, également touchants par moments, à partir d'un cadre que pratiquement tout couple connaît Bergman en ressort quelque chose de quasi-universel.
Dans cette entrée dans sa période "famille" (amorcée partiellement avec Cris et Chuchotements, consolidée avec ce film qui est également une série et renforcée quelques années plus tard par Sonate d'automne), Bergman réduit comme il sait si bien le faire le cadre aux rapports humains, et ici le couple. Ce qui est déjà beau, c'est qu'il n'y a pas de concession. Au vu de ce qu'a produit le réalisateur on pouvait aisément s'y attendre, mais ici il enfonce le clou. Toute la scène où ils en viennent aux mains est sur ce point glaçante. Cruelle, dure, mais on est dedans, on s'y voit, on craint que tout couple tombe là-dedans mais c'est naturel, et Bergman nous le montre simplement. Et dans cet univers où les deux époux s'entre-déchirent, subsistent ces quelques moments rares de complicité, d'intimité, finalement presque tronquée, comme le montre la fin, et j'ai trouvé ça d'une beauté rare. Un très grand film, Ullmann magnifique, et Josephson bouleversant.
Incroyable projet que de filmer la vie d'un couple en cinq heures (six épisodes d'une cinquantaine de minutes) et de ne garder que très peu de personnages secondaires autour de Johann et de Marianne, incarnés par le merveilleux duo d'acteurs Erland Josephson-Liv Ullmann. En épurant sa mise en scène, notamment au niveau de l'échelle des plans avec une quasi-exclusivité de plans moyens, de plans rapprochés et de gros plans, Bergman mise avant tout sur l'expressivité de ses acteurs afin de saisir les moindres nuances qui parcourent leurs visages et installe une atmosphère anxiogène, renforcée par l'absence de musique et par l'idée du huis-clos. Il s’agit donc, au fil des réflexions abordées et des tensions accrues, de montrer le passage d’une relation-modèle à un couple fracturé, qui se rend compte qu’il ne tenait que grâce aux non-dits et à une hypocrisie jamais avouée mais secrètement partagée. C’est donc le sujet de l’infidélité qui fait basculer le film dans le drame, sans toutefois que la rupture entre Johann et Marianne ne remette en cause l’amour (ou l’affection) qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, comme en témoigne une fin étrangement apaisée, qui fait écho à une ouverture montrant la complicité du couple; sauf que ce moment dans une « maison obscure quelque part sur terre » laisse derrière lui des flots de larmes, de cris et de coups qui se seront immiscés au milieu d’une parole exigeante, laquelle aura exploré avec une intelligence et une maturité impressionnantes les questionnements existentiels des deux personnages. Quant à Johan et Marianne, s’ils sont si émouvants, c’est parce que leurs problèmes sont les nôtres et parce que Bergman aura réussi à créer une langue à la fois singulière (quels films, sinon ceux du maître suédois, sont écrits de la sorte ?) et complètement universelle pour les exprimer. « Scènes de la vie conjugale » est donc une des œuvres les plus passionnantes du cinéaste, parce que sa mise en scène s’efface au profit des personnages, qu’il laisse s’aimer, se battre et se réunir avec une compassion et une tendresse des plus vibrantes.
Après « Sunrise » de Murnau, et « L’atalante » de Jean Vigo; deux films que tout oppose mais qui sont tout de même des chefs d’oeuvre incontestables; on pourrait se demander ce qu’il reste à faire, qui n’a pas encore était fait, à propros du thème du couple. « Scènes de la vie conjugale » se situe entre les deux, possédant la maîtrise de « Sunrise » ainsi que la poésie de l’érotisme de « L’atalante ». On essayera, par l’intermédiaire de cette analyse, de comprendre le mystère et les qualités d’une oeuvre particulièrement originale et aboutie : « scènes de la vie conjugale ». ■« Scènes ». Voila qui nous donne déjà des indications à la fois sur la structure et la composition de l’oeuvre mais également sur la mise en scène adoptée. Tout d’abord le mot « scènes » renvoit à une idée de découpage du temps; une idée d’histoire non continue où des épisodes s’enchaineront, en respectant l’ordre du déroulé des événements certes, mais en basant la constuction non pas sur une logique de temps mais sur des événements cruciaux. En effet le film se décompose en 6 chapitres sur dix ans. ■Le mot « scènes » permet également d’effectuer un rapprochement du film avec le theâtre. Cela n’est évidemment pas un hasard. La manière de faire jouer les acteurs de Bergman est très theâtrale (voir « Sarabande, « Fanny et Alexandre, « La source ») et la totalité des scènes ne sont tournées que en quelques plans. On ne pourrait toutefois pas dire que « Scènes de la vie conjugale » se rapproche du theâtre filmé… Il ne faut tout de même pas oublier le fait que la réalisation de Bergman se s’arrète pas à sa manière de faire jouer les acteurs et de manier le montage. Ce qui peut s’avérer impressionnant dans « Scènes de la vie conjugale », c’est la manière dont Bergman conçoit la conquête de l’harmonie du couple. Le film se termine sur une fin heureuse, où le couple est réuni en dehors d’une occupation comme un diner, une réunion importante ou même l’acte sexuel. Les deux amoureux finissent par s’endormir enlacés et attentifs l’un en vers l’autre comme pourrait l’être une mère ou un père avec ses enfants. Pour en arriver à cette harmonie, le couple traverse auparavant de nombreuses épreuves :
■La première épreuve constituera le refus de l’acte de Marianne qui engendrera la colère de son mari. ■La deuxième constituera le point de renversement du film : Les aveux de Johan à sa femme concernant sa liaison et sa descision de partir vivre loin avec une autre femme. ■S’en suivra alors un échange des rôles, la maitresse de Johan deviendra alors Marianne et il mentira ainsi à sa femme pour venir la voir. Cependant, Marianne sur le point de la guerison s’éloignera de plus en plus de Johan; qui, quant à lui, retombe petit à petit amoureux de Marianne. ■Le temps passe, et Marianne commence à réclamer de plus en plus le divorce. Une scène de partage des richesses dans un bureau chez Johan sera suivie d’un acte sexuel puis d’une scène de séquestration et de violence. ■A la fin, 10 ans ont finalement passé. Marianne et Johan sont tout deux remariés. Ils se réunissent comme des amants perdus dans une cabane près de la mer.
L’évolution du couple est donc tragique, la communication devient de plus en plus difficile et même impossible, les personnages se battent pour tenter de se comprendre. Ce n’est donc qu’à la fin qu’ils se parleront enfin. Un fin bien triste, ou l’amour passionné meurt mais l’amour affectif naît. Pour Bergman, l’amour passionnel est court, l’amour affectif triomphe de tout le reste : une très belle fin… ■Les mouvements de caméra ont des significations très importantes chez Bergman. Ils peuvent tout simplement suivre les personnages pendant leurs déplacements, ce qui resulte d’un refus de pratiquer le montage par champ/contre champ, en rendant ainsi important tout ce qui se place hors du cadre. Les mouvements de caméras peuvent également nous donner une indication… Par exemple dans une scène de retrouvailles entre Marianne et Johan, la caméra commence par filmer le repas en gros plan puis passe très rapidement au plan d’ensemble : grâce à cela on sait que les personnages n’ont fait que manger depuis le moment où on les a quitté. Bergman se sert également des mouvements de caméra pour accélérer une situation ou l’instensifier brusquemment: Pendant la scène de violence entre Marianne et Johan, la caméra est libre et ne cesse de bouger. Parfois même lors d’une parole de Johan, la caméra se déplace furtivement vers Marianne pour montrer à quel point ces paroles l’ont atteint. ■Ce qui est extremement touchant chez Bergman, c’est sa manie de se rapprocher de ses personnages : les filmant de très près. Son rêve même aurait été de faire un film à partir d’un seul gros plan de visage. suite de la critique sur : http://vingtquatrefoislaveriteparseconde.wordpress.com/2011/07/08/scenes-de-la-vie-conjugale-de-ingmar-bergman/
Quelle merveille! Quels dialogues! Quel scénario! Quel rythme! On compatit, on se fâche, on rit, on en arriverait presque à jouir avec Marianne et Johan. 2h48 qui en paraissent la moitié d'une...
PS: De vision obligée pour tous les couples, avec reprojection tous les 5 ans.
j'avoue que c'est un très beau film; différent de ce que j'avais déjà vu du réalisateur. On est avec ce couple pendant presque 3 heures. Même si au début de la 3° heure ça commence un peu à faire long. C'est assez vrai comme film, les rapports humains sont très bien décris, même si j'ai l'impression qu'il y a des ellipses un peu trop brutale.
Deux etres inadaptés, malades. Elle est forte de nature et faible par expérience, lui tout le contraire. Le film est un compromis, il tourne autour de la destruction, de la cruauté mais aussi autour de l'amour sans jamais pouvoir exprimer l'un ou l'autre avec puissance. Ces deux etres apprennent a aimer et a souffir, "terrestrement"; Certains passages sont viscéralement répugnant, emprisonnées par la faiblesse des personnages. Pour moi, le film parle de l'acceptation de la vie telle qu'elle est. Tout ca sous l'oeil d'Ingmar Bergman; réussi, tres réussi.
Un film magnifique. Les questionnements de Bergman sur la vie de couple sont extrêmement intéressants. L'amour, indispensable au bonheur, peut aussi faire des ravages terribles. Le couple interprété par Ullmann et Josephson, resplendissant et bouleversant, est victime d'une lassitude envahissante. Là où Bergman impressionne, c'est quand il arrive à être aussi proche de la réalité. Profondément humain, "Scènes de la vie conjugale" restera à jamais gravé dans la mémoire des cinéphiles. Inoubliable !
"Scènes de la Vie Conjuguale" fait partie de ces films que Bergman a réalisé pour la télé (comme "Fanny et Alexandre, d'ailleurs!). Certains devraient en prendre de la graine ou carrément ranger leur materiel. Donc voilà un chef d'oeuvre de plus du maître suédois. Radiographie aussi tendre qu'amère, magnifié par les immenses Liv Ullman et Erland Josephsson, "Scènes de la Vie Conjuguale" a la mélancolie des soleils couchants d'octobre. Humain, très humain.
En presque 3 heures extrêmement tendues mais pleines d'humanité, Bergman dissèque et révèle les forces, les faiblesses, les hauts, et les bas d'un couple en apparence idéal. Filmé avec une extrême précision, 'Scènes de la vie conjugale' est dur, mais aboutit à une conclusion d'une grande beauté.
Le thème ultra-récurrent de la mort qui tue de l'oeuvre bergmanienne : le couple ; et avec "Scènes de la vie conjugale" il n'a jamais été autant ultra-récurrent de la mort qui tue. La vision du couple est juste, et Liv Ullmann et Erland Josephson sont parfaits. Mais en toute franchise, qu'est qu'on s'emmerde. Le maximum d'action qu'on lui puisse avoir là-dedans consiste à faire des champs-contrechamps pour des séquences qui se contentent de filmer des dialogues, juste des dialogues ; et excepté, dans trois scènes situées vers les débuts du film, le fait que l'on soit confiné tout le temps aux deux protagonistes, en dépit du grand talent des acteurs, n'arrange rien. En plus, ça dure près de 2h45. Des très nombreux films de Bergman sur le couple, je préfère largement des oeuvres comme "Une Leçon d'amour", "Sourires d'une nuit d'été" ou encore le beaucoup plus grave "La Nuit des forains", toutes aussi justes et pas du tout ennuyeuses. Encore heureux que j'ai visionné la version ciné et pas celle télévisuelle qui est la plus longue.