Sur maintenant plus d'une dizaine de films vus de ce réalisateur, je continue de croire que c'est le meilleur de Bergman - du moins pour le moment - qu'il m'ait été donné de voir.
Pourtant, le sujet du début n'était pas franchement emballant. Si on en se référait simplement à ça, j'aurais plutôt dû trouver mon plaisir ultime dans un "l'Heure du Loup" ou bien "Persona", voire "Cris et Chuchotements", et si chacun de ceux-là m'ont comblé, c'est bien Scènes de la vie conjugale qui reste tout en haut de la liste.
Car ce film montre à quel point, sur une situation semble toute simple - un homme qui s'engueule avec sa femme pour le dire brièvement - Bergman parvient, 2h40 durant, à conquérir le spectateur. Sur le plan du dialogue, je ne crois pas avoir vu une démonstration aussi prodigieuse. Toutes les situations, tous les dialogues, sont aussi réalistes que cruels, également touchants par moments, à partir d'un cadre que pratiquement tout couple connaît Bergman en ressort quelque chose de quasi-universel.
Dans cette entrée dans sa période "famille" (amorcée partiellement avec Cris et Chuchotements, consolidée avec ce film qui est également une série et renforcée quelques années plus tard par Sonate d'automne), Bergman réduit comme il sait si bien le faire le cadre aux rapports humains, et ici le couple.
Ce qui est déjà beau, c'est qu'il n'y a pas de concession. Au vu de ce qu'a produit le réalisateur on pouvait aisément s'y attendre, mais ici il enfonce le clou. Toute la scène où ils en viennent aux mains est sur ce point glaçante. Cruelle, dure, mais on est dedans, on s'y voit, on craint que tout couple tombe là-dedans mais c'est naturel, et Bergman nous le montre simplement.
Et dans cet univers où les deux époux s'entre-déchirent, subsistent ces quelques moments rares de complicité, d'intimité, finalement presque tronquée, comme le montre la fin, et j'ai trouvé ça d'une beauté rare.
Un très grand film, Ullmann magnifique, et Josephson bouleversant.