Reservoir dogs. Premier film de Quentin Tarantino. J'ai toujours été tiraillé entre le pour et le contre de ses œuvres. Le pour : ce que j'aime chez ce réalisateur, c'est son style unique, reconnaissable par sa narration non linéaire. L'importance qu'il a envers ses acteurs pour donner des dialogues travaillés, emplie de références à la culture populaire. Amoureux des bonnes musiques et des westerns spaghettis. Un cinéphile, un vrai de vrai. Et puis cette violence extrême, d'ailleurs, à partir de là. Je passe dans le contre. J'ai rien contre la violence graphique. Non, parce que ça aussi, c'est encore une de ces marques de fabrique. Mais, je vais en parler un peu plus tard de ce sujet. Ce que je n'aime pas : c'est cette surenchère, cet orgueil, cette surévaluation. Pour son premier film. Quentin était prêt à tourner en 16 mm avec des amis. Le destin fit qu'il croisa le réalisateur Monte Hellman et l'acteur Harvey Keitel prenant connaissance du script. Ils décidèrent de le produire. Il y a encore Richard N. Gladstein, Ronna B. Wallace et Lawrence Bender. Le producteur Bender produira tous les autres films de Quentin par la suite. Pour en revenir au film. Quentin Tarantino s'est reféré à plusieurs films classiques de 1970 ainsi que des westerns. Ce film de gangster, Reservoir dogs, donc. Et une ribambelle d'acteurs avec justement Harvey Keitel, Tim Roth, Chris Penn, Steve Buscemi, Lawrence Tierney et Michael Madsen. Ça, c'est encore un atout du réalisateur. De se servir d'une flopée d'acteurs surmotivés. L'histoire est assez simple. Des malfaiteurs s'associent pour un casse qui tourne mal. Le jour du hold-up, la police est déjà là. Il y a une balance dans le groupe, un suspense en huit clos. Qui est le traitre?. Chaque malfaiteur à sa personnalité. Les dialogues sont percutants, vulgaires et d'un humour noir infaillible. Les malfrats en costume et cravate noirs. C'est amusant. Mais cela va se gâter un peu prêt au milieu du film. Avec la fameuse scène de l'oreille coupée. J'en avais entendu parler presque dix ans avant de voir ce film noir. Personnellement, cela ne me dérange pas plus, j'avais éclaté de rire. Pourtant, à la présentation du film en janvier 1992 au festival de Sundance. Pas une séance sans que des gens sortent de la salle lors de cette scène. Même le Maître du cinéma d'horreur, Wes Crawen, ne restera pas, jusqu'à la fin. Y'en a qui dise, c'est une scène culte. Non, je ne trouve pas. C'est une scène choquante. Et pourtant pas du tout gore. Mais elle a marqué les esprits. C'est sûr. La scène fonctionne. Alors, on regarde quoi ?. Un polar ?. Un film d'horreur ?. Un thriller ?. J'en reviens aux marques de fabrique de Tarantino. En plus, de la bande originale des chansons seventies. La violence. Voilà, le sujet que je vais analyser à présent. Il y a en tout cas deux points communs entre un réalisateur, en l'occurrence, Quentin Tarantino et un réalisateur de film d'horreur. Le premier, l'ambition de choquer son spectateur. Le surprendre, le rendre mal à l'aise. Pourquoi Mr. Blonde, incarné par Michael Madsen, quand il se retrouve seul dans le hangar avec Marvin Nash, pauvre flic prit en otage se fait découpé l'oreille sur le morceau " Stuck in the middle with you". Pour s'amuser. Un acte sadique et gratuit. Décevant de savoir que même cette scène n'a pas été inventée par Quentin. Elle a été reprise dans un film de western. Mais ça l'amuse. C'est une violence gratuite, même chose que le deuxième point commun avec le cinéma d'horreur. Mélanger les genres de film n'est pas forcément bon.
Un vrai polar, vous ne pouvez pas y passer à un moment ou un autre à une scène de torture pour interroger un pauvre type qui va se faire déformé le visage, attaché à une chaise, quand c'est pas les poigns d'un costaud, c'est le rasoir ou la perceuse qui prend le relais. On sait ce qu'on regarde. Le public est averti. Quand vous regardez.
Un vrai film d'horreur, vous êtes de plein gré à voir de toute manière un thème ou une scène bouleversante. Le public est averti. Alors, il reste le film genre thriller. Justement, dans les thrillers, il y a souvent des scènes choquantes.
Un vrai thriller, l'intrigue est dévoilée le plus souvent à la fin. Dans Reservoir dogs, dans les deux tiers du film, on apprend qui est la balance...m'ouais.
Le film commence avec un débat, pourquoi Mr. Pinq ( Steve Buscemi ). Ne veut pas donner un pourboire à la serveuse. Juste avant de commenter la chanson de Madonna ; Like a virgin. La soi-disante métaphore qui n'a absolument rien à voir, cela permet seulement à présenter nos gaillards dans leur propos lourd et grossier. Il reste pour finir le genre de film classé en aucun genre. Alors, on appelle ça du Tarantino...ou comment un navet avec la manipulation des médias arrive à devenir un chef d'œuvre. Et c'est ça qui me déplaît. Il y a très peu d'action, un rythme lent, à se demander qu'à force de pomper les films westerns. La lenteur pour raconter cette histoire de crapule s'est déteinte. Je parle même pas de la fin de ce film...une chute trop facile.
Sans parler de l'acteur Chris Penn qui est plus agaçant qu'autre chose. Quentin Tarantino joue le rôle de Mr. Brown.
À voir, bien sûr. En 1991, le premier film inclassable de ce talentueux réalisateur. Pas tout le monde, le peut aimer. Pour enrichir sa culture cinématographique, certes, mais pas non plus nécessaire de le voir. Il ne va rien changer dans votre vie.