Deuxième opus de la trilogie de la glaciation dont je n'ai vu que celui-ci, réalisé par Michael Haneke et sorti en 1993, n'est pas mal du tout ! Alors bien-sûr, il faut quand même bien avoir en tête que, à l'instar de Gus Van Sant par exemple, le réalisateur fait des films très épurés et surtout expérimente beaucoup, lorsqu'il ne nous balance pas une violence bien crue à la tronche. Il faut donc bien être préparé avant le visionnage de celui-ci car nous avons les trois à la fois ! En effet, ce film pourrait même être considéré comme un préquel de "Funny Games" puisqu'en plus du même acteur principal, nous y retrouvons plus ou moins le même rapport à la violence et aux images, bien que ce dernier thème soit ici complètement appuyé. Effectivement, nous suivons un adolescent qui est obsédé par la télévision, les reportages, les infos relatant des faits violents et plus globalement par les images. Et le film nous met d'ailleurs directement dans le ton avec la vidéo de ce porc se faisant tuer, à vitesse normale puis rembobiné puis au ralenti. On se dit merde, dans quoi est-ce que j'ai foutu les pieds ; tout simplement dans l’univers de Benny pour qui les images lui permettent de passer outre la réalité. L'adolescent a même remplacé ses fenêtres par des caméras et observe le reste de sa chambre à travers un écran cathodique, transformant alors la réalité en fiction, lui permettant de la lui rendre plus supportable. Mais tout bascule lorsque Benny fait la rencontre d'une jeune fille un jour où ses parents ne sont pas là. Il l'emmène chez lui et là, le drame. Je vous laisse facilement imaginer ce qu'il peut se produire, surtout après les premières images du film. On est donc alors plongés dans un univers nous mettant très mal à l'aise puisque tous les personnages restent apathiques face à cette situation quand même bien grave ; Benny ne se rendant pas vraiment compte de ce qu'il a fait, comme si c'était une énième vidéo diffusée sur sa télé, tandis que ses parents essayent quant à eux de masquer la réalité afin de préserver leur image, de vivre comme si rien ne s'était passé. De plus, la mise en scène d'Haneke, toujours très minutieuse, appuie sur ce côté morne et aseptisé du monde dans lequel évolue les personnages avec des plans très symétriques et surtout fixes dans lesquels on retrouve des couleurs froides et ternes. Dans cet univers, seules les images de fiction semblent alors réellement vivre, ce pourquoi Benny vit sa vie par procuration, à travers ce qu'il regarde mais également ce qu'il écoute (sa musique étant très forte, elle couvre sûrement les bruits extérieurs issus du "réel"). Concernant les acteurs, on retiendra surtout Arno Frisch qui nous livre ici une excellente prestation ! "Benny's Video" est donc un film typiquement "Hanekien", c'est-à-dire froid, gris, à la violence crue et au rythme dilaté.