"Indochine" est repassé il y a quelques jours, ce qui m'a permis de redécouvrir le film dans sa version masterisé de 2016. Toujours un grand film, romanesque et historique, dans la ligne des grandes sagas que sont par exemple "Laurence d'Arabie", "Out of Africa"... sauf que c'est un film français qui égale les grands titres hollywoodiens. Portrait d'une France disparue, quand elle avait mis sous protectorat le Vietnam pendant près d'un siècle et jusqu'aux années 50, de la fin d'un monde et d'une époque. Ce film a entre autres mérites de montrer les deux versants de la colonisation indochinoise: le faste français des belles villes et des villas luxueuses (en première partie), contre la traite d'esclaves (en deuxième partie), et cela sans jamais prendre de partis. C'est honorable et cela sied à la peinture historique de ce long-métrage. Il a marqué le cinéma français et a beaucoup aidé au début du tourisme au Vietnam qui avait été, jusqu'au début des années 90, un état fermé. D'ailleurs, les vietnamiens (quand nous sommes allés visiter ce pays magnifique voilà 10 ans) connaissent bien le film et l'apprécient. Tout est sublime dans "Indochine", les décors naturels particulièrement, la musique de Patrice Doyle, les costumes et l'ambiance, et Catherine Deneuve. Elle joue une femme d'affaire froide qui voit peu à peu son univers s'écrouler, à l'image de l'Indochine où elle est née et qu'elle n'a jamais quitté, et dont la carapace se fissure quand les émotions et les sentiments la submergent. Deneuve apporte sa classe et son jeu direct et élégant. Elle n'a pas volé son César de la meilleure actrice, ni sa nomination à l'Oscar de la meilleure actrice, comme le film n'a pas volé son Oscar du Meilleur Film. On ne fait plus aujourd'hui de fresque historique aussi longues et belles, qui vous font entrer dans l'histoire, dans un pays et une culture simplement en restant derrière votre écran. Un chef d'œuvre.