Le compositeur du film, le français Alexandre Desplat, a reçu deux prix pour la meilleure musique de film, dont le Golden Globe en 2007. Les Independent Spirit Awards ont nommé le film dans deux autres catégories, celle du meilleur acteur pour Edward Norton et celle du meilleur scénario pour Ron Nyswaner.
Le sujet du film Le Voile des illusions porte chance ! En effet, les deux précédents films dont le thème principal est une histoire d'amour se déroulant dans un pays étranger et lointain des Etats-Unis, ont connu un succès critique et public. En effet, Out of Africa et Le Patient anglais se sont vu tous les deux nommés aux Oscars avec, respectivement, pas moins de 11 et 12 nominations, dont 7 statuettes pour le premier et 9 pour le second !
Un an après la sortie du film We don't live here anymore, le réalisateur John Curran a choisi une fois de plus son actrice fétiche, Naomi Watts, comme héroïne du film Le Voile des illusions.
En plus d'interpréter les deux rôles principaux, Edward Norton et Naomi Watts ont également collaboré à la fabrication du film à travers son financement, puisqu'ils sont tous les deux producteurs du film.
Dans la première édition du livre The Painted Veil, W. Somerset Maugham a placé l'action à Hong Kong. Mais après avoir reçu des menaces de poursuites judiciaires de la part des personnes dont il s'était inspiré pour ses personnages, il changea le nom de la ville et opta pour le lieu fictif Tching-Yen.
L'oeuvre de W. Somerset Maugham a déjà été adaptée une première fois au cinéma en 1934. Cette adaptation, réalisée par Richard Boleslawski, réunit Greta Garbo et Herbert Marshall dans les rôles principaux.
Tout à commencé en 1995, lorsque le scénariste Ron Nyswaner réfléchissait au sujet de son prochain film. Lorsqu'il a vu L'Emprise (1934), adaptation cinématographique du plus célèbre roman de W. Somerset Maugham, il a été fasciné par le ton mélodramatique de cette histoire d'amour obsessionnelle. Il a alors lu plusieurs livres de l'auteur, en terminant par l'ouvrage initialement paru sous le titre La Passe dangereuse et dont est tiré le film. En parlant du livre avec la productrice Sara Colleton, Ron Nyswaner appris qu'elle cherchait depuis un an à obtenir les droits d'adaptation. Ils décident alors de travailler ensemble sur ce projet, et écrivent une première ébauche.
En 1999, après trois années de réécritures et pendant lesquelles Nyswaner et Colleton ont été rejoint par le producteur Jean-François Fonlupt, ils pensent à Edward Norton pour le premier rôle masculin. Celui-ci, très emballé par ce projet, devient l'un des producteurs et réécrit le scénario avec Nyswaner. Edward Norton pense alors à Naomi Watts pour le rôle de sa femme, malgré les avis mitigés de ses collaborateurs. Cette dernière se montre très enthousiaste et raconte : "J'ai adoré le scénario dès la première lecture. C'est une incroyable histoire d'amour et le personnage de Kitty est vraiment fascinant. C'est elle qui m'a donné envie de faire le film. Au début, elle mène une existence très frivole. Lorsqu'elle se retrouve en Chine, elle découvre le vrai sens de la vie.".
Mais malgré l'implication des acteurs et des producteurs dans ce projet, une date pour le tournage n'arrivait toujours pas à être fixée en raison des différents impératifs de Naomi Watts, Edward Norton, et ceux des réalisateurs potentiels. En 2001, Bob Yari et Mark Gordon de Stratus Film Company rejoignent le projet avec Mark Gill, le président de leur société de production.
En 2003, Mark Gill fonde Warner Independent Pictures, et continue de s'occuper du projet Le Voile des illusions, ce qui encourage Edward Norton à continuer d'y croire, et à ne pas renoncer à l'actrice Naomi Watts. Cette dernière se souvient : "Le processus a été très long. Quatre ans se sont écoulés entre ma première lecture du scénario et le tournage. Je suis heureuse qu'on ait finalement pu rassembler tous les éléments nécessaires à sa production.". Pour le choix du réalisateur, ce sont les deux acteurs principaux qui ont suggéré le nom de John Curran, avec qui Naomi Watts avait déjà tourné. Début 2005, l'actrice australienne arrange une rencontre entre le cinéaste et Edward Norton, que ce dernier nous relate : "Nous nous sommes tout de suite très bien entendus. A plusieurs reprises au cours de ces six années, j'ai cru que le film ne verrait jamais le jour. Ma patience a été récompensée car finalement, ce sont les bonnes personnes qui nous ont rejoints.". Après quelques recherches, l'équipe est enfin prête pour le tournage.
En plus de la description de la Chine des années vingt dans le roman de W. Somerset Maugham, John Curran et Edward Norton ont effectué des recherches plus approfondies sur la vie politique, sociale et culturelle de la Chine durant cette période. Norton explique : "Dans le roman de William Somerset Maugham, l'atmosphère est oppressante. Il est surtout question de Kitty et de Walter, ainsi que du colonialisme. Au lieu de se limiter au côté romantique de la Chine, nous avons préféré donner plusieurs niveaux de lecture et montrer comment le contexte des années 1920 influe sur les personnages. Cette histoire est aussi celle d'un choc des cultures et dévoile ce qui arrive quand une civilisation tente de s'imposer au détriment d'une autre.". Pour cela, ils se sont appuyés sur l'ouvrage de l'historien Jonathan Spence, To Change China : Western Advisers in China.
Le film a été tourné exclusivement en Chine. Le lieu idéal n'étant pas facile à trouver (une petite ville pittoresque près d'une rivière et de montagnes, mais en même temps assez proche des infrastructures pour accueillir une équipe de tournage), plus de huit mille kilomètres ont été parcourus pendant une dizaine de jours. Ils ont trouvé leur paradis dans la ville de Gui Lin situé dans la province de Guangxi dans le sud de la Chine. Pour filmer le village fictif de Mei-tan-fu, l'équipe a envisagé dans un premier temps de le construire dans cette province, mais a finalement préféré le village de Huang Yao. Antonia Barnard, productrice exécutive du film, explique : "Il convenait parfaitement à l'époque du film. Il n'y avait pas un seul poteau télégraphique. Nous avons ensuite réservé des studios de tournage à Pékin et recherché d'autres lieux nécessaires. Puisqu'il était très difficile de reconstituer le Hong Kong des années 1920, John a proposé d'utiliser Shanghai. C'est là-bas qu'ont également été tournées les scènes se déroulant à Londres."
L'acteur américain Liev Schreiber, fan de John Curran, interprète Charlie Townsend, Vice-consul britannique et amant de Kitty Fane. A propos de son personnage, il confie : "La crise née de l'adultère marque le début d'une nouvelle relation entre Kitty et son mari. Charlie Townsend est un déclencheur. J'ai aimé voir John Curran passer de la mise en scène d'histoires très intimes à une histoire d'amour plus épique. L'idée de tourner en Chine était aussi très attrayante. Cela donne une grande authenticité au film. Nous avons pu côtoyer des équipes chinoises et les décors nous ont aidés à ressentir avec force le contexte historique du film."
Le réalisateur a choisi l'acteur Anthony Wong Chau-Sang pour incarner le Colonel Yu. Il cherchait un acteur apprécié par les Chinois qui sache parler anglais. L'acteur explique, à propos de son personnage et de sa relation avec le Dr. Fane : " Le rôle du colonel Yu a été renforcé afin d'insister sur la situation politique. Ses rapports avec Walter ont également été modifiés. Au début, quand le Dr. Fane arrive en Chine et tente d'enrayer l'épidémie de choléra, le colonel s'interroge sur sa présence. Au fil des jours, ils deviennent de véritables amis.". De son côté, Edward Norton ne tarit pas d'éloges sur son partenaire à l'écran : " Anthony a un regard remarquablement profond et expressif. Il a beaucoup apporté à ce personnage d'abord impénétrable mais qui finit par apparaître comme un idéaliste et un vrai patriote. Le colonel Yu en vient presque à incarner la future République Populaire de Chine.".
Avec une équipe composée de 40 Occidentaux, 260 Chinois et plus de 12 traducteurs, la rencontre des deux cultures s'annonçait très riche. Le cinéaste commente : "A chaque étape, ce projet nécessitait de mélanger les cultures. Il est en cela très novateur. Lors de la première semaine de tournage, nous avons cru devenir fous. Mes consignes étaient répétéessimultanément en anglais et en chinois. Les gens hurlaient dans ces deux langues et des douzaines de personnes se déplaçaient dans tous les sens.".
Lors d'une scène qui exigeait de mettre en scène une rue jonchée de personnes mortes du choléra, la population locale, très superstitieuse, a créé quelques difficultées. Antonia Barnard, la productrice exécutive, raconte : "Pour les Chinois, placer des symboles de mort sans qu'elle ait frappé attire les mauvais esprits. Le directeur de la production, chinois, a eu toutes les peines du monde à calmer les habitants. Une fois la scène terminée, nous avons fait claquer des pétards pour faire fuir les mauvais esprits."
Pour les robes de Kitty Fane, Ruth Myers, la costumière, en a créé de toutes pièces ou en a modifié certaines qu'elle a fait importer. Elle habille ses personnages de façon à laisser voir les émotions et les épreuves qu'ils traversent. Pour Kitty, la costumière explique l'évolution de ses vêtements en fonction de l'évolution de son état d'esprit : "Kitty apparaît d'abord comme une jeune femme de la haute société britannique, soucieuse avant tout d'elle-même, de son image, de son mariage et de sa fortune. Elle est alors très à la mode. Elle essaie de mener une vie similaire à Shanghai. La robe qu'elle porte quand elle rencontre Charlie est très provocante. Elle est très glamour jusqu'à la scène de la confrontation avec Walter. Elle commence alors à changer.". La transformation est de plus en plus évidente lorsqu'elle arrive à Mei-tan-fu : "Ses habits sont pâles, faits de tissus unis de couleur blanche, crème ou beige. A Mei-tan-fu, Kitty s'habille simplement. Ses vêtements ne servent plus d'ornements, ils reflètent sa tristesse et la rendent plus douce, laissant entrevoir sa beauté intérieure."