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Dourvac'h
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5,0
Publiée le 7 novembre 2021
"The Other"/"L'Autre" [1972] de Robert MULLIGAN est assurément un très, très grand film. Disons qu'il est - au moins - l'égal du "Nosferatu" [1922] de Friedrich-Wilhelm MURNAU, de "Cat People"/La Féline" [1942] et de "I walked with a zombie"/"Vaudou" [1943] de Jacques TOURNEUR, de "The Night of the Hunter"/"La Nuit du Chasseur" [1955] de Charles LAUGHTON, de "Psycho"/"Psychose" [1960] d'Alfred HITCHCOCK (en les transcendant presque tous) - et annonce aussi bien le remarquable "Halloween"/"La Nuit des Masques" [1978] de John CARPENTER, le très subtil "A Tale of Two Sisters/"2 soeurs" [2003] de Kim JEE-WOON, le renversant "Get Out" [2007],de Jordan PEELE, le troublant "It Follows" [2014] de David Robert MITCHELL, voire même l'inoubliable "Joker" [2019] de Todd PHILLIPS - à la plasticité d'un classicisme innovateur, tout pareillement inoubliable. Car l'aspect artistique n'est pas pour rien dans la réussite de "The Other" : Mulligan était d'abord un formidable directeur d'acteurs (et on se souvient de son trio de gamins dans son "Du silence et des ombres"), son directeur photographique Robert L. Surtees a livré des images aux tonalités tour-à-tour estivales (bucolique solaire) et "gothique" (on note l'utilisation somptueuse des complémentaires jaune et bleue dans "The Other" en 1972 ; viendra le règne des oranges et des verts dans le "Joker" de 2017), séquences soleil/ténèbres parfaitement articulées et d'un impact redoutable ; le scénario de Thomas TRYON tiré de son propre roman est d'une stupéfiante audace ; ajoutons-y la partition sifflée puis orchestrale de Jimmy Goldsmith qui résonne dans notre souvenir tout comme l'harmonica de la b.o. d'Ennio Morricone pour "Il était une fois dans l'Ouest" de Sergio LEONE. Les jumeaux Chris et Martin Udvarnoky furent des acteurs enfants exceptionnels, Uta Hagen en maîtresse du "Great Game" a une présence exceptionnelle, Diana Muldaur restera à jamais cette mère au regard perdu... "L'Autre" est entièrement baigné d'un clair obscur digne des toiles des frères Le Nain. Mulligan fut un Maître... Un artiste dont la modestie, le savoir-faire et l'éclectisme ont produit une Oeuvre solide par sa forte cohérence thématique (abyssales ambigüités de cette grande énigme qu'est l'être humain) mais aussi très inégale (citons "Inside Daisy Clover" [1965], qui a particulièrement mal vieilli - exemple de partiel ratage sans doute dû au jeu très "daté" de l'actrice Natalie Wood surjouant l'adolescence et visiblement laissée ici en roue libre par son réalisateur... ). On se souviendra d'abord de "To kill a Mockingbird"/"Du silence et des ombres" [1957] : à la fois film majeur et très brillante adaptation du chef d'oeuvre romanesque de Harper LEE... On évoquera aussi "The Stalking Moon" /"L'Homme sauvage" [1968], western profondément original mettant en scène l'affrontement entre l'intériorité de ses quatre principaux personnages. On évoquera encore le très méconnu et si crépusculaire "The Nickel Ride" [1973] qui à lui seul annonce les chefs d'oeuvre de Martin SCORSESE ("Taxi Driver"), Francis Ford COPPOLA ("The Godfather", I et II), Abel FERRARA ("King of New York") et Brian DE PALMA ("Scarface")... Enfin, "The Man in the Moon"/"Un été en Louisiane" [1991] sera un nouveau chant du cygne concluant brillamment la carrière de ce réalisateur curieusement oublié du grand public.
Aujourd’hui plus ou moins tombé dans l’oubli, Robert Mulligan eut la malchance de connaître sa plus grande période d’activité au cours de la décennie charnière qui s’étala de 1965 à 1975 : d’un esprit trop classique pour ne pas avoir souffert du changement de paradigme imposé par le Nouvel Hollywood et pas assez pour trouver sa place parmi les maîtres de l’âge d’or qui survécurent à ce bouleversement, Robert Mulligan, cinéaste middle-of-the-road par excellence, ne laisse derrière lui aucun véritable chef d’oeuvre et pas davantage de faux-pas. Du coup, il n’est pas si étonnant que ce soit un film apparenté au genre fantastique qui soit aujourd’hui considéré comme son travail le plus marquant. Toutefois, il ne faudrait pas aborder ‘L’autre’ sous l’angle du mystère à résoudre : on a vu suffisamment de pitch similaires au cours des dernières décennies pour comprendre dès les premières minutes à quoi on a affaire...quoique Mulligan parvienne à plusieurs reprises à relancer avec brio le processus de doute. En fait, outre une très belle maîtrise technique qui manque malgré tout un peu de personnalité, c’est dans les détails de l’atmosphère qu’on trouvera les meilleures raisons de s’enthousiasmer pour ce qu’on n’appelait sans doute pas encore un “Thriller psychologique� : qu’il s’agisse de ce cadre estival propice à toutes les aventures enfantines, de la représentation de la pré-adolescence comme un âge de lumière et de ténèbres mêlées, ou de ces éléments fantastiques en guise de miroir des névroses familiales enfouies ou apparentes, ‘L’autre’ semble parfois préfigurer, dans des tons nettement moins pop, l’esprit de certaines des futures productions Amblin.
Avec le temps, la filmographie de Robert Mulligan s'est vue nettement réévaluée grâce à la redécouverte de films comme "L'autre", "Un été en Louisiane" ou "L'homme sauvage". Sensiblement de la même génération que des cinéastes comme Martin Ritt, Stanley Kramer, Sidney Lumet ou John Frankenheimer, Robert Mulligan n'aura pas su ou voulu faire preuve d'un opportunisme suffisant pour s'adapter aux évolutions des méthodes de production au sein de la Mecque du cinéma au cours des années soixante. Comme Sidney Lumet avec "Douze hommes en colère" (1957), il aura marqué ses premiers pas d'un film référence devenu presque immédiatement culte aux Etats-Unis. " Du silence et des ombres", sorti en 1962 qui aborde le problème du racisme de manière subtile et non manichéenne, montre déjà le goût prononcé de Mulligan pour l'onirisme associé à la période de la préadolescence. Artichus Finch l'avocat humaniste qui élève seul ses enfants joué par Gregory Peck vaut à l'acteur son seul et unique oscar et est inscrit dans l'inconscient collectif américain comme l'archétype du héros pacifiste, loyal et courageux. Mais Mulligan d'un tempérament réservé et peu enclin à jouer le jeu de l'entertainment a préféré continuer d'évoluer au sein de la petite structure montée autour de lui par Alan J. Pakula alors producteur et qui fera office de réceptacle pour les douze premiers films d'une œuvre qui ne compte que vingt chapitres. En 1971, il sort à nouveau de l'ombre grâce à "Un été 42 ", film romantique narrant l'éveil à la sexualité d'un adolescent de quinze ans par une jeune veuve (Jennifer O'Neill) de militaire. Ce succès d'estime lui permet de postuler pour la mise en scène du roman à succès de Tom Tryon ("Le visage de l'autre"), ancien acteur chez Otto Preminger ("Le cardinal" en 1963) reconverti à l'écriture. Cette histoire de schizophrénie autour du phénomène de la gémellité précède de peu la vague horrifique qui va débarquer un an plus tard avec le choc provoqué par "L'exorciste" de William Friedkin. Vague aussitôt prolongée par "La malédiction" de Richard Donner en 1976 et qui évoluera très rapidement vers la mise en vedette du tueur en série avec la création d'un genre nouveau très codifié nommé slasher sous l'impulsion du séminal "Halloween" de John Carpenter (1978) qui tournera en boucle dans les années 80. Aucun recours au moindre procédé horrifique ou appel aux forces du mal pour mettre en tension le spectateur chez Robert Mulligan qui s'évertue à montrer que la pulsion de meurtre chez un enfant revêt plus aisément les rituels du jeu. La perte d'un jumeau est un phénomène troublant qui amène quelquefois une surprotection compensatoire qui dans le cas présent s'avèrera dévastatrice. Comme on dit communément : "l'enfer est souvent pavé de bonnes intentions". En 1935, dans une Amérique de la Dépression, le jeune Niles (Chris Udvanoky) et son frère jumeau Holland (Martin Udvanoky) sont élevés par leur grand-mère Ada (Uta Hagen) au sein d'une petite communauté agricole du Connecticut. Des accidents mortels commencent à se produire en présence des deux jumeaux. Le "grand jeu" inventé par Ada qui invite régulièrement Niles à s'identifier à un être ou à un animal qui lui fait face pour prendre mentalement sa place, pose question sur la nature exacte de la relation entre les deux frères. L'ambiance se fait plus sombre à mesure que le film avance et les flashbacks proposés par Mulligan éclairent progressivement l'effet toxique du "grand jeu" initié par la grand-mère. Mulligan qui a eu l'idée de génie de faire jouer deux réels jumeaux plutôt qu'un seul acteur comme c'est souvent le cas pour des raisons pratiques de mise en scène, place le spectateur à la hauteur du regard de Niles, nous rappelant qu'à cet âge la perspective et la perception des choses ne sont pas les mêmes que celles des adultes. L'horrible n'a ainsi pas la même signification et toute la force du film réside dans sa capacité à nous imprégner de la terrible banalité que peut revêtir le fait criminel quand il s'inscrit dans l'insouciance du quotidien d'un enfant. "L'autre" reçut un accueil correct notamment grâce au succès du roman qui l'avait précédé mais il ne fait aucun doute que l'absence d'une explication surnaturelle rassurante aux agissements des deux jumeaux a nui à sa popularité. Mais comme souvent le temps qui passe rend justice à la simplicité qui finit toujours pas triompher des effets de mode.
Doté d'une ambiance bien mystérieuse, ce long-métrage de Robert Mulligan peut se vanter d'être un des fleurons du cinéma fantastique américain des années 70. La réalisation est superbe, la prestation des deux enfants subtils (notamment en ce qui concerne Chris Udvarnosky qui est la véritable révélation du film) et le scénario d'une grande richesse. Une oeuvre que l'on prend plaisir à voir d'autant qu'elle possède des moments bien effrayants.
1972!?! Pas d'effet spécial, pas de monstre (quoique), pas de jump scare... Mais quelle flippe. La tension monte au fur et à mesure et atteint son paroxysme à la toute fin. Un film que je ne connaissais pas du tout et que je suis très content d'avoir découvert, vous aussi, faites le.
Je ne vois pas de quel suspense certains parlent..... Il ne se passe pas grand chose, et le sujet du film est dévoilé dans les 5 premières minutes quand on essaye de comprendre ce que veut dire "l'autre". C'est bavard et assez moyennement bien joué. Bref assez déçu.
Un chef d'oeuvre d'intelligence pour ce scénario peu commun, de prises de vues, de musique, et de rôles d'acteurs surprenants. Vu ce film, non pas à sa sortie, mais en 1977, et ce dédoublement de la personnalité m'a impressionné. Un bruit, à la fin d'un film comme The Other peu vous donner du bonheur cinématographique. Depuis le seul film qui m'a rendu le même frison, dans un genre différent est, Avalon. Film de Mamoru Oshii, année 2002.
Injustement méconnu malgré la pertinence avec laquelle il traite de la thématique du traumatisme de l’enfant en deuil, L’autre aura été l’unique l’incursion de Robert Mulligan (à qui l’on doit notamment l’exceptionnel Du silence et des ombres) dans le domaine du cinéma fantastique. L’intelligence du réalisateur est d’insuffler un sentiment de malaise chez le spectateur en lui faisant prendre le point de vue d’un jeune garçon inconscient du caractère hallucinatoire de ses conversations avec son frère, fraichement décédé, qui le pousse à commettre des actions néfastes. Flirtant entre le rêve et la réalité, une idée de mise en scène depuis souvent reprise dans le cinéma fantastique, le récit réussit à créer un doute profond autour des limites des responsabilités des personnages de ce drame familial, et à faire de ce cadre bucolique et isolé la source d’une tension psychologique intense menant vers une conclusion dotée d'un terrible suspense et d'une fin poignante. Les deux jeunes acteurs d’une dizaine d’années ne continueront pas leur carrière, et pourtant leur jeu plein de nuances aura été pour beaucoup dans la qualité de cette incursion dans l’un des recoins les plus inquiétants de l’imaginaire enfantin.
Robert Mulligan ne cesse de surprendre. Bien trop sous-estimé il a brillé dans des genres très différents. Avec L'Autre, il s'illustre dans l'horrifico-fantastique avec une intrigue baignée de mystère morbide dans un univers de campagne un peu hors du temps qui n'est pas sans rappeler The Innocents de Clayton ou tout récemment Le Ruban Blanc d'Haneke. D'ailleurs c'est cela qui est fort, The Other est méconnu mais n'en reste pas moins une référence pour nombre de films qui suivirent plus tard (je pense en particulier au Sixième Sens mais on pourrait on citer tant d'autres). Bref à l'instar d'un The Changeling de Peter Medak, The Other de Robert Mulligan mérite réhabilitation...
Je dois dire que je suis surpris d'avoir découvert le "truc" au bout de seulement 5 minutes, ( non mais vraiment 5 minutes je déconne pas ), j'ai directement su de quoi il en retournait et a mes yeux le film n'offre pas de vraie surprise . Ceci est du au fait qu'il use de ficelles trop classique pour essayer de surprendre, des ficelles grossières, prévisible, dépassées ou encore trop tape a l'oeil, je pourrais bien donner un film très connu comme exemple mais ce serait un spoiler indirect .
Peut être que ce sont les années passés qui font que le film n'est plus surprenant ou totalement original ( il garde une part d'originalité ) mais on devine tout rapidement, même les petites choses se devinent rapidement et c'est bien dommage .
Malgré le fait d'avoir deviné la chose au bout de 5 minutes le film reste captivant grâce a son ambiance oppressant et glaçante . Les morts et les malheurs s'accumulent dans cette petite bourgade et le mystère est bien plus effrayant grâce a son final vraiment sympathique .
L'ambiance est bien le principal atout du film, pas vraiment effrayant certes mais grâce a des acteurs qui maitrisent leur rôles on a un film qui offre de bons moments mais qui ne surprend jamais .
Voir du réalisateur d'"Un Été 42" et de "Du Silence et des Ombres" un film d'horreur, il y a de quoi être surpris, et pourtant... Toujours est-il qu'il choisit comme atmosphère à son histoire la même que pour ses autres films à savoir un lieu paisible et bucolique, et c'est sûrement cela qui donne un peu d'intérêt à ce film. Seulement "un peu d'intérêt" parce que bon Mulligan nous fait tourner en rond pendant un peu plus d'une heure sur un truc qu'on devine au bout de trois minutes et nous épargne pas sa lenteur habituelle, qui est intéressant dans la plupart de ses œuvres mais qui est là plutôt agaçant. Ce qui fait que pour chaque 10 minutes, on en a 8 d'ennui et 2 qui sont au contraire magistrales ; ces dernières concernent les instants où ça se lâche comme la séquence de vision aérienne qui se termine par un accident (ou un meurtre ???), où on est vraiment de plein fouet avec le sujet. Pour la fin, je m'attendais à quelque chose d'atroce ; à ce niveau-là je n'ai pas été déçu car elle est certainement mille fois plus horrible, plus effrayante, que la scène le plus "hémoglobineuse" du film le plus "hémoglobineux" de tous les temps. Je pense qu'il est inutile de préciser qu'elle fait partie des deux minutes.
Je met chef d'oeuvre car ce film fantastique mérite amplement d'être plus connu tant il déborde de qualités. Je n'avais pas ressenti autant d'angoisse depuis "Les innocents" de Clayton. On a donc affaire ici à un film intelligent qui aborde le thème du double, le gosse souffrant de ce qu'on peut appeller schizophrénie aujourd'hui car il ne sait pas que c'est lui qui perpétue les actes horribles. D'ailleurs il est incroyable dans le film, un démon au visage d'ange qui joue de façon déconcertante. Il y a la mise en scène, la construction (on découvre petit à petit les éléments du puzzle), le suspense quasi insoutenable avec la scène du bébé volé...le fait d'avoir situé l'action en un seul endroit aussi. Vraiment à ranger parmi les plus grands films fantastiques, on peut même à un moment y voir l'influence qu'il a eu sur le réalisateur de Sixieme Sens.
Un film très troublant, centré sur un enfant aux deux visages, innocent et maléfique, et sur un traumatisme hallucinatoire qui touche à la folie. Robert Mulligan distille des éléments inquiétants, malsains ; il varie les points de vue (subjectif puis objectif) en développant progressivement un jeu de massacre qui fait froid dans le dos et en donnant à sa narration l’allure d’une chronique enfantine naïve. C’est d’autant plus monstrueux.
Dans la lignée d'un Rosemary's baby, sauf que ce film n'a malheureusement pas la même notoriété: le film alterne l' ambiance malsaine,l'angoisse insidieuse ;avec des scènes chocs: pas d'effusion de sang pour autant puisque comme le film de Polanski tout repose sur l'intelligence du scénario et le travail d'orfèvre du réalisateur( hors-champs,ellipse...).Le film aborde de plus de nombreux sous-thèmes, tout parfaitement imbriqués: l'enfance face à la mort et l'innocence perdue( un des thèmes fétiches de Mulligan) l'amour perverti et destructeur...il y en a pleins d'autres mais difficle d'en dire plus sans spoiler.En tous cas pour ce qui est de la profondeur psychologique on aura rarement vu mieux,la fin du film est insupportable et le film prête à plusieures interprétations.Bref,un classique du