De Georg Wilhelm Pabst, je restais sur la formidable impression laissée par son "Das Tagebur einer Verlorenen" ("Le journal dune fille perdue", lun des plus beaux films du Monde, quon se le dise). Adaptée du court deuxième roman de lAcadémicien Pierre Benoît paru en 1919, que je navais jamais lu, cette version tournée en français de "LAtlantide" ma stupéfait. On en soupçonnerait presque certains davoir abusé du kif (40% haschisch, 60% opium nous dit-on à un moment). Certes je ne mattendais déjà pas à un récit aussi éloigné de la mythologie, mais surtout quest-ce que ça a vieilli ! En entendant sur les ondes une évocation de lénigmatique Atlantide depuis un fort en Afrique, le capitaine Saint-Avit se remémore les tragiques événements quil connut deux ans plus tôt. Selon lui, lhypothèse dun enfouissement de la Cité Antique par les sables du Sahara ne fait aucun doute
puisquil y a été en compagnie de son ami Morhange ! Encore très théâtral, le jeu du comédien principal (Pierre Blanchar) porte lhéritage du muet. Au cours de son séjour dans la ville où règne en déesse Antinéa, Saint-Avit croisa des personnages plus ou moins lucides sur la situation (car la réalité sestompe pour qui veut croire). Lensemble apparaît quasiment dépourvu de rythme et on pourra trouver le temps long. Voilà en tout cas une étrangeté onirique baignant dans une douce folie. Ça se regarde avec curiosité, parfois avec amusement, mais cest devenu si incroyablement kitch quil est bien difficile de se plonger encore dans laventure. La triste note que jaccorde reflète labsence de plaisir que jai éprouvé devant ce long-métrage et non sa valeur intrinsèque probable (il sagit tout de même dun Pabst !). A sa sortie en 1932, il fut dailleurs un grand succès populaire. A souligner que comme cela se faisait parfois à lépoque, ce long-métrage a été tourné simultanément dans plusieurs langues (en allemand bien sûr, en français donc, et en anglais), avec parfois différents acteurs.