Pour ceux qui voudraient s’intéresser à Jacques Tati et au fameux court-métrage qui a donné naissance à "Jour de fête" trois ans plus tard, ne vous fiez pas à la durée du court-métrage donnée par Allociné : nous sommes loin des 43 minutes annoncées ! D’une durée initiale de 15 minutes, il en comporte 16 depuis qu’il a été restauré et numérisé par le laboratoire L’immagine Ritrovata, opération diligentée par la société Les films de mon Oncle… avec le soutien du Musée de La Poste (entre autres). Eh oui, 1minute de plus grâce aux tableaux de présentation supplémentaires liés à cette restauration en début et fin de film. Mais là n’est pas le propos. "L’école des facteurs" pourrait presque être considéré comme un aperçu de ce qui nous attendra trois ans plus tard. Une sorte de bande-annonce, en quelque sorte. Et quand on connait déjà "Jour de fête", le début de "L’école des facteurs" ne manque pas de surprendre avec un briefing qu’on peut qualifier de militarisé. Mon épouse étant factrice, je dois reconnaître que c’est un peu ça : il faut faire ci comme ça et pas autrement parce que les simulations faites aujourd'hui par ordinateur le disent alors que les logiciels ne tiennent pas compte des aléas et de la réalité du terrain. Certes cela ne se passe pas concrètement comme ça dans le court-métrage, mais le résultat demandé est toujours le même : toujours plus vite, et fatalement moins de temps à passer avec les clients. On connait tous le résultat, avec un service postal chaque année plus défaillant encore. Bien entendu, La Poste s’en défend et montre son désir de redonner de l’éclat à son service, à savoir l’aide aux personnes âgées. En attendant, et surtout bien avant que les actuelles tergiversations erratiques de La Poste qui n’ont plus rien à voir avec sa mission première (à savoir la distribution du courrier), Jacques Tati passe donc pour un visionnaire en égratignant l’entreprise au célèbre logo avec les lettres PTT entremêlées grâce à cette démonstration des limites atteintes par le toujours plus vite, avec une erreur de destinataire ou encore à travers la petite séquence avec la vieille dame. Doté d’un souci aiguisé visant à contenter tout le monde, le facteur part dans une tournée épique agrémentée d’une bonne gamelle. On l’attend, on la voit venir, mais qu’est-ce qu’elle fait rire ! Cela dit, si on y réfléchit de plus près, où est cette fameuse école des facteurs ? Au final, on passe rapidement dessus au profit des facéties d’un facteur décidément très attaché aux habitants et aux habitudes. Il n’empêche que le plaisir est réel, inspirant au passage un brin de nostalgie quand on voit cette France d’antan dans laquelle il faisait bon vivre, en toute simplicité. Et c’est ça aussi qui caractérise ce court-métrage : la simplicité. Rien n’a été surfait, même si, admettons-le, on lorgne quand même un peu vers le burlesque avec cet enchaînement de gags.