Bouzi Bouzouf a été déconcerté par « Stalker » d'Andreï Tarkovski. Parce que ce film, censé être une adaptation du roman du même nom écrit par les frères Strougatski sept ans plus tôt, n'a pas grand-chose à voir avec celui-ci (ce sont pourtant, chose curieuse, les frères en question qui ont bâti son scénario (et il a encore moins à voir – le film – avec les trois jeux vidéo crées à partir du même support romanesque qui sont sortis ces trois dernières années (Bouzi Bouzouf est d'ailleurs en train de terminer « Call of Pripyat », là ; il vient encore de se friter avec les fanatiques relous du Monolithe))). Pour revenir au film, donc, il s'agit d'une lente promenade métaphysique pendant laquelle trois types discutent du sens de la vie en général et de la leur en particulier. Cette virée dépasse le cadre du cinéma et s'avère pluridisciplinaire : elle touche également la poésie, le théâtre, la philosophie, la théologie, les arts plastiques, le tout sur la belle musique électronique d'Edouard Artemiev. Bouzi a rapporté ici pour vous deux des réflexions du film, qui brillent par leur pertinence : « Supposons que je regagne notre ville oubliée du bon Dieu dans la peau d'un génie. Quoi, alors ? Celui qui écrit ne le fait que parce qu'il souffre, qu'il doute. Il ressent le besoin permanent de prouver, à soi et à l'entourage, qu'il n'est pas un zéro, qu'il vaut quelque chose. Mais si je sais, preuve par neuf, que je suis un génie ? Qu'est-ce qui m'inciterait à écrire dans ce cas ? Qu'en aurais-je à fiche ? » « De tous les arts, la musique procède le moins du réel, et s'il y a un lien, il n'est pas idéel, il est mécanique. Un son sans signifiant, sans... associations mentales. Et ça ne l'empêche pas d'aller toucher miraculeusement au fin fond de l'âme. Qu'est-ce donc qui résonne en nous à ce qui n'est jamais qu'un bruit harmonisé ? Qu'est-ce qui le transforme en une source de plaisir élevé, et nous fait communier dans ce plaisir, et nous bouleverse ? A quelle fin tout ceci ? »