Deuxième apogée du cinéma d'Andrei Tarkovski après le subblime "Solaris", "Stalker" marque le retour du réalisateur russe à la science-fiction. "Stalker" est une oeuvre unique, philosophique posant d'innombrables questions aux sujets variés comme la place de la foi aujourd'hui, ou la métaphysique. Certes, "Stalker" n'est pas un film accessible à tout le monde. Le rythme est lent, très lent et l'action repose uniquement sur les dialogues magnifiques entre le Stalker, l'écrivain et le physicien. Un but au bout du chemin. Une chambre des souhaits, apparue après la chute d'une météorite et qui compose maintenant ce qu'on appelle "la Zone", vaste no man's land désaffecté, abandonné depuis de nombreuses années et ou la nature règne. Une chambre des souhaits exauçant n'importe quel voeu. Le Stalker conduit donc deux clients, l'écrivain et le physicien, à travers les dangers de cet endroit doté d'un grand mysticisme et d'une beauté poétique à couper le souffle. Posant plus de questions que de réponses, l'ambiance inculquée à la zone est unique. Jamais des explications sincères ne sont donnés. Que des à priori qui laisse plâner le mystère entourrant la zone et qui donne ainsi le champ libre au spectateur de se faire sa propre opinion. C'est beau et réussi. La mise en scène est étudiée spécifiquement afin de donner du relief à la nature, aux élements, l'eau représentant la pureté chez Tarkovski par exemple, elle y est quasi omniprésente, en particulier lors de ces moments merveilleux ou le Stalker s'allonge sur la terre de la Zone, entourré d'eau. Mais le grand intérêt du film repose essentiellement sur la foi, sur la perte des croyances dans une société qui adopte de plus en plus des idées materielles. Idées matérielles représentés par le physicien et l'écrivain.
Le physicien qui décide de détruire la chambre des souhaits
en est un parfait exemple. La peur que l'endroit ne tombe en de mauvaises mains, sous-entendu la peur d'un endroit mystique, la peur du surnaturel, du fantastique, n'étant pas en coordination avec les idées matérielles en question.
Chacun aura son propre regard vis à vis du film, et c'est ça qui fait de "Stalker" un film philosophique passionant, ou l'être humain est mis en jeu dans les tourmentations métaphysiques déjà utilisées par Tarkovski dans "Solaris". "Stalker" est un film unique, spécial. Un chef d'oeuvre de cinéma, tout simplement.