Un samouraï exilé décide de revenir sur son île, lorsqu’il apprend que son ex-chef de clan s’apprête à commettre un massacre pour masquer le vol d’un convoi d’or ! Clairement, le scénario de « Goyokin » fait furieusement penser à du western spaghetti. Ce qui est après tout de bonne guerre, Sergio Leone avait déjà repompé Kurosawa pour démarrer ses westerns…
C’est justement ce scénario qui constitue l’un des intérêts principaux du film. Les personnages sont nuancés, avec un héros qui s’interroge en permanence sur ses fautes passées. Et un méchant qui braque de l’or non pas pour s’enrichir, mais pour assurer la survie de son clan !
Au passage, la société japonaise de l’ère Edo en prend pour son grade. L’honneur des samouraïs n’a plus de sens. Où que l’on soit dans la chaîne, on est toujours tributaire d’un plus puissant, ce qui nous conduit à réaliser des actes monstrueux.
Entre ces thématiques presque nihilistes, les paysages enneigés, et l’instrumentation un peu similaire, « Goyokin » est fréquemment comparé à « Il grande silenzio », de Sergio Corbucci, sorti l’année précédente (le western, encore une fois !).
Je dois néanmoins avouer que les scènes de combats de « Goyokin » m’ont un poil déçu. En raison des choix de cadrage, toute l’action n’est pas toujours pleinement lisible. Mais franchement, c’est du pinaillage. Globalement, le film est beau, Hiedo Gosha exploitant souvent des environnements boueux ou neigeux (symbolisme de la décadence des personnages ?). Avec cet affrontement final dans la neige, ou ces quelques images où le blanc au sol contraste avec le reste… dont le sang, évidemment.
Les acteurs sont également bons. Le méchant est campé par Tetsuro Tamba, surtout connu pour son rôle de Tanaka dans « You Only Lie Twice ». Et le héros torturé est incarné par Tatsuya Nakadai, vétéran du film de samouraï.