Bon, ben non, ici Mocky se loupe, malheureusement. Réalisateur prolifique, il faut bien qu’il y ait quelques ratages, et ici c’est le cas, Mocky ayant visiblement été trop ambitieux.
L’histoire est en effet audacieuse, ne serait-ce que par son mélange des genres et la multiplication des personnages. Mocky s’attaque tour à tour à la comédie, au drame, au polar même, et s’attaque à des sujets multiples très sérieux touchant aussi bien à la politique qu’à l’intime, qu’à la presse à scandale et à l’amour fou, bref, c’est un film plein, mais dont le traitement n’est pas à la hauteur. Mocky s’est tout sauf un grand narrateur, et ici, vu qu’il s’essaye à quelque chose de très compliqué, et bien ça saute encore plus aux yeux. Rythme chaotique, narration saccadée aux limites de l’incompréhensible tellement le réalisateur multiplie les sous-intrigues, le mélange des genres a aussi du mal à fonctionner, Mocky ne parvenant jamais pleinement ni à faire rire ni à attrister pour le sort des personnages, ni à susciter réellement notre intérêt quant aux sujets sérieux qu’il aborde. A la fin je me suis dit, « oui, bon, des choses à dire mais qui me sont dites en chinois ».
Le casting n’est pas non plus spécialement à la hauteur, du moins pas entièrement. Victor Lanoux surprend plus qu’agréablement, ça c’est sûr. J’ai beaucoup apprécié sa prestation, pour ma part il tire son épingle du jeu, tout en se voulant cependant très sérieux. Il n’est pas du tout dans le registre comique, ce qui peut surprendre au début. Il est cependant au-dessus, faisant face à un casting pléthorique mais à l’intérêt limité. Dufilho, Galabru, Bideau par exemple héritent de rôles dont le film aurait presque gagné à se débarrasser tellement ils n’ont pas d’impact réel et embrouille la fluidité et la clarté du récit. Et puis Mocky ne s’intéresse pas à ses rôles en dehors de celui de Lanoux, et l’exemple le plus fameux et cette pauvre Dominique Lavanant qui débite quelques vulgarités et fait l’amour, et ne joue un rôle qu’à la fin. En clair trop de rôles tuent le rôle, et Mocky n’a pas le talent pour s’attaquer à une telle galerie.
Visuellement c’est du Mocky j’ai envie de dire. Le film est néanmoins assez pro, avec du budget à en croire une figuration à la hauteur, des lieux de tournages variés et plutôt qualitatif, mais la mise en scène est assez brute, directe, sans fioriture, typique du réalisateur. C’est plutôt pas mal, mais pas spécialement mémorable, Mocky semblant ne pas vouloir insister ni sur les moments humoristiques en soignant ses passages drôles, ni sur l’aspect dramatique, si ce n’est dans le final mais qui ne doit pas son aspect horrifique à la mise en scène qui reste aussi bien plate. Musicalement le film est bien doté et saura surprendre, j’ai apprécié l’ambiance musicale.
Cependant, ce bon dernier point ne peut cacher la déception que j’ai eue devant ce film clairement trop ambitieux pour Mocky. Réalisateur efficace et parfois très talentueux quant il en reste à des films fables, à des contes grinçants et à des satires sociales, ici il impose un objectif trop haut pour lui et qui ne supporte pas du tout sa narration, son sens du rythme hasardeux, et son jonglage aléatoire entre les genres. 1.5