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Un visiteur
4,0
Publiée le 23 avril 2014
La société Le Film d'Art fut crée en 1908 par Paul Laffite, sur la sollicitation de la Comédie Française. Effectivement, le but du Film d'Art était de faire sortir le cinéma de son aspect forain d'antan afin de le rendre accessible aux populations plus cultivées. Réalisé par André Calmettes et Charles le Bargy la même année, "L'assassinat du duc de Guise" fut tourné avec des acteurs de théâtre en plusieurs tableaux. Reposant sur un élément historique de l'Histoire de France, le film est encore aujourd'hui très intéressant à regarder. "L'assassinat du duc de Guise" se démarque de la plupart des productions de l'époque, tout d'abord de par sa durée (15 minutes) ce qui, à l'époque, était relativement long, ainsi que de par sa mise en scène très théâtrale. Ainsi, durant le quart d'heure de métrage, on assiste à l'assassinat de ce duc de Guise de par plusieurs tableaux animés par l'histrionisme des comédiens. On sent l'impact du théâtre sur le film et ce mélange entre muet et théâtre demeure très charmant, malgré le jeu exagéré, très théâtral, propre à l'époque ou le film a été tourné. "L'assassinat du duc de Guise" demeure un document patrimonial très intéressant, en plus d'un très bon film muet.
Ce qui serait actuellement une séquence phare d'un film en costumes constitue un court-métrage fort remarquable en 1908! Par la qualité de l'interprétation qui permet de laisser percevoir l'opposition de caractère entre le roi et le duc. Par la bande-son créée exprès par Camille Saint-Saens. Par le principe même de mettre une intrigue (certes brève) quasi exclusivement en images, avec cette idée judicieuse de remplacer des cartons par des missives. Un plaisir de cinéphile!
Ce court-métrage constitue, à bien des égards, une révolution pour l'époque. Au niveau commercial, puisque c'est un des tout premiers films français à avoir été vu hors de France peu de temps après sa sortie. Au niveau technique aussi, car fort de ses quinze minutes (une petite prouesse à l'époque) et d'un scénario plus travaillé, il nous prouve à quel point, si peu de temps après l'émergence du cinéma, on est capable de filmer une action complexe, avec l'introduction notamment des premiers mots à l'écran. L'histoire en elle-même n'est pas extraordinaire mais la mise en scène est relativement bien bouclée et le tout s'avère assez agréable à regarder. A voir pour sa culture personnelle.
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3,0
Publiée le 25 avril 2012
"L'Assassinat du Duc de Guise" fut le premier programme de la sociètè "Film d'Art" prèsentè à la salle Charras de Paris avec un succès considèrable! Comme on peut le voir le cinèmatographe ne se contente pas de reproduire la vie prèsente, mais il s'attache dèjà en 1908 à faire ressurgir le passè et à l'interprèter! Certes, de façon très libre mais avec ici des images de qualitè "optimale" pour un film vieux de plus de cent ans! Le succès permit de surmonter le danger en donnant un nouvel èlan à la production cinèmatographique! Pathè et Gaumont crèèrent d'ailleurs leur propre dèpartement d'art! Le film historique devait y gagner! A noter que "L'Assassinat du Duc de Guise" fut la première manifestation de cette orientation nouvelle du cinèma, sans que celui-ci parvienne cependant à se dèmarquer des procèdès, des techniques et du style propres au thèâtre...
Un film qui a une importance historique indéniable, déjà au niveau de la durée (15 minutes c'était long pour l'époque !!!), ensuite au niveau de l'écriture qui est soignée et maîtrisée (ce qui est assez très rare à l'époque aussi !!!) et enfin parce que c'est la première œuvre cinématographique à avoir sa propre BO (cocorico, la première BO de film de tous les temps est française !!!) composée (deuxième cocorico car le premier compositeur de musiques de films est aussi français !!!) par un certain Camille Saint-Saens (oui le type du "Carnaval des animaux" !!!). La direction d'acteurs est loin d'être formidable (l'actrice dans la première séquence bute sur un fauteuil ce qui l'a fait beaucoup se marrer, le type qui joue Henri III qui en fait des gigatonnes, etc...!!!) et la mise en scène est très théâtre filmé ; mais voilà le côté précurseur et quelques autres qualités sont là et donc "L'Assassinat du Duc de Guise" se doit d'être vu.
Bien entendu, ce film n'a plus le même effet aujourd'hui, mais il fut très important en son temps, faisant preuve d'une grande modernité dans l'histoire et surtout dans le décor, très impressionnant pour l'époque. En tant que document du cinéma, L'Assassinat du Duc de Guise est loin d'être sans intérêt.
Film HISTORIQUE plus encore par les diverses premières qu'il constitue, que par son sujet. Tout d'abord, il s'agit du 1er film spécifiquement cinématographique, tentant d'échapper à la grandiloquence du théâtre & de l'opéra filmés, pour découvrir (avant Griffith, qu'il influencera d'ailleurs pour divers courts-métrages Biograph, dont "The Sealed Room", inspiré de "La Barrique d'Amontillado" de Poe) son idiome propre. Moins surjoué qu'il n'était coutumier à l'époque - même Henri III, joué par l'acteur de théâtre & co-scénariste Charles Le Bargy, est étonnament contenu -, il jouit de magnifiques décors reproduisant l'architecture d'Androuet du Cerceau. Mention spéciale à Gabrielle Robinne, dont la pantomime hystérique (immenses cheveux noirs dénoués), la taille élancée & la pâmoison finale en découvrant le cadavre de son amant, préfigurent ces déesses de l'écran que seront Lillian Gish & Fay Wray - l'année suivante signera d'ailleurs le passage du théâtre au cinéma des 2 soeurs Lillian & Dorothy, à la faveur du bout d'essai que leur fera tourner Griffith après avoir flashé sur elles sur le plateau où il dirigeait Mary Pickford ! Mais l'atout majeur de ce film est la B. O. composée spécialement, à 73 ans, par Saint-Saëns qui est ainsi devenu le 1er compositeur de musique de film ! J'ai déjà vu deux versions, l'une - la plus belle à mes yeux -, peinte à la main au pochoir & accompagnée "en live" au piano, à la Cinémathèque française; & l'autre, teintée, avec accompagnement orchestral en digital, à la Cité de l'Architecture. La B. O. est disponible chez ieurs distributeurs, généralement couplée avec "Le Carnaval des Animaux" (qui pour sa part inspirera de nombreuses musiques de film, & sert posthumément d'accompagnement sonore à l'une des copies de l'"Alice" de W. W. Young). En bref, l'histoire du cinéma de fiction commence grosso modo avec ce film, ce qui est une raison suffisante pour le voir au moins une fois - mais il en est qui l'étudient leur vie durant...