Ce film est un concentré d génie de Lubitch. Les rapports amoureux y sont analysés avec finesse. Le Monde professionnel décrit subtilement. Les dialogues sont très fins et très justes. La réalisation, la progression des relations concernant le couple principal permet de suivre avec émotion leurs sentiments.
Surement mon film préféré de Lubitsch dans la mesure ou son dispositif qui respecte la forme et les conventions théâtrales de la pièce dont il est l’adaptation, est celui par son économie de moyens, qui valorise et met le mieux en exergue la mécanique Lubitschienne , cette Lubitsch touch ou l’interaction dialoguée entre les personnages prends pas le pas sur la spectacularisation de la mise en scène réduite plutôt à saisir avec grâce légèreté et ironie , les non-dit, les quiproquos , les gestes qui trahissent les émotions , un véritable laboratoire à scruter les comportements humains et ou la critique sociale du milieu et des conventions est omniprésente.
Ce vaudeville romantique d’Ernst Lubritsch est un petit bijou. La mécanique est fluide, c’est frais, les dialogues sont piquants à souhait et les interprètes attachants.
C'est très subtil comme une comédie moderne. On s'attend pas à ça d'un film si vieux. Il n'y a pas de rires en boîtes ou des acteurs mais l'humour est partout.
Sise dans un contexte social précis cette comédie de mœurs pertinente par son illustration de la délicatesse des rapports avec l'employeur et des divers archétypes d'employés emprunte aux ressorts théâtraux pour dynamiser son récit consacré à la séduction épistolaire éminemment romanesque entre deux individus a priori incompatibles campés par un virevoltant duo servi par des dialogues ciselés. Souriante et touchante cette inspiration de Vous avez un message séduit!
"Rendez-vous " est plus connu en France sous son titre "the shop under the corner". Film de 1940, sorti en 1945 mais quasiment inédit en France jusque dans les années 1980, il fit l'objet d'un record de fréquentation pour une réédition. C est à cette occasion que je le découvris à l'action Christine, fameuse salle du quartier de l'Odeon à Paris. Je dois reconnaître que je suis passé, à l'époque, complètement à côté de ce film. Je l'ai revu récemment et c'est un pur chef-d'oeuvre. Sans conteste un des meilleurs films de son réalisateur Ernst Lubitsh. A la différence de ses autres réalisations, l'action se déroule dans le prolétariat et plus précisément dans une boutique. C'est un film subtil et fin. Le principal se trouve dans les dialogues, car il n'y a que peu d'actions. On est ici dans le banal, dans le quotidien, mais quelle description des caractères des personnages ! Le seul petit défaut que je relèverai, c'est l'actrice Margaret Sullavan, amie dans la vraie vie de James Stewart. Elle fut l'épouse de Henry Fonda et du réalisateur William Wyler et eut une vie assez brève qui se terminera par un suicide. Ses remarques acides sur Hollywood resteront dans la légende. Bref, Sullavan n'a pas beaucoup de charisme et face à james Stewart , ici dans un de ses meilleurs rôles ( j'insiste, il est ici exceptionnel) elle fait pâle figure. C'est un film formidable, un chef-d'oeuvre du réalisateur et du cinéma tout court. A mes yeux, le meilleur film du réalisateur est "to be or not to be", mais "the shop around the corner " atteint des sommets. Je relève enfin une citation de vers de Victor Hugo à la fin du film : " Aimer c'est être deux et pourtant n'être qu'un. Un homme et une femme, unis tels des anges. Le Paradis même. " fin de citation.
Je t'aime, moi non plus ! Lubitsch signe la plus délicieuse et raffinée des comédies romantiques, à la fois drôle, romanesque et touchante, portée par une interprétation géniale.
LA lubitsch fait des merveille dans ce film. Et pourtant l'histoire est toute simple... l'histoire de deux collègue qui se déteste mais qui vont avoir un rendez vous sans qu'aucun des deux ne le sache. Le film est léger mais le film va droit au but. On peut regretter un tout petit peu que la deuxième partie soit moins bonne que la première mais cela reste de haut vol... JAMES STEWART toujours aussi formidable en jeune premier naif...
Excellent. ça fonctionne à merveille entre ces 2 amoureux .La scene du cafe ou l'un apprends qui est l'autre sans se demasquer et particulierement jouissive et reussie.
Sympathique film ancien où l'on peut s'évader dans quelques bons sentiments à travers une pièce de théâtre filmée. J'ai apprécié cette fois-ci où les relations entre les personnages qui se cherchent ne se contentent pas d'être unilatérales : James Stewart n'est pas un de ces personnages tombeurs qui obtient qui il veut quand il veut. Ici les relations sont égales. Dommage que cet aspect soit rétroactivement supprimé par cette petite phrase de Madame : "Vous savez, vous avez eu des occasions dans l'arrière boutique, où vous auriez pu faire de moi ce que vous vouliez", remettant à sa place comme il se doit ce qu'un James Stewart doit pouvoir faire dans ses films...
La parfaite comédie romantique de Noël, que j’avais largement sous-notée la première fois, sans doute parce que je n’étais pas un grand amateur du genre et que j’espérais plutôt y trouver un film dans la veine de To be or not to be. C’est à ma connaissance le prototype le plus ancien de la comédie romantique moderne, avec malentendus, chassés-croisés, romance contrariée et personnages secondaires pittoresques. Les dialogues sont des bijoux de bout en bout, le traitement des personnages transpire la tendresse, c’est un parfait mélange de théâtral et de romanesque et James Stewart n’a jamais été aussi juste et touchant. Un régal.
On reconnait tout de suite dans ce film le regard subtil et aiguisé de Lubitsch sur les complexes rapports humains. Le résultat est un film léger mais prenant sur le quotidien des employés d'une boutique hongroise dans les années 1930. Tout y passe : les rapports difficiles entre le propriétaire hargneux et ses employés, les affaires de cœur de chacun... Les scènes cocasses et situations hilarantes s'enchaînent allègrement. Les retournements de situation viennent rappeler que rien n'est jamais figé, que ce que des malentendus ont crée, des éclaircissements peuvent le régler. Les scènes s'enchaînent avec fluidité, les acteurs sont talentueux, et Lubitsch nous régale comme toujours avec sa capacité à tourner en ridicule les travers et faiblesses de ses personnages.
Le premier feel good movie ? L'histoire est belle et les acteurs sont émouvants. Tout dans ce film respire la bienveillance et on ressent une volonté de divertir les gens. Le thème du chômage est omniprésent et avec l'environnement des magasins, du commerce, des relations entre collègues, tout ça m'a fait penser au Bonheur des Dames de Zola..... seul le doublage en français est une horreur....
Avec Frank Capra, Howard Hawks, Billy Wilder, George Cukor, Preston Sturges, Leo McCarey et Gregory la Cava, Ernst Lubitsch est un des maitres de la comédie classique hollywoodienne des années 1930 et 1940, genre dont l'étoile n'a jamais pâli au contraire d'autres comme le western, le film noir ou le film d'épouvante qui ont connu de longues éclipses. Sans doute parce que rire des autres a toujours été une façon détournée de s'accepter soi-même. Ernst Lubtisch était un maitre dans le domaine. Ses comédies enlevées aux dialogues époustouflants mettent en scène princes, duchesses et personnages de la haute société. Quand il quitte la Paramount après en avoir été un temps le directeur de production, il rejoint la MGM avec pour projet d'adapter une pièce de Miklos Laszlo (The shop around the corner). Il doit auparavant mettre en scène "Ninotchka" destiné à relancer la carrière de Greta Garbo en proposant une autre image de l'icône suédoise du studio alors en perte de vitesse. Aidé de son scénariste attitré, Samson Raphaelson, il concocte une comédie intimiste au ton doux amer inspirée du "Kammerspiel" cher à Max Reinhardt qu'il avait côtoyé lors de ses débuts au théâtre à Berlin dans les années 1910. Le report imposé par la MGM lui a permis d'obtenir la participation du couple vedette qu'il désirait composer avec James Stewart et Margaret Sullavan. Le titre américain "La boutique au coin du la rue" donne sans aucun doute une meilleure indication que le titre français ("Rendez-vous") de l'atmosphère du film. L'intrigue se situe à Budapest mais les décors laissent à penser qu'il pourrait s'agir de n'importe quelle grande ville européenne ou américaine, Lubtisch voulant que son propos soit universaliste. Lubitsch qui dans sa jeunesse à Berlin avait travaillé dans le magasin de vêtements de son père est bien sûr très à l'aise pour faire évoluer ses personnages dans un huis clos qui sera tout sauf étouffant. L'arrivée des employés devant le magasin de maroquinerie de Monsieur Matuschek (Frank Morgan) permet à Lubitsch de décrire en moins de cinq minutes la petite communauté qui va interagir autour du duo romantique qui servira de prétexte à l'intrigue. Dans la période de chômage massif qui est celle du film, les employés font corps autour de leur patron quispoiler: derrière un paternalisme bon teint cache l'angoisse d'une comptabilité précaire ajoutée à une situation familiale instable (il soupçonne sa femme de le tromper avec un de ses employés). Surnage au-dessus du lot, Alfred Kralik (James Stewart) l'employé de confiance qui tente par ses analyses froides et acerbes de sortir son patron de la torpeur qui progressivement le gagne pour l'aider à relancer une activité en berne . Lubtisch se fait donc un peu plus grave qu'à l'accoutumée tout en conservant la légèreté habituelle de ses dialogues et la cocasserie qui lui est coutumière dans certaines scènes. Il utilise notamment l'argument imparable du quiproquo qui place Kralik et une des employés récemment recrutée (Margaret Sullavan) en amoureux épistolaires qui s'ignorent alors qu'ils se chamaillent à longueur de journée dans le magasin. Selon une recette éprouvée, le spectateur qui a un temps d'avance sur les personnages attend avec délectation la découverte du pot-aux-roses. En totale maitrise de son art, le réalisateur articule tous les retournements de situation pour nourrir le portrait finement ciselé de chacun des personnages dont il présente les défauts avec la tendresse qu'on lui connait. La petite boule à neige à travers laquelle Lubitsch nous fait observer la vie de la petite échoppe a bien sûr peu à voir avec la réalité mais cette approche que certains jugeront naïve voire lénifiante contribue à réchauffer le cœur notamment en période de crise. Bien avant les autres, Lubistch avait inventé le "feel good movie" en plaçant la barre très haut par le raffinement qui teintait toutes ses entreprises. Inutile dans ses conditions d'insister sur la direction d'acteurs qui en sus de la qualité des personnages permet à chacun d'entre eux de donner le meilleur de lui-même. On nommait cette façon de faire la "Lubitsch Touch".