Bon, un film au sujet évidemment pas très attirant que La Gueule ouverte. Un métrage largement salué, personnellement je l’ai trouvé finalement très tiède. C’est plat et démonstratif, comme trop souvent chez Pialat, ou les séquences s’enchainent de façon décousue.
La narration est en effet très chaotique. En fait le métrage s’apparente à une succession de chapitre de la vie des personnages. Des chapitres assez attendus, sans véritable liant, entre lesquels, et là aussi c’est un problème fréquent chez Pialat, la gestion du temps est laborieuse. Alors certes le sujet est fort, original à l’époque, il y a de bonnes séquences, mais le traitement par ailleurs vraiment beaucoup trop démonstratif du réalisateur, n’est franchement pas emballant. On dirait un documentaire sans parole, car oui, le film est aussi très très peu dialogué.
L’approche de Pialat efface beaucoup le sentiment, l’émotion, et même s’il se veut réaliste, il est vraiment très difficile de rentrer dans le métrage qui garde un hermétisme préjudiciable. Les acteurs ne contribuent d’ailleurs pas tous à gommer cette sensation. Si Philippe Léotard sort du lot, Nathalie Baye héritant d’un rôle assez secondaire, en revanche la plupart des autres acteurs ne sont pas bons. Je mettrai à part Monique Mélinand, qui finalement a un rôle assez limité mais qui se débrouille bien, mais Hubert Deschamps est en roue libre, et c’est le cas des autres acteurs, pas tous pros d’ailleurs ! Répliques marmonnées, réalisme artificielle, ton de la voix peu en adéquation avec les propos, il y a des loupés manifestes.
Formellement c’est du Pialat type : ambiance grisâtre, triste, dans une dimension un poil surjouée mais qui donne finalement un écho louable au sujet grave et austère. Reste que la mise en scène monolithique de Pialat (il pose sa caméra et c’est parti pour cinq minutes au même endroit), l’absence de bande son, et un cadre très restreint (quelques intérieurs) ne permettent pas vraiment de rentrer dans le film. Sur la forme il conserve le même hermétisme que sur le fond, et à mon sens c’est une erreur notoire du réalisateur. Ça défile, mais ça laisse trop souvent de marbre.
Honnêtement le réalisateur signe un film ambitieux, et son style déprimant visuellement sied bien au sujet, mais c’est beaucoup trop documentaire, démonstratif et hermétique pour faire passer un minimum de sentiment, d’émotion, et montrer que le spectateur n’est pas juste un contemplateur silencieux et poli. 2