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Nicolas L.
90 abonnés
1 751 critiques
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3,5
Publiée le 4 février 2018
La mise en scène et le style de Bresson sont utiles au sujet. Chaque objet, chaque détail acquiert une importance primordiale sur la quette de liberté de cet homme condamné. Un gros travail sur le son vient amplifier cette routine carcérale où le silence est roi et où les dialogues sont intériorisés. Lent mais efficace !
Sorti en 1956 et réalisé par Robert Bresson, ce film nous raconte la détention d'un résistant durant la seconde guerre mondiale ainsi que la préparation de son évasion. Adoptant le noir et blanc, le film montre dés le début un minimalisme évident dans sa réalisation. En effet, les plans sont des plus simples, jouant énormément sur la suggestion, mais sont explicités par la voix off du personnage permettant de comprendre chaque plan, chaque action. Coté bande son, le minimalisme est aussi présent et l'ensemble est rythmé par les bruits des serrures, des exécutions et des pas dans les couloirs, tandis que la musique de Mozart n’apparaît que de façon sporadique à des moments importants du film. Au final, ce film est un des chefs d'oeuvres méconnu du cinéma français qui mérite d’être (re)découvert par le plus grand nombre.
On trouve déjà dans ce film la volonté de dépouillement qui sera la marque du réalisateur. Il l’annonce d’ailleurs dès le générique : il va nous raconter une histoire vraie, et ce, « sans ornements ». En effet la narration, si elle intègre quelques surprises et une forme de suspense (relatif, car le titre et la voix off du prisonnier racontant l’évasion laissent pressentir la suite), évite tous les effets qui auraient pu être « spectaculaires » : les deux seuls moments d’affrontement se déroulent hors champ. Robert Bresson privilégie les images « signifiantes », même si elles semblent banales, et donne à la bande son une place centrale, tant dans la perception de l’environnement que dans la narration des évènements. Peu à peu la démarche du prisonnier, par la volonté et la foi qui la guident, prend un aspect symbolique et même mystique, accompagnée en ce sens par les références bibliques (voir le sous-titre : le vent souffle où il veut) et la musique de Mozart.
Bresson favorise encore une fois une mise en scène très dépouillée, et se focalise sur son principal personnage. Parti pris intéressant, qui, si il pourra en rebuter certains, permet de se focaliser véritablement sur le personnage, sur lequel on ne sait pas grand chose, bien qu'on ait tout de même l'impression d'être dans sa tête, via le procédé de la voix-off.
Si la première partie du film peut sembler un peu longue, elle reste tout de même assez intéressante, quant à la seconde elle est plutôt captivante. Bresson parvient à ce que l'on s'attache aux protagonistes, à tel point qu'on a envie de savoir ce qu'il se passe ensuite. Et faire ça en une heure trente environ et avec si peu de dialogues, c'est quand même pas mal.
A noter aussi un jeu intéressant sur les lumières et l'éclairage.
En son temps, Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson avait été récompensé du prix de la mise en scène décerné lors de l’édition 1957 du festival de Cannes. Ce film entièrement bâti sur l’obstination à s’évader de prison de son personnage principal est si limpide qu’il en devient mystérieux. Une œuvre-référence qui se montre tout à la fois classique et expérimentale. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
C'est incroyable le culte que voue nombreux cinéphiles à Bresson. Une admiration que j'ai beaucoup de mal à comprendre, ses films sont d'une austérité inébranlable mal joué par des amateurs. Mais pour une fois dans cette austérité sert le film, car elle s'accorde parfaitement avec le sujet de la prison. Autant je n'ai pas aimé (voir détesté) d'autres de ces films, antant je m'incline devant celui-ci.
Peut-être le film de Bresson le plus accessible par son sujet. En tout cas le seul qui a eu un certain retentissement auprès du public lors de sa sortie. Comme déjà mentionné, le film est moins un film d'évasion qu'un film sur le courage. Fontaine ne cède rien car il est résistant dans l'âme. Pas par héroïsme. Bresson dissipe totalement tous les enjeux politiques et autres qu'on retrouve souvent dans les films sur la résistance, comme L'armée des ombres. Certains sont courageux, d'autres pas, mais tous ont des raisons de sortir. Bresson ne condamne pas les lâches, et d'ailleurs les allemands ne sont pas diabolisés mais seulement représentés comme des obstacles au plan de Fontaine. Cette épure de tout le superflu s'allie à merveille avec l'authenticité recherchée par le cinéaste. Rarement plan d'évasion n'a été aussi peu extravagant bien qu'ultra recherché et répété, on est loin de Prison Break! Comme toujours, Bresson utilise le cinéma pour jouer sur la temporalité, ici pour traduire l'attente et la longueur de la mise à exécution, ainsi que suspendre le temps lors de l'évasion. L'interaction avec tous les autres détenus, en premier lieu Jost, est passionnante. Presque aussi épuré, Le trou de Becker est lui aussi un grand film, joué par des amateurs et visant le réalisme à tout prix, mais dont le sujet est réellement l'évasion en elle-même.
Un très bon film qui souffre cependant d'une certaine longueur en milieu. Mis en quasi isolement, les hommes communiquent plus par les gestes car par les mots. Ce ne sont pas non plus des "héros" mais des hommes, certes volontaires, mais doutant d'eux-mêmes. En plus de l'intrigue prenante, la réalisation est exemplaire sans aucun flottement. Du grand art Monsieur Bresson. A étudier dans les écoles.
Ce film en N&B sur le thème de la seconde guerre mondiale nous raconte l'histoire d'un jeune condamné à mort qui va tenter de s'enfuir. Il m'a rappelé le Trou de J. Becker mais en moins bien. Ce film de R. Bresson est presque un vrai huis-clos, psychologique. Ici il n'y a pas de scènes d'actions et encore moins d'effets spéciaux. Cela manque un peu, mais c'est ce qui fait aussi le charme du film. Le réalisateur fait des plans très resserrés, se concentrant sur l'acteur principal et ses compagnons. On ne voit presque jamais les soldats Allemands.
Un film brillant de bresson tournee en noir et blanc ,un huis clos savoureux avec une economie de dialogue qui accentue pour ma part une certaine dramaturgie au niveau du scenario. Le lieutenant fontaine a ete arrete par les nazis,condamne a mort, il essaye par tous les moyens une occasion de s echapper un tres bon film a decouvrir
4 687 abonnés
18 103 critiques
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4,5
Publiée le 8 mai 2021
Y a-t-il jamais eu un film plus économe et plus concentré. La concentration minutieuse sur la préparation rituelle de l'évasion est presque déchirante mais toujours gracieuse et toujours fluide. Les détails de l'évasion finale constituent l'une des séquences les plus mémorables du cinéma entrecoupée d'épisodes de doute dans lesquels il hésite pendant des heures ou plus avant de passer à l'étape suivante tout comme il retarde l'évasion elle-même pendant plusieurs jours alors qu'il sait que son exécution est imminente. C'est presque comme une danse sombre avec la mort ou du moins un examen moralement exigeant de ses limites et une peur du transcendant qui dans ce cas est représenté simplement par la liberté elle-même. Il n'y a pas de moments de légèreté ou de variation juste une attention au processus et la concentration sur le plan devient presque un moyen de rédemption jusqu'à ce que la réalisation du plan devienne presque superflue voire destructrice. De tous les films de Bresson Un condamné à mort s'est échappé est celui qui s'engage le mieux sur un plan thématique tout en fonctionnant simultanément comme une narration c'est un modèle de narration rigoureuse...
Principes réguliers d'une évasion, sans romantisme déplacé; d'ailleurs signes avant-coureurs d'une libération que ne saurait anticiper l'ennemi: L'indicible en marche.
En 1943, un résistant, le lieutenant Fontaine, est arrêté par les forces d’occupation allemandes et enfermé dans la prison de Montluc, à Lyon, où il sera condamné à mort. Le film de Bresson est l’histoire, racontée "sans ornements", est-il précisé dès le 1er plan, de l’évasion de cet homme. Réalisé à partir des mémoires d’André Devigny, ce récit véridique suit donc un fil dramatique très classique, sans surprise au niveau de l’intrigue, le contenu narratif du film étant déjà presque entièrement résumé dans le titre. Cela n’empêche aucunement "Un condamné à mort s’est échappé" d’être l’un des films les plus captivants que le cinéma français nous ait offert. Mais l’intérêt, pourtant, est ailleurs, et réside dans l’affirmation du "style bressonien", dont le dépouillement permet d’atteindre et de révéler l’essentiel, avec une force peut-être sans égale dans l’histoire du cinéma, et dont je n’arrive à trouver d’équivalent que dans la littérature, avec Tolstoï par exemple. Et quel est cet essentiel ici? Les enjeux moraux et spirituels de cette évasion qui, bien au-delà du seul acte qu’on pourrait qualifier d’héroïque du personnage, ouvre une vaste réflexion sur l’espoir et la puissance de la volonté humaine lorsque celle-ci est animée d’une foi, d’une inaltérable conviction. Et le titre du film donne au spectateur la même certitude, lui permettant de vivre de l’intérieur le cheminement spirituel du personnage. Cet état de transcendance de Fontaine lui permet de développer une intelligence pratique hors du commun (les moindres détails concrets de l’évasion sont filmés avec une minutie digne de l’orfèvrerie) et contamine l’ensemble des prisonniers: le succès de l’évasion de Fontaine devient un enjeu collectif et réveille les espoirs les plus endormis. Cinématographiquement, "Un condamné à mort s’est échappé" est un immense chef d’œuvre sonore, et en cela une date importante pour le cinéma. Désormais, le langage cinématographique posséderait un nouvel auxiliaire: le son.