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benoitparis
112 abonnés
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5,0
Publiée le 3 novembre 2011
Je ne suis pas un inconditionnel du dépouillement du style de Bresson qui me paraît souvent artificiel, affecté. Mais il fonctionne parfaitement avec « Un condamné à mort s’est échappé ». Le sens du détail, la précision, l’atonie et la monotonie, une certaine opacité aussi, sot parfaitement en symbiose avec le sujet, la vie en prison, les préparatifs de l’évasion, le suspens pendant son déroulement. Le film gagne à être vu à proximité de « Le trou » de Jacques, qui, pour traiter un sujet semblable, à quelques années d’intervalle, utilise des moyens et un style similaires. Bresson va peut-être plus loin dans la rigueur et l’absence de spectaculaire, il montre aussi un sens de l’intériorité qui lui est spécifique, ce qui est peut-être à son avantage.
Inspiré d'une histoire vraie (celle d'André Devigny), ce film constitue le premier succès public de Robert Bresson. Il marque aussi une étape importante dans l'évolution du style du cinéaste. Une évolution qui a déjà été amorcée dans sa précédente réalisation, Le Journal d'un curé de campagne, et qui sera confirmée dans la suivante, Pickpocket. Bresson s'éloigne de l'esthétique dominante de l'après-guerre (dialogues littéraires, musique lyrique, éclairages très travaillés... comme on pouvait en trouver dans Les Anges du péché ou Les Dames du bois de Boulogne, ses deux premiers long-métrages) pour aller vers plus de dépouillement, d'ascèse. La voix off est encore présente, les dialogues sont très écrits, mais le réalisateur commence à cultiver une atonalité qu'il accentuera par la suite. L'accompagnement musical est par ailleurs limité (quelques notes de Mozart). Et surtout, Bresson épure sa mise en scène, focalise sur des gestes et des sons (d'une importance capitale pour le héros du film) avec une précision extrême qui aboutira à une forme d'abstraction dans Pickpocket. Le résultat est sec mais intense. Le suspense fonctionne, malgré un titre qui donne l'issue du drame... Se dégage de ce récit une authenticité sans fard, une austérité qui traduit peut-être à la fois un désir de neutralité factuelle (comme en témoigne le titre) et une inspiration religieuse (le sous-titre, "Le Vent souffle où il veut", est une citation de l'Évangile selon saint Jean). Certains ont vu dans ce film de Bresson, cinéaste chrétien janséniste, une métaphore de la grâce. Sur un plan cinématographique, c'était pour Truffaut, en 1956, "le film le plus décisif de ces dix dernières années".
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4,0
Publiée le 8 décembre 2009
La minutieuse prèparation d'èvasion d'un rèsistant français incarcèrè par la Gestapo, analysèe et dissèquèe de façon abstraite par Robert Bresson, où chaque geste prend une importance considèrable est vraiment remarquable! Dans cette adaptation du rècit d'Andrè Devigny, l'authentique hèros de cette histoire vraie a servi de conseiller technique à Bresson qui a reçu le Prix de la mise en scène au festival de Cannes! Dès le premier plan, la camèra, rivèe sur des mains semble filmer la libertè elle-même! Le thème du mur nu s'affirme dans l'univers carcèral d'"Un condamnè à mort s'est èchappè"! A qui veut saisir cette exigence de puretè nèe d'un total dèpouillement (les dècors sont extrêmement simples, de même que les plans utilisès), il convient de voir ce grand film austère de Bresson...
Le récit authentique aussi minutieux que captivant de l’évasion d’un résistant français en 1943, récompensé par le Prix de la mise en scène à Cannes. On s'y croirait ! 3,75
D'une sobriété froide, la réalisation renforce l'aspect documentaire voulu par la voix off biographique, l'esthétisme du noir et blanc ainsi que le jeu naturaliste de comédiens servant des dialogues épurés, concentrant toute l'attention sur la préparation de l'évasion ainsi que sur les choix stratégiques opérés par le héros (intéressant François Leterrier); ne s'encombrant guère de psychologie ni d'émotion le récit s'attache à son fil directeur. Un parti-pris assumé!
S'inspirant de faits réels, Robert Bresson analyse de façon presque abstraite l'évasion d'un condamné à mort emprisonné à la prison Saint-Luc de Lyon en 1943. Tout est dans la dissection des gestes, les cadrages, le bruitage. Exercice impressionnant et haletant où Bresson exprime son génie puriste.
un film en N&B, soigné, épuré, aux dialogues minimaux. L'essentiel est dans le cadrage, les bruitages, les plans rapprochés. Le jeu des acteurs. Le suspens est présent, mais pas pesant. On se demande si le héros va arriver à terminer sa préparation d'évasion sans se faire changer de cellule, sans être découvert. La brutalité allemande est évoquée de façon indirecte : exécutions par fusillades, blessures suite à interrogatoire. la musique de Mozart souligne les tournants du film. Tout cela est plutôt captivant, mais un peu ennuyeux à la longue
Film épuré de tout suspense, de toute tension (ou presque), pour en ressortir un plan méthodique à la première personne, comme l'application d'un mode d'emploi de l'évasion paré aux éventualités, lent et froid, une proposition de cinéma assez particulière que j'ai aimé pour sa radicalité, son authenticité et son climat presque poétique, après je ne pense pas que j'en retienne grand chose à l'avenir, c'est en quelque sorte le défaut des ses qualités.
Ma découverte de la filmographie de Robert Bresson s'est faite avec Un Condamné à Mort s'est échappé, c'était il y'a cinq ans, ce premier choc visuelle, esthétique et émotionnelle est encore indélébilement gravé dans ma mémoire.
Pour l'avoir revu il y'a quelques heures à peines, le moment fut à nouveau exaltant.
Le film de Robert Bresson est impressionnant à bien des égards, ont dit de lui qu'il est rugueux et difficile, c'est le cas. Ceci n'entrave en rien, pour moi tout du moins, la passion qui se niche dans son giron et qui contamine à force de tension générale décuplé par son enjeu et son mimétisme son déroulé de l'évènement. Le récit de cette " Nuit Noire " est incroyable, suffocante, j'ai moi aussi été pris de vertiges tout comme Fontaine devant ses prises de décisions qui le bouleverse, certes à sa manière, mais que l'on entrevoie dans son escalade ...
Avant ce soir là, nous assistons avec méthode aux bon soins de la confection du plan, partie hautement significative et qui font le légende de Bresson. Point par point, la découpe de son moindre geste nous est ici érigé en Art. Du cran et de l'ingéniosité en pagaille trust les plans de ce Chef d'Œuvre. La concentration d'attention à l'habileté agisse dans ses circonstances sur ses portées plus philosophiques. Loin de tout manichéisme, à l'instar de Mouchette, les notions qui animent les termes Bien et Mal sont ici définis à des hauteurs rationnel mais tout aussi fiévreuse et spirituel. De la reconstitution au couteau indexé par cette économie rustique et rude prôné par son cinéaste nait une réflexion désarmante ... Un Condamné à Mort s'est échappé témoigne de ses vues sur le Monde et raconte au-delà même de ses convictions sa bataille ( la lutte comme il est dit dans le film ), son entrain, sa foi !
Les acteurs de ce long-métrage ont aussi à être mentionné dans cet éloge. Le Visage de Fontaine derrière ses barreaux et les conversations qu'ils mènent avec ses compagnons d'infortunes sont d'évidentes attestations du réflexe arbitraire de ma mémoire. Une phrase de ce film me revient à cet instant - " Il n'y a plus de place pour la haine sur ce visage ". Ce malheureux Orsini est celui qui le porte, espoir et désespoir se ressemble fortement parfois.
Avec forces détails on suit le projet d'évasion du lieutenant Fontaine, prisonnier des nazis. Avec de la minutie et de l'imagination, il réussit une entreprise qui semblait complètement impossible. Le seul reproche que je fais à ce film, c'est le ton employé qui est celui de la récitation sans guère de nuances. Du coup, les rares dialogues semblent très peu naturels.
Le temps s'étire... les images en noir et blanc permettre des plans fixes magnifiques. Beaucoup de films modernes devraient s'inspirer de ce réalisateur.
"Un Condamné à mort s'est échappé" se veut minimaliste par la quasi absence de dialogues, de musique, par la sobriété du décor et le nombre de personnages réduits. Epuré de tous ces artifices, le film n'en est que plus percutant et le spectateur ne peut que se focaliser sur le personnage central, ses pensées exprimées par une voix off et surtout par son obsession de l'évasion. Une évasion d'ailleurs haletante à l'ambiance oppressante. Un film dirigé de main de maître par Robert Bresson qui offre une oeuvre dôtée d'une âme et d'un caractère. Du grand cinéma !!!!
Un condamné à mort s'est échappé est un bon film de Robert Bresson. L'histoire est séduisante et on suit avec intérêt l'évasion du lieutenant Fontaine et pour le coup, la voix off n'est pas de trop. Son évasion est filmée avec une tension réussie. François Leterrier joue correctement le personnage principal. Pour un noir et blanc, le film est très beau et les décors simplistes mais froids de la prison font leur effet. C'est un film de prison très convaincant qui mérite d'être vu.
Monument du cinéma français, ce film iconique est une œuvre marquante par sa mise en scène et son souhait d'être un film huit clos, monologue particulièrement haletant. La non-présence de la musique, et de la présence du silence, nous plonge en immersion durant le danger que représente ce film. Une vraie maîtrise de tension
D'une grande sobriété ce film ou docu fiction nous fait partager les certitudes, les doutes et les hésitations d'un héros presque ordinaire. On assiste à sa préparation d'évasion comme si on y était.