Sur le fond, "Maris et femmes" aurait pu être un énième Woody Allen à aborder les questions du couple, du mariage, de l'adultère, etc... Pourtant, c'est un des films les plus surprenants de son auteur, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la mise en scène : c'est le seul film d'Allen composé de longs plans-séquences avec caméra à l'épaule (il y a aussi des plans fixes lorsque les acteurs s'adressent face à la caméra lors des scènes chez le psy), ce qui donne à l'image un aspect instable très particulier. Ensuite, même sur le fond, le ton est très différents des autres de ses films à aborder la même question : sans être un pur drame comme il en a fait, "Maris et femmes" n'est pas une comédie, il n'y a pas les dialogues vifs et ironiques auxquels on est habitués chez lui. Au contraire, il doit y avoir dans ce film autant de "gros mots" que dans tout le reste de la filmographie d'Allen ; la scène où Sydney Pollack et sa jeune compagne s'engueulent vertement en sortant d'une soirée intello est franchement étonnante. Enfin, ce film est probablement le plus personnel d'Allen. On sait comment a fini le mariage d'Allen et de Mia Farrow dans la vraie vie, et on ne peut que comparer les nombreuses similitudes entre le couple qu'ils jouent à l'écran et celui qu'ils étaient à la ville. Ce film semblait être pour Allen une véritable psychanalyse, comme le montre le dernier plan, où il s'adresse à la caméra en demandant si c'était enfin fini. "Maris et femmes" est donc un film assez bizarre, d'ailleurs pas forcément toujours très bien interprété par Allen et Farrow. Sydney Pollack est en revanche génial, Juliette Lewis également.