En 1968, un vent de révolte et de rébellion soufflait des deux côtés de l'Atlantique. A cette époque, Peter Brook militait, comme beaucoup d'autres, contre la guerre du Vietnam. Après la réalisation de son film, le cinéaste est passé à d'autres activités et s'est désintéressé de la sortie du long métrage. On sait aujourd'hui que Tell me lies aurait dû être diffusé au Festival de Cannes en 1968, mais que le conseil d'administration a refusé de le programmer à cause des problèmes politiques qui secouaient le pays. Cependant, le film est passé par le Festival de Venise et y a reçu une mention spéciale du Jury, ainsi que le prix de la critique.
Ce sont deux des organismes les plus célèbres en ce qui concerne la restauration de films qui ont eu la charge de redonner vie à Tell me lies : la fondation Groupama Gan et la fondation Technicolor.
Cela fait des années que ce film de Peter Brook est considéré comme perdu. C'est en 2010 que le cinéaste a fait appel à la Fondation Groupama Gan pour retrouver et restaurer le film. Brook ne possédait alors qu'une ancienne copie 35mm abimée, à laquelle il manquait une scène ! A partir du générique de Tell me lies, la fondation Groupama Gan a fait des recherches dans divers laboratoires en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Ce n'est qu'après avoir retrouvé la scène manquante de la copie du réalisateur que le travail de restauration a commencé.
La sortie de ce film en 2012 est comme une seconde chance pour Peter Brook, car à l'époque, Tell me lies avait été mal reçu : "(...) la situation était tellement confuse, la politique tellement polarisée que, pour les journalistes américains, il ne pouvait pas y avoir un film sur le Vietnam sans nécessairement un point de vue soit de droite, soit de gauche", se souvient Peter Brook. Aujourd'hui, le cinéaste est plus confiant, tant l'époque est différente : "Il me semble qu’il est désormais plus facile pour le spectateur de comprendre qu’il ne s’agit pas de suivre une ligne mais de se remettre en question, de voir les choses autrement et avec courage, de faire face aux contradictions apparemment impossibles à résoudre."
En plus du film, qui est de nouveau accessible après des années, sort un livre écrit par les responsables de la restauration. Ils ont recueilli de nombreux témoignages de l'équipe de Tell me lies (Peter Brook, l'actrice Glenda Jackson), mais aussi d'autres témoins de cette époque de révolte, comme le cinéaste Costa-Gavras.
Tell me lies est le cinquième long métrage de Peter Brook, dont le film le plus célèbre reste Sa Majesté des mouches (1963).
La copie restaurée de Tell me lies a été présentée en avant-première mondiale au festival de Venise en 2012.