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inspecteur morvandieu
40 abonnés
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3,0
Publiée le 11 février 2024
C'est l'histoire classique du légionnaire, ou plus exactement de l'homme que son passé et son existence précaire conduisent à s'engager. Au coeur du Maroc, dans la légion espagnole, Jean Gabin tente d'oublier le meurtre qu'il, a commis à Paris (qu'on imagine aussi justifié que passionnel) et qui l'a conduit à errer dans Barcelone spoiler: avant de combatre les insurgés du Rif.
Ce Gabin assassin rappelle celui du "Jour de lève" de Carné et de "Au-delà des grilles" de René Clément, tournés plus tard, incarnation réaliste de la figure prolétaire et parisienne incessamment condamnée pour son acte. C'est ce réalisme populaire qui séduit encore une fois chez Duvivier; Le film est une histoire sur la fraternisation des hommes en bout de course, engagés vers le même destin, même si l'un d'entre eux (Robert le Vigan, excellent dans l'infâmie comme dans la rédemption) spoiler: est un mouchard traquant le meurtrier Pierre Gilieth. Ces gueules et cette langue populaire sont en tout cas plus significatif du film que la partie sentimentale où Annabella compose unespoiler: danseuse marocaine un peu toc.
Un film noir romanesque au charme désuet et au récit assez convenu, qui a pour cadre la légion étrangère où l'homme (impeccable Jean Gabin) peut oublier son passé, enfin le croit-il...
Jean Gabin trouve un refuge à son acte. Il compte du coup sur l’amitié et la camaraderie, comme pour expier son crime. Mais il devra combattre contre les autres qui n’ont pas les mêmes raisons que lui de fuir.
Dans une interview accordée en 1969, Jean Gabin avait lui-même avait déclaré que les films dans lesquels il avait joué dans les années 30 et qui ont fait de lui un acteur incontournable de l'avant guerre étaient devenus impossibles à regarder. Je me demande bien ce qu'il dirait s'il voyait que, de nos jours, ces films sont encore regardés et appréciés majoritairement. "La Bandera" ou l'histoire d'un homme qui a tué et qui, pour fuir son passé, s'engage dans la légion étrangère espagnole. Malgré ses quelques 86 années d'existence, le film a gardé toute sa force. Parce que (mais ça n'est évidemment pas la seule raison), de nos jours, la légion étrangère (qu'elle soit française ou espagnole) compte toujours autant de mecs n'ayant plus rien à perdre. Quitte à mourir, essayer de mourir honorablement. L'histoire reste toujours intéressante, le rythme ne fluctue jamais, la mise en scène de Duvivier est superbe et il y a bien évidemment l'interprétation. En premier lieu, celle de Gabin qui a trouvé son style et qui l'applique à merveille et ensuite, celle de Robert Le Vigan. On ne pourra jamais lui pardonner ses accointances avec le régime hitlérien, ainsi que ses pratiques collaborationnistes mais, le voir jouer restera toujours un régal.
Je vais faire bande à part sur ce coup mais ce film m'a terriblement ennuyé. J'ai cru un moment qu'il se passait en Espagne et à l'approche de 1936 le scénario aurait pu être historiquement intéressant mais à la lecture des commentaires ce n'est apparemment pas le cas et je ne vois pas à quoi il fait référence. Certainement à un conflit dans le riff marocain mais le scénario apporte peu d'éléments et très franchement il a (très) mal vieilli au diapason du jeu d'acteurs. Seule bonne surprise avec la présence de Gabin jeune et franchement beau gosse, il y a quelque chose de Delon dans son regard, et quand on connait la suite …
"La Bandera" (1935) est le premier chef d'œuvre d'avant-guerre de Jean Gabin qui accède en même temps que son réalisateur à une gloire soudaine. Adaptation d'un roman éponyme de Pierre Mac Orlan (paru en 1931) comme le sera "Quai des brumes" de Marcel Carné en 1938, "La Bandera", s'inscrit dans la mode de l'époque sévissant en France comme à Hollywood des films exaltant l'exotisme de l'aventure coloniale sous toutes ses formes. Du "Fils du Sheik" (1926) de George Fitzmaurice à "Casablanca" (1943) de Michael Curtiz en passant par "Morocco" (1930) de Josef Von Sternberg ou "Les trois lanciers du Bengale" (1935) d'Henry Hathaway, ils sont nombreux les films regardant à travers le prisme déformant d'un héroïsme romantique fabriqué de toutes pièces, un Maghreb ou une Inde qui n'existent déjà plus, s’ils avaient d’ailleurs déjà existé un jour. Julien Duvivier dans toute sa rigueur naturaliste, évite autant que faire se peut de tomber dans le piège facile d'un exotisme magnifié qui détournerait l'attention de son propos, ici essentiellement bâti autour de la deuxième chance que tout homme peut s'offrir en échange du sang versé pour le corps de la Légion Étrangère déjà en train de défendre un empire colonial soumis aux prémices de la rébellion. De Pierre Gilieth (Jean Gabin) devenu tueur et obligé de fuir Paris, Duvivier choisi délibérément de ne rien nous dévoiler de son passé dans le but d'indiquer d'emblée au spectateur qu'il ne verra pas un simple film policier mais le parcours rédempteur d'un homme qui va se fondre dans le corps de la Légion pour, avec ses compagnons d'armes, tenter d'oublier les démons qui le hantent et donner un sens nouveau à sa vie. Gabin qui va enchaîner dans les cinq années qui suivent une petite dizaine de chefs d'œuvre sous la houlette de Marcel Carné, Jean Grémillon, Jean Renoir et encore Duvivier, expose ici toute la singularité de son jeu qui par une économie d'expression inconnue jusqu'ici (on sort à peine du cinéma muet) s'empare immédiatement de toute la vérité tragique du personnage. La présence d'un camarade de chambrée au comportement trouble interprété par l'indispensable Robert Le Vigan renforce la vigilance du légionnaire Gilieth constamment sur ses gardes malgré l'autorité paternelle rassurante de son capitaine de batterie (impeccable Pierre Renoir) et son amour foudroyant pour une beauté locale (Annabella un peu anachronique en fatma). L'optimisme n'étant pas la caractéristique première du cinéma de Julien Duvivier, se dessine en creux une issue fatale venant rappeler que le rachat et le salut peuvent n'être que provisoires et finir par s'incarner pleinement dans le sacrifice. Paradoxalement c'est celui venu pour le traquer qui par l'amitié tardivement acquise va concrétiser le pardon recherché. Au-delà des thématiques habituellement développées par Duvivier autour de la lutte intérieure entre le bien et le mal qui habite tout homme, l'esthétique de la mise en scène du grand réalisateur trop longtemps oublié donne à son film une valeur documentaire qui lui permet, allié à la performance de Jean Gabin, de conserver encore aujourd'hui intacte toute sa force expressive.
ce que j'aime bien chez Duvivier, c'est son côté naturaliste qui permet de nous décrire de manière non édulcoré et détaillé un univers qui existait à l'époque ou il a fait son film et qui a disparu depuis. Pas de grande histoire d'amour exotique comme on le voit généralement dans les films sur les légionnaires ( morroco, gueule d'amour...) mais au contraire la description non romancée et ancrée dans la réalité du parcours d'un homme qui après avoir provoqué la mort d'un autre homme tente de disparaitre dans le monde interlope de Barcelone et qui échouant dans cette tentative va s'enrôler dans la légion. la seule erreur de casting est Annabella qui interprète de manière très conventionnelle et peu naturelle une prostituée de garnison ( l'histoire d'amour est un peu fade et escamotée mais on s'en fout un peu car ce n'est manifestement pas ce qui intéresse Julien Duvivier qui est plus attaché à décrire le destin d'un paria) Mais pour le reste Julien Duvivier nous livre une galerie de personnages plus intéressants les uns que les autres avec des seconds rôles comme on ne voit plus dans le cinéma actuel ( mention spéciale à le Vigan qui interprète un personnage à double face et à Pierre Renoir qui interprète un capitaine particulièrement charismatique ) Et bien sûr Jean Gabin qui dans un mélange de force et de vulnérabilité habite le personnage. Si le message final du film à la gloire de la légion est assez conventionnel, néanmoins la fin reste assez surprenante mais je n'en dirai pas plus pour ne pas la dévoiler...
« La Bandera », premier film parlant véritablement important de Julien Duvivier, parfois comparé (à tort) à « The Lost Patrol » de John Ford, privilégie le côté héroïque et noir, alors que celui de Ford est un exercice concentrationnaire où la forme (aucun plan large passé les trois premières minutes) est au service du fond (l’angoisse et la solidarité d’une poignée de soldats face à l’ennemi invisible) si bien que l’exercice Fordien devient picturalement sublime et absurdement abstrait et désespéré par son minimalisme. Duvivier au contraire filme de grands espaces et d’imposantes compagnies de légionnaires ancrées dans une population marocaine dont le caractère réaliste et respectable tourne le dos aux clichés cinématographiques habituels (surtout à cette époque). Annabella qui interprète Aischa la Sla, beauté berbère aussi animale que raffinée, est la grande star du film (elle était considérée comme l’une des plus belles femmes du monde). Son amoureux est Jean Gabin qui, grâce à son jeu très en avance sur son temps et à l’immense succès du film deviendra THE star du cinéma français des années trente et quarante. Tout au long des 96 minutes, à aucun moment le film ne semble pesant (si ce n’est un Robert Le Vigan au jeu outré). A la fin, Annabella sublime de grâce et de tristesse contenue dans la dernière scène, nous gratifie d’un des plus beau regard de l’histoire du cinéma. Il résume ce noir destin, aussi désespéré qu’inévitable, que la légion étrangère magnifiée aurait pu faire oublier. Mais par la faute d’une direction d’acteur trop datée en ce qui concerne les rôles secondaires (Pierre Renoir et Aimos exceptés), Duvivier passe à côté d’un chef d’œuvre. Ce sera hélas le cas de presque tous les grands films du cinéaste.
Bon film de Gabin, avec un scénario suranné; mais qui nous permet de replonger dans les années 30. Dommage que le contexte historique exact soit à peine évoqué : l'Espagne dans le nord du Maroc et les affrontements avec la population locale. Car cela nuit un peu à la compréhension du film. On voit bien le peu de moyen financier, et les trucages sont plus que grossiers ; mais néanmoins c'est un film à voir pour qui s'intéresse au cinéma de ces années là. A réserver aux cinéphiles ou fans de Gabin ou de Duvivier...
Un film colonialiste, de droite, voire d'extrême-droite dédiée d'ailleurs au général Franco peu avant la Guerre civile. Mais l'histoire tient la route d'après un bon roman de Pierre Mac Orlan. Les personnages sont bien rendus avec un univers âpre, viril, violent. La mise en scène est un peu brouillonne, mais originale. Le film disposait de peu de moyens, mais Duvivier avec son savoir-faire s'en est bien sorti et fit de Jean Gabin une vraie vedette. Par contre, les femmes indigènes sont jouées par des actrices françaises à l'accent parisien, une faute courante à cette époque. Une réflexion sur ces hommes de la légion étrangère qui ont le droit d'effacer leur passé, d'expier leur faute par un engagement souvent fatal, alors que la société voudrait les juger et les punir.
l’audace formelle de Duvivier se manifeste à plusieurs reprises : on se souviendra longtemps de la scène de bagarre dans le bar où la caméra est sévèrement malmenée (anticipant ainsi les effets contemporains de shakycam), ou encore les premiers plans largement influencés par l’expressionnisme allemand. Il est d’autant plus dommage que l’ensemble du long-métrage ne soit pas du même niveau. Ainsi la partie qui présente au spectateur le fonctionnement de la légion est sans doute trop académique dans son traitement, aussi bien sur le plan formel que thématique. On peut également regretter le jeu daté de certains acteurs (Robert Le Vigan apporte avec lui ses tics de théâtre qui passent mal l’épreuve du temps). Pas de quoi toutefois bouder son plaisir devant ce très gros succès du cinéma français qui a permis de lancer définitivement la carrière de Duvivier et de consacrer une bonne fois pour toute Jean Gabin comme LA star française du moment.
Après un Pépé le Moko qui ne m'avait pas vraiment emballé, je décidais tout de même de tenter un autre film du duo Duvivier/Gabin : La Bandera... Et je n'ai pas franchement grand chose à dire sur le film, Gabin est très bon, son personnage échappe au manichéisme, la mise en scène est plus que correcte, l'histoire se suit bien... Mais au final c'est juste bon, rien non plus de bien transcendant, de marquant ou d'inoubliable.
Le film a eu un remake avec JCVD "Légionnaire". Ici, malgré l'aspect un peu naïf de l'époque, le film reste bon et la plupart des acteurs sont dans le thème. Ce n'est pas un excellent divertissement et je n'irai pas non plus jusqu'à dire qu'il s'agisse d'un film de propagande pour la Légion Etrangère mais il a le mérite de faire découvrir les valeurs de ce corps d'élite et quelques raisons du pourquoi s'y engager. Un divertissement à découvrir pour les amoureux de la légion et les fans de Jean Gabin aux traits intemporels.
Une sorte de petit monument historique que ce film d'un Julien Duvivier toujours à l'aise sous le soleil (Espagne et Maroc ici, Alger dans "Pépé le Moko", qui ressemble beaucoup à ce film ci, Italie dans les Don Camillo...). Autour d'un Gabin à sa main de l'époque (Voyou viril dans lequel la violence laisse régulièrement la place au grand cœur brut de décoffrage), des acteurs inégaux mais plutôt haut de gamme, et surtout un extraordinaire Pierre Renoir en capitaine poétique (même si pour admirer totalement sa performance il faudrait oublier qu'il joue ici le rôle d'un Franco romancé et propagandiste). Quelques rôles à côté de la plaque (une Aïscha peu crédible et souvent ridicule car sur-jouée par une actrice parisienne, le légionnaire Weber dont la "performance" surexcité tombe le plus souvent à plat...), d'autres impeccable et justes (Modot, Aimos...) , et un étrange: Robert Le Vigan en mouchard infiltré, plutôt pénible la plus grande partie du film, mais qui, sur une simple scène de fin admirable (les "morts à l'ennemi") nous laisse sur une excellente impression. Un film sur la légion intéressant et souvent réaliste, excepté les ennemis invisibles (grosse économie de figurants) et un Maroc fort beau mais vide d'habitants, à part quelques prostituées (marocaines toutes jouées par des actrices françaises) peu dépaysantes. Vieilli? certes, mais pas tant que ça quand on regarde son âge (plus de 80 ans!)
Ce film est dans le même registre très vieux et très rébarbatif que les autres premiers films de Gabin, avec toutefois une différence notable dans la représentation assez crue qu'il fait de la violence. Gabin assume parfaitement un rôle inhabituel de personnage grossier et violent qui se met à l'abri de la justice dans la Légion étrangère. Historiquement, il est fascinant à pile et à face : d'un côté le contexte du tournage ne se prête pas à un film sur la guerre (surtout pas dans un autre pays que la France), et d'un autre, quand on y pense a posteriori, à l'orée d'une véritable guerre. Pour qui a la patience de détailler une si longue carrière d'ancien acteur, ce film sort un peu du lot.