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tomPSGcinema
749 abonnés
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3,5
Publiée le 5 mai 2012
Réalisé au milieu des années 30 par un Julien Duvivier en excellente forme et interpréter par des comédiens hyper talentueux (Jean Gabin et Robert Le Vigan sont époustouflants !), ce drame français a su conserver une bonne partie de sa force et de son charme plus de 75 ans après sa création. La mise en scène est vraiment de qualités et le fait que cela soit tourné, par moments, à la façon d’un documentaire fait évidemment augmenter son atmosphère dramatique qui est bien présent tout au long du récit.
"La Bandera" (1935) est le premier chef d'œuvre d'avant-guerre de Jean Gabin qui accède en même temps que son réalisateur à une gloire soudaine. Adaptation d'un roman éponyme de Pierre Mac Orlan (paru en 1931) comme le sera "Quai des brumes" de Marcel Carné en 1938, "La Bandera", s'inscrit dans la mode de l'époque sévissant en France comme à Hollywood des films exaltant l'exotisme de l'aventure coloniale sous toutes ses formes. Du "Fils du Sheik" (1926) de George Fitzmaurice à "Casablanca" (1943) de Michael Curtiz en passant par "Morocco" (1930) de Josef Von Sternberg ou "Les trois lanciers du Bengale" (1935) d'Henry Hathaway, ils sont nombreux les films regardant à travers le prisme déformant d'un héroïsme romantique fabriqué de toutes pièces, un Maghreb ou une Inde qui n'existent déjà plus, s’ils avaient d’ailleurs déjà existé un jour. Julien Duvivier dans toute sa rigueur naturaliste, évite autant que faire se peut de tomber dans le piège facile d'un exotisme magnifié qui détournerait l'attention de son propos, ici essentiellement bâti autour de la deuxième chance que tout homme peut s'offrir en échange du sang versé pour le corps de la Légion Étrangère déjà en train de défendre un empire colonial soumis aux prémices de la rébellion. De Pierre Gilieth (Jean Gabin) devenu tueur et obligé de fuir Paris, Duvivier choisi délibérément de ne rien nous dévoiler de son passé dans le but d'indiquer d'emblée au spectateur qu'il ne verra pas un simple film policier mais le parcours rédempteur d'un homme qui va se fondre dans le corps de la Légion pour, avec ses compagnons d'armes, tenter d'oublier les démons qui le hantent et donner un sens nouveau à sa vie. Gabin qui va enchaîner dans les cinq années qui suivent une petite dizaine de chefs d'œuvre sous la houlette de Marcel Carné, Jean Grémillon, Jean Renoir et encore Duvivier, expose ici toute la singularité de son jeu qui par une économie d'expression inconnue jusqu'ici (on sort à peine du cinéma muet) s'empare immédiatement de toute la vérité tragique du personnage. La présence d'un camarade de chambrée au comportement trouble interprété par l'indispensable Robert Le Vigan renforce la vigilance du légionnaire Gilieth constamment sur ses gardes malgré l'autorité paternelle rassurante de son capitaine de batterie (impeccable Pierre Renoir) et son amour foudroyant pour une beauté locale (Annabella un peu anachronique en fatma). L'optimisme n'étant pas la caractéristique première du cinéma de Julien Duvivier, se dessine en creux une issue fatale venant rappeler que le rachat et le salut peuvent n'être que provisoires et finir par s'incarner pleinement dans le sacrifice. Paradoxalement c'est celui venu pour le traquer qui par l'amitié tardivement acquise va concrétiser le pardon recherché. Au-delà des thématiques habituellement développées par Duvivier autour de la lutte intérieure entre le bien et le mal qui habite tout homme, l'esthétique de la mise en scène du grand réalisateur trop longtemps oublié donne à son film une valeur documentaire qui lui permet, allié à la performance de Jean Gabin, de conserver encore aujourd'hui intacte toute sa force expressive.
Je le répèterai aussi longtemps qu'il le faudra: Julien Duvivier est un des plus grand cinéaste de l'histoire du cinéma, à rangé au même rang qu'un Eisenstein, Renoir, Ford, Bergman ou Kurosawa. Il serait temps que les historiens du cinéma le réhabilite de même que le monde du cinéma dans son ensemble.. La Bandéra préfigure La Belle équipe ou Pépé le Moko, avec le même Jean Gabin. Bien qu'il y ait un côté surrané, dû aux codes du genre réalisme poétique en vogue dans les années trentes et dont Gabin reste l'étandard, Julien Duvivier a su restituer avec soin l'univers de la légion. Très inventif dans sa mise en scène (mouvements de caméra et montage innovants, travellings, plans larges dans les tournages en extérieur...) il a donner a ce film un parfum d'éternité. C'est pour cela qu'il est considérer à juste titre comme un chef d'oeuvre. Avec ce film Jean Gabin, au talent qui ne cessera toujours de me surprendre, devient une star incontesté. La rigueur apporté à la description psychologique des personnages et la grande direction d'acteurs, y est pour beaucoup. Raymond Aimos et Robert Le Vigan ont leur grand talent également mis en valeur. Mais, au final, c'est la composition de Pierre Renoir (second rôle) en lieutenant qui me revient en mémoire, car il a su insuffler à son personnage un mélange d'autorité et d'humanité d'une profondeur inoubliable: il suffit de voir la fin de la scène du mariage où ayant sanctionné lourdement Gaston Modot, qui souhaite le supprimer, il parvient à faire lui faire comprendre de l'absurdité de ses desseins tout en le valorisant par ce qu'il lui a demandé de faire ou la scène final où il fait littéralement décrocher quelques larmes....
Après un Pépé le Moko qui ne m'avait pas vraiment emballé, je décidais tout de même de tenter un autre film du duo Duvivier/Gabin : La Bandera... Et je n'ai pas franchement grand chose à dire sur le film, Gabin est très bon, son personnage échappe au manichéisme, la mise en scène est plus que correcte, l'histoire se suit bien... Mais au final c'est juste bon, rien non plus de bien transcendant, de marquant ou d'inoubliable.
Le film a eu un remake avec JCVD "Légionnaire". Ici, malgré l'aspect un peu naïf de l'époque, le film reste bon et la plupart des acteurs sont dans le thème. Ce n'est pas un excellent divertissement et je n'irai pas non plus jusqu'à dire qu'il s'agisse d'un film de propagande pour la Légion Etrangère mais il a le mérite de faire découvrir les valeurs de ce corps d'élite et quelques raisons du pourquoi s'y engager. Un divertissement à découvrir pour les amoureux de la légion et les fans de Jean Gabin aux traits intemporels.
Dans une interview accordée en 1969, Jean Gabin avait lui-même avait déclaré que les films dans lesquels il avait joué dans les années 30 et qui ont fait de lui un acteur incontournable de l'avant guerre étaient devenus impossibles à regarder. Je me demande bien ce qu'il dirait s'il voyait que, de nos jours, ces films sont encore regardés et appréciés majoritairement. "La Bandera" ou l'histoire d'un homme qui a tué et qui, pour fuir son passé, s'engage dans la légion étrangère espagnole. Malgré ses quelques 86 années d'existence, le film a gardé toute sa force. Parce que (mais ça n'est évidemment pas la seule raison), de nos jours, la légion étrangère (qu'elle soit française ou espagnole) compte toujours autant de mecs n'ayant plus rien à perdre. Quitte à mourir, essayer de mourir honorablement. L'histoire reste toujours intéressante, le rythme ne fluctue jamais, la mise en scène de Duvivier est superbe et il y a bien évidemment l'interprétation. En premier lieu, celle de Gabin qui a trouvé son style et qui l'applique à merveille et ensuite, celle de Robert Le Vigan. On ne pourra jamais lui pardonner ses accointances avec le régime hitlérien, ainsi que ses pratiques collaborationnistes mais, le voir jouer restera toujours un régal.
Une sorte de petit monument historique que ce film d'un Julien Duvivier toujours à l'aise sous le soleil (Espagne et Maroc ici, Alger dans "Pépé le Moko", qui ressemble beaucoup à ce film ci, Italie dans les Don Camillo...). Autour d'un Gabin à sa main de l'époque (Voyou viril dans lequel la violence laisse régulièrement la place au grand cœur brut de décoffrage), des acteurs inégaux mais plutôt haut de gamme, et surtout un extraordinaire Pierre Renoir en capitaine poétique (même si pour admirer totalement sa performance il faudrait oublier qu'il joue ici le rôle d'un Franco romancé et propagandiste). Quelques rôles à côté de la plaque (une Aïscha peu crédible et souvent ridicule car sur-jouée par une actrice parisienne, le légionnaire Weber dont la "performance" surexcité tombe le plus souvent à plat...), d'autres impeccable et justes (Modot, Aimos...) , et un étrange: Robert Le Vigan en mouchard infiltré, plutôt pénible la plus grande partie du film, mais qui, sur une simple scène de fin admirable (les "morts à l'ennemi") nous laisse sur une excellente impression. Un film sur la légion intéressant et souvent réaliste, excepté les ennemis invisibles (grosse économie de figurants) et un Maroc fort beau mais vide d'habitants, à part quelques prostituées (marocaines toutes jouées par des actrices françaises) peu dépaysantes. Vieilli? certes, mais pas tant que ça quand on regarde son âge (plus de 80 ans!)
Jean Gabin trouve un refuge à son acte. Il compte du coup sur l’amitié et la camaraderie, comme pour expier son crime. Mais il devra combattre contre les autres qui n’ont pas les mêmes raisons que lui de fuir.
Un film noir romanesque au charme désuet et au récit assez convenu, qui a pour cadre la légion étrangère où l'homme (impeccable Jean Gabin) peut oublier son passé, enfin le croit-il...
« La Bandera », premier film parlant véritablement important de Julien Duvivier, parfois comparé (à tort) à « The Lost Patrol » de John Ford, privilégie le côté héroïque et noir, alors que celui de Ford est un exercice concentrationnaire où la forme (aucun plan large passé les trois premières minutes) est au service du fond (l’angoisse et la solidarité d’une poignée de soldats face à l’ennemi invisible) si bien que l’exercice Fordien devient picturalement sublime et absurdement abstrait et désespéré par son minimalisme. Duvivier au contraire filme de grands espaces et d’imposantes compagnies de légionnaires ancrées dans une population marocaine dont le caractère réaliste et respectable tourne le dos aux clichés cinématographiques habituels (surtout à cette époque). Annabella qui interprète Aischa la Sla, beauté berbère aussi animale que raffinée, est la grande star du film (elle était considérée comme l’une des plus belles femmes du monde). Son amoureux est Jean Gabin qui, grâce à son jeu très en avance sur son temps et à l’immense succès du film deviendra THE star du cinéma français des années trente et quarante. Tout au long des 96 minutes, à aucun moment le film ne semble pesant (si ce n’est un Robert Le Vigan au jeu outré). A la fin, Annabella sublime de grâce et de tristesse contenue dans la dernière scène, nous gratifie d’un des plus beau regard de l’histoire du cinéma. Il résume ce noir destin, aussi désespéré qu’inévitable, que la légion étrangère magnifiée aurait pu faire oublier. Mais par la faute d’une direction d’acteur trop datée en ce qui concerne les rôles secondaires (Pierre Renoir et Aimos exceptés), Duvivier passe à côté d’un chef d’œuvre. Ce sera hélas le cas de presque tous les grands films du cinéaste.
C'est l'histoire classique du légionnaire, ou plus exactement de l'homme que son passé et son existence précaire conduisent à s'engager. Au coeur du Maroc, dans la légion espagnole, Jean Gabin tente d'oublier le meurtre qu'il, a commis à Paris (qu'on imagine aussi justifié que passionnel) et qui l'a conduit à errer dans Barcelone spoiler: avant de combatre les insurgés du Rif.
Ce Gabin assassin rappelle celui du "Jour de lève" de Carné et de "Au-delà des grilles" de René Clément, tournés plus tard, incarnation réaliste de la figure prolétaire et parisienne incessamment condamnée pour son acte. C'est ce réalisme populaire qui séduit encore une fois chez Duvivier; Le film est une histoire sur la fraternisation des hommes en bout de course, engagés vers le même destin, même si l'un d'entre eux (Robert le Vigan, excellent dans l'infâmie comme dans la rédemption) spoiler: est un mouchard traquant le meurtrier Pierre Gilieth. Ces gueules et cette langue populaire sont en tout cas plus significatif du film que la partie sentimentale où Annabella compose unespoiler: danseuse marocaine un peu toc.
Un des meilleurs films de Gabin comme de Duvivier, malheureusement encore souvent trop méconnu. L'histoire est riche, évite les écueils dans lesquels tombent aujourd'hui les films du même genre. Un casting parfait, un véritable scénario et une évolution de l'histoire qui ne peut que toucher au coeur. Une fin magnifique, sorte de Alamo à la française en huis clos. Chef d'oeuvre !
Film qui accuse le poids des ans techniquement parlant et déjà très limite pour 1935. Jean Gabin fait du Gabin et l'histoire narré est habituel du cinéma français d'entre deux geurres avec un certain souffle et de la force.
Le cinéma français a véritablement connu un âge d'or dans les années 30. La Bandera fait partie de cette période glorieuse de notre cinéma national. L'histoire est intéressante, la réalisation de qualité (ce qui n'est pas surprenant de la part du futur réalisateur de La Belle équipe et de Panique) et l'interprétation est excellente (Jean Gabin à cette époque était l'incarnation idéale de l'homme du peuple). De plus, ce film nous permet de découvrir ce qu'était la Légion espagnole. Ce contexte historique est, par contre, très peu expliqué, ce qui est normal pour les spectateurs de l'époque mais peut être un peu handicapant pour le spectateur d'aujourd'hui. L'autre point un peu surprenant est le nombre de personnes parlant le Français dans la Légion espagnole (mais c'est une convention assez courante dans le cinéma populaire quelque soit le pays). Enfin, faire interpréter une marocaine à Annabella et non par une marocaine est un choix un peu surprenant aujourd'hui même si, une fois encore, c'était une habitude à l'époque et que le maquillage est suffisamment crédible pour que cela marche. Il ne faudrait pas non plus trop s'attarder sur ce point car, contrairement à beaucoup de films de cette époque, les indigènes (comme on disait alors) des colonies ne sont pas présentés de manières caricaturales et Aïscha est un personnage sensible et important dont tombe amoureux Jean Gabin (chose qui devait pouvoir choquer dans cette période coloniale). Même si on n'atteint pas les sommets de La Grande illusion et de La Belle équipe, La Bandera est un film d'une grande qualité qui garde toujours aujourd'hui le charme particulier de cette époque.
Ce film est un classique d ucinéma français car c'est celui qui imposa Jean Gabin comme vedette. Bien sur, les films à venir signés Renoir ou Carné seront encore plus forts mais cette histoire d'amitié virile entre un légionnaire et un policier ne manque pas de charme suranné.