Charles Vidor est vraiment un metteur en scène éclectique, dans une carrière qui va de 'Gilda' au 'Cygne', en passant par la version 1957 de 'L'Adieu aux armes'. Il signe ici un intéressant film d'atmosphère, dans une lande brumeuse et gothique, respectant l'unité de lieu. Pas d'évasion, pas d'ouverture sur d'autres espaces. Les intervenants arrivent de l'extérieur et bouleversent l'équilibre déjà fragile de l'endroit :
Les deux sœurs, le cousin
... Et quand les protagonistes communiquent avec cet extérieur, c'est toujours de manière elliptique.
Le père Bates (Clyde Cook), tel un Charon moderne transportant les âmes vers les Enfers, et sa charrette sont le seul lien avec le monde.
Ida Lupino, dont le personnage se retrouve coincé entre le devoir et le crime, y promène son minois de petit chat efflanqué et son regard intensément fiévreux, mue par une volonté féroce mais déjà marquée par un destin que l'on pressent fatal. Cette année 1941 lui est particulièrement favorable, avec deux autres films majeurs: 'Le vaisseau fantôme (Curtiz) et 'High Sierra' (Walsh).
Comme le reste de la distribution se met au diapason, Louis Hayward en profiteur à la mentalité de gigolo, Evelyne Keyes en boniche mi-futée mi-naïve, Elsa Lanchester, qui était vraiment équipée pour interpréter la folie, ne dérogeant pas à l'ensemble, cela donne une œuvre difficilement classable, et qui mérite le visionnage.