Adapté de l’œuvre triptyque inaboutie du grand Kryzsztof Kieslowski et de son scénariste attitré Kryzsztof Piesiewicz, L’ENFER, second volet de la trilogie originelle, est un film d’une grande force, qu’il doit en grande partie grâce à ce scénario virtuose, mais également à une réalisation codifiée, stylisée, sublime de sa photographie méticuleuse mais plus particulièrement de ses multiples plans hommages/pastiches au défunt génie Kieslowski, pour les connaisseurs qui sauront les identifier et les savourer. Doté d’une tournure très intellectuelle de tragédie familiale grecque - qui sied élégamment à son quatuor d’actrices (Béart, Viard, Gillain, Bouquet, quatre jeux douloureux et tout en nuances) et à son acteur (Canet, profond, mystérieux et fascinant) - le dénouement est magnifiquement troublant, et de par son effet distillé, en devient presque étourdissant sur la durée restante, jusqu’à son amplification finale, qui s’illustre par un effet kaléidoscopique, superbe symbole d’un vertige progressif qui atteint son paroxysme. On regrette Kieslowski plus que jamais, mais on se réjouit en contrepartie de voir que son cinéma est toujours aussi communicatif, pour les cinéastes comme pour les cinéphiles.