Il n'est jamais bon de se féliciter de la mort de quelqu'un ! Toutefois, ici, le décès remonte à 10 ans ou presque et il nous a permis d'éviter que Krzysztof Kieslowski tourne lui-même ce scénario de "l'enfer" écrit pour lui. Alors j'assume. D'autant plus que que celui qui l'a récupéré n'est autre que Danis Tanovic, le réalisateur bosniaque de "No Man's Land" et le résultat, dans un registre très éloigné de celui de son premier film, est proche du chef d'oeuvre. Certes, dans la mesure où Les Inrocks et Pierre Murat de Télérama n'avaient pas aimé ce film, je m'attendais à le trouver à mon goût, mais, franchement, le résultat dépasse mes espérances. En tout début du film, dans 2 scènes brèves, Danis Tanovic introduit une atmosphère qui, tout au long du film, se traduit par une tension sous-jacente, une espèce d'angoisse feutrée. On devine ce qui a amené ces 3 soeurs à entretenir avec les hommes des rapports aussi difficiles, on devine le rôle qu'a pu tenir leur mère. Contrairement à ce qu'on aurait eu avec Kieslowski, rien n'est appuyé, même si le film est riche de quelques scènes d'une très grande intensité, formidablement mises en scène, formidablement interprétées. En effet, même si le résultat est avant tout dû à Tanovic, il ne faut pas oublier les actrices et les acteurs, toutes et tous excellents. Peut-être pour la première fois, j'ai même trouvé Karin Viard excellente ! Quant aux côtés techniques du film (image, cadrage, mouvements de caméra, son) c'est du grand art. Un grand, un très grand film.