Ozu aborde ici un thème un peu différent, et nous donne sa vision sur les fondements du couple, de l’amour : qu’est-ce que le mariage, comment arrive -t-on à une crise , comment la jeune génération contemporaine n’a plus envie de mariages arrangés . La première moitié est assez déconcertante, car on retrouve un groupe d’amies, femmes matures mariées, indépendantes, qui se retrouvent régulièrement pour se moquer de leur époux, avec bien peu de respect, et l’on suppose qu’elles ont toutes « subit » un mariage arrangé. La jeune nièce de l’une d’entre elles assiste à ces réunions de femmes, mais elle n’aime pas ces plaintes et ces moqueries. Elle-même refuse toute idée d’arrangement et veut un mariage d’amour. Elle est très « moderne » et fréquente même une salle de jeux « patchenko », lieu masculin par excellence, superbe scène, très forte, de retrouvailles, de liberté, de transgression, à la Ozu , toute en douceur. La 2eme partie est centré sur le couple principal, qui va vivre une crise, c’est très dur, presque violent , c’est rare chez Ozu , mais on est ici presque dans du drama, les 2 époux en arrivent à se détester, ils se battraient si ils étaient européens. C’était un mariage arrangé. Le dernier quart d’heure est admirable, c’est celui de la réconciliation, car les 2 époux qui prenaient des voies séparées, se retrouvent seuls un soir par hasard, dans leur villa, et décident de se préparer un repas par eux même ( c’est normalement la bonne qui s’occupe de la cuisine ). C’est touchant, en préparant ce simple « riz au thé vert », ils vont se redécouvrir, et s’apprécier à nouveau. Mais le film n’atteint peut-être pas les sommets d’autre Ozu , car il est moins centré , et effleure plusieurs sujets . La réalisation est moins codifiée, moins soignée, moins apurée, que d’habitude. Cela reste un grand témoignage sur les relations humaines et leur complexité, et sur le vrai sens de la liberté, de l’amour et du choix.