Tourné au crépuscule des années 1940, Printemps Tardif permet à Ozu de se pencher sur le destin d'une famille pour notamment y étudier les rapports entre un père et sa fille, où cette dernière ne veut pas laisser son père seul et se marier.
Si je ne connais pas encore bien le cinéma d'Ozu, je suis à nouveau subjugué par sa façon de capter la vie, les destins, les sentiments ou encore les dilemmes imposés, sachant dresser de riches portraits humains. Ici, il se concentre sur les relations que vont avoir une fille et son père, où ce dernier souhaite la voir marier, quitte à lui mentir, alors que celle-ci ne souhaite pas le laisser seul. Ozu, bénéficiant d'une grande qualité d'écriture, capte avec brio les relations entre ces deux personnages, ainsi que leurs évolutions et dilemmes.
Effectivement, ces tableaux de personnages sont aussi riches que passionnants, où il arrive à en faire ressortir la complexité et surtout l'émotion. On trouve aussi une certaine mélancolie dans l'ambiance qu'Ozu met en place, il nous immerge doucement dans son oeuvre, sachant prendre son temps pour étoffer les personnages et enjeux, et surtout pour nous y intéresser et en faire ressortir diverses sensations. La force du film, au delà de la chronique familiale qu'il aborde, se trouve dans la vision du Japon d'Ozu, s'attachant à l'aspect traditionnel de son pays tout en mettant en avant l'influence occidentale, que ce soit dans les rues ou les références, et il met en avant cet aspect-là avec intelligence et finesse.
L'oeuvre bénéficie aussi, et surtout, du talent du cinéaste japonais, sachant mener son récit avec brio et nous immerger au cœur de cette relation père-fille, dans un contexte passionnant qu'il filme brillamment, et avec émotion. Surtout qu'il suffit parfois d'un simple regard ou geste pour exprimer une sensation forte, et on en a le parfait exemple avec Printemps Tardif, tandis qu'il n'hésite pas, tout en sobriété, à s'intéresser à la vie, au mariage ou encore à la famille avec brio, bien aidée par de brillants comédiens. Effectivement, Chishu Ryu, le père qui veut voir sa fille mariée, est remarquable alors que la rayonnante Setsuko Hara lui donne parfaitement bien la réplique.
Avec Printemps Tardif, Ozu propose une oeuvre aussi forte qu'attachante, où il capte l'humain, la vie et ses dilemmes ou encore l'évolution du Japon avec finesse et surtout émotion, bénéficiant aussi d'excellents comédiens.