On va s'aimer est l'adaptation du film espagnol El Otro lado de la cama, dont les droits étaient détenus par Eric Altmayer et Nicolas Altmayer. Ces derniers ont immédiatement pensé à Ivan Calbérac (Irène) pour prendre en charge l'écriture du scénario, ainsi que la réalisation du projet. Un véritable travail de réappropriation a débuté pour celui-ci : "L'action ne commence pas au même moment... Elle commence plus tôt dans cette adaptation. Les dialogues ont été intégralement réécrits... Surtout, les caractères des personnages ont été recomposés. Dans la version espagnole, ils étaient plus pulsionnels, plus hystériques, plus ibériques quoi !... J'avais envie d'un film plus doux, plus nuancé... Avec desenjeux humains plus forts... Bref, d'aller vers quelque chose de plus sentimental."
Entre format scope et plans séquences, Ivan Calbérac explique ses choix de mise en scène : "J'aime le cinéma qui fait rêver, qui nous emmène ailleurs. J'avais envie d'une esthétique forte, de codes couleurs assumés, de cadres soignés... J'aime également quand les prises sont un peu longues, que le dialogue donne le rythme et que le comédien a le temps d'installer ses intentions. C'est pour cela que j'apprécie le plan séquence car on est avec eux, il n'y a plus du tout de technique entre la scène et le spectateur."
La peur de l'engagement ou le concept de "seconde chance" sont les thèmes au coeur de On va s'aimer : "(...)Cette peur de s'engager, peur del'autre et quelque part, peur d'être aimé... La peur de l'engagement peut veniraussi d'une haute idée de l'engagement. Et je crois que c'est la caractéristiquecommune à tous les personnages du film. Ils partagent tous une haute idée ducouple, mais ils n'arrivent pas à être à la hauteur de ce qu'ils voudraient être, etdu couple qu'ils voudraient former. (...) Donner une seconde chance à quelqu'un, c'est se la donner à soi. Au cinéma, rien ne m'émeut plus que quand on pardonne, et que l'on se dit : qu'est-ce qu'on fait maintenant ? C'est ce que dit le film... Bien sûr, on a tous nos bagages, nos trahisons, nos petites culpabilités, mais la question reste : qu'est-ce qu'on choisit maintenant ?"
On va s'aimer est rythmé par les chansons et les chorégraphies qui le composent, pourtant Ivan Calbérac ne considère pas son film comme appartenant au registre de la comédie musicale : "Les chansons sont ici des intermèdes. Elles apportent un ailleurs. L'idée était que les textes des chansons puissent être les dialogues du film, et continuent de faire avancer la narration... Comme si elles avaient été écrites pour les personnages (...)"
Les chansons, choisies parmi les classiques de la variété française des années 70 à 90, s'inscrivent dans la continuité du récit du film. Cependant, Ivan Calbérac tient à différencier son film, On va s'aimer, de celui d'Alain Resnais datant de 1997 : "J'avais envie que ces séquences soient de véritables intermèdes, continuant à raconter l'histoire et pas seulement des virgules humoristiques. Dans On connaît la chanson, qui fait référence en la matière, on était dans un système de virgules et d'illustrations, comme des apartés au théâtre, qui faisaientbeaucoup rire. Là, c'est un peu différent. Nous avons ce même second degré au moment où le personnage se met à chanter, puis, comme la chanson se poursuit, nous basculons peu à peu dans l'incarnation de la situation et donc dans l'émotion."
C'est essentiellement le mélange des genres, entre comédie dramatique et film musical, qui a poussé les acteurs à participer à ce projet, comme le précise Mélanie Doutey : "J'ai d'abord aimé ce côté audacieux consistant à mêler des chansons à une véritable histoire.". Alexandra Lamy précise même que c'est l'opportunité de chanter qui l'a conforter dans le choix de rejoindre le casting du film.
Ivan Calbérac précise que les scènes de danses donnent un aspect onirique aux chansons qu'elles accompagnent : "Les danseurs sont une sorte de métaphorede l'état mental des personnages. Et puis, il y avait pour moi quelque chose de naturel... La musique va avec le mouvement, elle l'induit, elle le suscite. Je voulais éviter l'illustration, être plutôt dans l'évocation. C'est pour cela que j'ai fait le choix de travailler avec Bruno Sajous, chorégraphe de danse contemporaine."
Julien Boisselier explique les "difficultés" rencontré concernant le tournage de ces scènes : "Au départ, le plus dur, quand on chante et que l'on danse, c'est de garder son sérieux. Il y a toujours un moment où il existe une sorte de décalage, où l'on se sent un peu ridicule dans le regard des autres. Et pourtant, le plus jouissif a été justement de danser et de chanter."
C'est la bonne ambiance régnant sur le plateau de tournage que le quatuor, à l'affiche de On va s'aimer, garde en mémoire, comme le précise Gilles Lellouche : "Nous nous sommestout de suite trouvés et immédiatement bien entendus. C'était un bonheur de tourner ensemble. Il faisait beau, on riait... c'était génial !"