Eric Lartigau signe une comédie musicale ni tout à fait réussie, ni réellement ratée. Pourtant, l’entame placée sous le signe d’une comédie familiale avec la présentation de tous les membres de la famille du personnage principal a de quoi inquiéter au plus haut point quant à ce qui va suivre tant les clichés s’accumulent : une famille nombreuse, dans le genre "Une famille formidable", dont les membres se mêlent de tout, jusque dans la vie du seul fils de la famille. Bien sûr sans lui demander son avis. Ben hein, tant qu’à faire… Pauvre Luis… décidément, il ne pourra jamais mener sa vie amoureuse comme il l’entend, c’est-à-dire inexistante. Etant bien conscient de cet état de fait du haut de ses immatures 43 piges, il compte bien mettre fin à cette pression permanente selon quelques artifices bien trouvés. Et c’est ce qui va faire l’objet de ce film. L’avantage d’un tel sujet est que ça pose les problèmes d’éthique. Le revers de la médaille est que le spectateur sait d’avance comment ça va se terminer. Cette prévisibilité est souvent dommageable, mais nettement moins souvent quand des sentiments humains sont en jeu. Cela préserve la crédibilité. Ah tiens justement, parlons-en de la crédibilité ! Il y a encore peu de temps, imaginer de tels plans était franchement inconcevable (quoique...). Les raisons ? Les réponses sont dans les répliques d’Emmanuelle : non seulement c’est pathétique, mais en plus c’est réduire la femme au rang de "pute" (terme repris dans les répliques). Sauf qu’en cette année 2017, soit 11 ans après la réalisation de ce film, j’ai appris la naissance d’un nouveau phénomène : proposer de la colocation contre de la coucherie. Non mais franchement ! Où va-t-on ?? C’est peut-être même pire que le sujet proposé ici… C'est carrément sûr du reste. Toujours est-il qu’Alain Chabat a été placé à la tête d’une horde de femmes (ses 5 sœurs et sa mère) qui lui pourrissent la vie, simplement parce qu’elles ont jugées qu’il était temps de mettre fin à leur maternage (t m'étonnes !) . Et il s’en tire plutôt bien, le monsieur : Chabat fait du Chabat. Rien de plus rien de moins. En fait, la surprise vient de Ch… de Ch… Raaa j’ai un peu de mal à prononcer son nom parce que je ne l’aime pas. Autant pour son jeu que pour son physique. Mais c’est la première fois que je vois Charlotte Gainsbourg aussi bavarde, aussi souriante, aussi pétillante. Ici, elle est loin des rôles où son charisme ne lui servait qu’à occuper des rôles ne nécessitant qu’un encéphalogramme type batracien, c’est-à-dire plat (ou presque). Plat et mou. Là non, ce qui lui valut d’être pressentie pour le César de la meilleure actrice : avec Alain Chabat, elle va réussir à occuper le centre d’intérêt du spectateur, tout comme celui de cette famille quelque peu envahissante. J’ai dit envahissante, oui. La preuve en est lors de la première apparition d’Emmanuelle dans le giron familial : c’est tout juste si les membres de cette famille ne se marchent pas dessus pour voir enfin la matérialisation de leur vœu avant de la bombarder d’une foule de questions. Par les plans tordus imaginés par celui qui veut rester célibataire, comme je le disais plus haut, le spectateur entrevoit comment tout cela va finir. Mais curieusement, on ne sent guère la complicité qui aurait dû rapprocher les deux personnages. Ce qui fait de ce long métrage une comédie ni tout à fait drôle, ni réellement charmante, alors que l’entame laissait augurer une bonne grosse farce. L’effet qui en découle sonne comme un pauvre plop, de la même façon qu’une bouteille de champagne éventée qu’on débouche. Malgré tout, le tandem Gainsbourg-Chabat sauve cette comédie du naufrage, encore que celle-ci s’en serait trouvée grandement améliorée avec quelques situations truculentes supplémentaires. En somme, il manque de la fraîcheur, de l’audace, de la spontanéité et un développement des sentiments entre les deux personnages par un jeu plus subtil.