Lonesome Jim, 2005, de Steve Buscemi, avec Casey Affleck, Liv Tyler, Mary Kay Place, Seymour Cassel. Acteur fidèle des frères Coen et de Tom Di Cillo (Ça tourne à Manhattan, 1995, Delirious, 2007), on aime aussi Buscemi derrière la caméra depuis L’Interview en 2007. Dans un style très Jim Jarmush, il nous offre ici le baguenaudage d’un paumé attachant, un grand tout mou d’une trentaine d’année, revenant chez papa et maman après s’être prouvé, croit-il, son incapacité à se débrouiller seul. Quand on voit ses géniteurs, on comprend d’ailleurs que son éducation n’ait pas structuré l’estime de soi du rejeton. Le scénario de James C. Strouse est si ténu, qu’il ne se passe pas grand chose dans le film, et c’est donc tout à l’honneur du talentueux cinéaste que de faire naître, de si peu avec si peu de moyens, tant d’émotions et de réflexions. Les dialogues percutants et le jeu des comédiens compensent l’absence de rythme. Seul le personnage de la jeune infirmière avec son sympathique gamin, est un peu trop frais et lumineux pour être totalement crédible. Mais il fallait bien offrir quelques lueurs de possibilité d’espoir d’un avenir vivable au héros (et par ricochet au spectateur au bord de la déprime !) et le sortir de son lymphatisme à la limite du suicidaire. Des tonnes de dérisions sur la famille, le travail, les relations sociales, beaucoup d’intelligence et de lucidité, de l’humour aussi, dans cette subtile alchimie cinématographique.