Gérard Depardieu et Nathalie Baye de nouveau réunis à lécran, laffiche est séduisante et la comédie dramatique de T.Gilou nous offre 2 h dun spectacle très agréable. Le contexte est celui de la France profonde au début des années 60, à lépoque de la guerre dAlgérie, de la lutte armée avec le FLN et de linfluence croissante de lOAS. Au sein dune France déchirée entre les partisans de lAlgérie française et les opposants favorables à lindépendance, un couple désoeuvré et sans enfant se décide à adopter,contre dédommagement, un garçonnet algérien dont les parents ne peuvent subvenir à son éducation. En cette période troublée de notre histoire, lenfant, choyé par Gisèle et Georges comme sil était leur propre fils, doit en dehors de son foyer dadoption faire le dur apprentissage de lexclusion et du racisme. Le scénario présente les différentes difficultés émaillant lexistence de celui qui doit se faire appeler Michel « Michou » pour cacher son véritable prénom et ses origines. Le réalisateur dénonce lostracisme et le sectarisme de populations rurales par rapport au problème algérien. Latmosphère fétide qui pèse sur le village est palpable dun bout à lautre du film. Elle prend sa source dans lhostilité des habitants poussés par le sentiment de révolte face aux évènements dAfrique du Nord et à la cohabitation avec ces populations immigrées. Gérard Depardieu campe, avec la force et la conviction quon lui connaît, un ancien légionnaire reconverti en postier alcoolique, monstre de tendresse et de violence contenues, à la fois sensible et bourru, prêt à défendre son protégé et ses valeurs. Nathalie Baye donne à son personnage de mère nourricière toute lauthenticité et la puissance émotionnelle que requiert le rôle ; elle est bouleversante de sensibilité et de fragilité. « Michou dAuber » est une belle oeuvre, à la fois tendre et grave, traitant du climat entourant la perception de la guerre dAlgérie et de ses conséquences par la population française.