Alita est un bon exemple d'un film de robots à la mécanique pas bien huilée. Si on passe outre l'aspect spectacle très réussi, avec une direction photo pétillante, des chorégraphies de combat très sympas ultra dynamiques, assez créatives et surtout lisibles, on est frustré très vite par les personnages, l'univers et l'intrigue qui ne sont pas du tout à la hauteur. Le film fait de son angle de vue la recherche du passé d'Alita, à
travers laquelle on apprend qu'elle est une guerrière de Mars qui a participé à l'invasion de notre petite planète il y a 300 ans.
Cette révélation n'amène rien à l'intrigue, ce qui est ballot pour un fil conducteur, puisqu'elle ne remet rien en question, n'influence pas ses choix et ses valeurs, et que de toute façon on ne sait rien sur les raisons de cette guerre et ce qu'elle amène à l'histoire, outre qu'elle justifie qu'Alita possède une armure haut de gamme. Défaut de l'intrigue aussi, les enjeux sont affeusment mal amenés, Alita lutte contre des méchants dont on ne sait rien outre qu'ils sont méchants, insulte supplémentaire, l'antagoniste principal est juste un pion d'un autre qui ne fait rien à part regarder le monde depuis sa tour d'ivoire avec un air de "j'en sais plus que je n'en laisse apparaître" et dont on est sensé croire qu'il est la menace principale, même si on ne connaît rien de sa personnalité et ses raisons. Côté world building ça ne va pas du tout, l'univers du film est sensé tourner autour de cette confrontation entre cette ville d'en bas, Iron City, sensé être un trou à rat alors que les gens ont l'air d'y vivre plutôt bien, puisqu'ils ne semblent pas avoir de problème de faim, de soif, de grosse injustice, oui on a des gros robots qui patrouillent avec des flingues mais qui sont largement passifs, à part si on considère l'insécurité nocturne; et de l'autre Zalen, la ville qui vole avec des jolis gratte ciels. Mais le film ne fait aucun effort pour montrer l'interaction entre les deux : les deux seules choses qu'on sait est que Zalen balance ses déchets en bas et que de temps en temps, quelqu'un d'en bas peut monter là haut. Aucune autre forme d'exploitation, de spoliation, d'injustice n'est montré: Zalen est complètement en dehors de l'intrigue, outre la fascination qu'elle exerce sur Hugo. Ce n'est pas normal une fois de plus pour un élément aussi central.
Et tout ça pourrait encore passer si on se rattrapait avec les personnages mais le film n'y parvient pas non plus. Alita est mignonne et courageuse et c'est à peu près toute sa personnalité; le docteur est un personnage dont les actions sont motivées
par la mort de sa fille
mais c'est annoncé avec de si gros sabots qu'on ne peut pas s'empêcher de soupirer. Hugo à la rigueur est un peu intéressant comparé aux autres. Les méchants pèchent le plus par insipidité, sérieusement, les deux principaux passent leur temps à regarder ce qui se passe derrière des lunettes opaques pour jouer au mystère bas de gamme, et leur seul et unique sbire est rien d'autre qu'une grosse brutasse sortie d'une prison du kazakhstan.
Bref c'est un film qui avait un potentiel sympa, peut être pas le potentiel d'un chef d'oeuvre avec son pitch initial, mais sympa quand même, mais qui échoue par faute de n'avoir pas su développer son univers, ses personnages et son intrigue.