"Ceci est un film", annonce ironiquement Lars Von Trier au début de celui-ci, en guise de première réplique. Et contrairement à ce que le réalisateur dit, tout aussi ironiquement, Le Direktør est tout sauf une comédie anodine.
Il baigne ici une ambiance totalement déjantée, absurde, autant dans l'histoire que dans le fait que Lars Von Trier en personne interrompe le rythme du film afin de nous annoncer qu'une comédie à besoin de respirer. Sur le ton de la provocation, comme d'habitude, le réalisateur fait croire qu'il prend ses spectateurs pour des idiots. La subtilité se trouve justement dans le fait qu'en ayant conscience et en admettant ce mépris, Lars Von Trier aurait plus tendance à admirer son spectateur. En contraste de l'ambiance déjantée de l'histoire, celle-ci se déroule dans une ambiance très froide, glauque. Tout les murs sont blancs, toutes les portes sont d'un bleu très clair et, à l'extérieur, la neige abonde. Aucune couleur chaude n'est admise (Sauf pour une seule séquence qui, forcément, est très remarquable). Et pourtant, on ne peux s'empêcher de ressentir un sentiment très chaleureux, plein d'humanité, grâce aux personnages, tous très caractéristiques et attachants, ainsi qu'au côté débordant d'humour (Un humour très subtil) du film.
Comme il a été dit en introduction et, encore une fois, contrairement à ce que Lars Von Trier affirme, Le Direktør n'est pas une comédie anodine où il ne faut pas réfléchir. Car le film parle très habilement de certaines choses, comme de l'acteur qui sommeille en chacun de nous, de l'influence de la manipulation, de l'importance de comprendre le psychisme des personnes qui nous entourent du fait que, finalement, tout n'est peut-être qu'une scène de théâtre...
Lars Von Trier conclue son film avec un tombé de rideaux, en s'excusant auprès de ceux qui en attendaient plus et de ceux qui en attendaient moins et en disant que ceux qui ont eu ce qu'ils voulaient l'ont sans doute mérité. Un peu comme la vie.