Je décidai de m'attaquer à ce film TV d'Haneke, ne connaissant nullement l'univers de Kafka, mais c'est Haneke et puis le sujet a l'air pas mal. En réalité je me suis retrouvé dans une situation quasi-exacte à celle de Code Inconnu ; à la fin du film, après avoir essuyé plusieurs tentatives de somnolence, je me retrouvai circonspect, un peu sonné parce que je venais de voir, et je ne comprenais pas alors que l'état dans lequel j'étais était presque pré-destiné, et que si quelques longues conversations absurdes m'avaient quasiment servies de somnifères tant je les avais lâchées rapidement (celle avec le Maire, celle avec le gars dans sa chambre d'hôtel à la fin), et si un bon nombre aussi "d'histoires sentimentales" m'avaient ennuyé, cela était quelque part voulu. Oui, voulu ; c'est un ennui positif, on se fait chier parce que l'on se retrouve un peu comme le héros, englué dans un univers abracadabrant, à la quête d'un "château" qui vraisemblablement lui sera toujours hors de portée, et, avançant malgré lui dans le village, essayant de percer les secrets qui y habitent, essayant simplement de comprendre le rouage de ce système semble-t-il incompréhensible, lui s'y perd progressivement, comme nous. Le côté "absurde", d'habitude, ne me fascine pas tellement, et là encore c'est pas le plus fort dans le film je trouve, non j'ai bien aimé la mise en scène d'Haneke qui se calque assez parfaitement avec l'histoire : une froideur, une distance (faussement faussée j'ai envie de dire) permanentes, une claquage des scènes avec ce noir entre chacune comme rappeler à chaque fois que tout cela ne nous mènera nulle part (et en même temps sorte de condamnation perpétuelle du héros), et en même temps il y a cette curiosité que l'on possède nous aussi, mais qui progressivement se viande totalement, rattrapée par l'absurdité des situations. Peut-être si je le revoyais, si j'analysais tout, je pourrais y voir là un film à potentiel immense (et l'oeuvre visionnaire de Kafka le possède, enfin dans sa réputation), tant il a compris (Haneke = Kafka je dirais ici) le rouage, au-delà des questions métaphoriques (Château = Etat ? Château = Paradis ?) qui ne m'intéressent pas tellement c'est plutôt ici l'expression par l'image de cette fausse avancée du héros, dans ces plans horizontaux un coup à gauche, un coup à droite, comme pour finalement revenir au point de départ (et le personnage absurde de Barnabé, fantastique, sorte de "messager" inutile - d'ailleurs on apprend qu'il exerçait pour la première fois, qu'est-ce que c'était quand il n'était pas là ? - ou bien aussi à un autre niveau ces "aides" comiques, également absurdes), oui un tracé labyrinthique, autant pour le héros que pour le spectateur, dans ce village si particulier.