Présenté en compétition officielle lors de la 63ème Mostra de Venise, Les Fils de l'homme du Mexicain Alfonso Cuaron a fait forte impression auprès de la presse. Il repart d'ailleurs auréolé de l'Osella de la Meilleure contribution technique attribué au directeur de la photographie Emmanuel Lubezki ainsi que du prix de la Lanterne Magique accordé au réalisateur Alfonso Cuaron.
Les Fils de l'homme d'Alfonso Cuaron est l'adaptation du roman homonyme de P.D. James publié en 1993. C'est la productrice Hilary Shor qui a été attirée par cette oeuvre dès sa sortie et a pris une option dessus dès 1994 : "C'est un texte magique, et bien qu'il ait fallu beaucoup de temps pour le développer et le porter à l'écran, ces neuf années furent pour moi un pur bonheur."
Alfonso Cuaron est arrivé tardivement sur le projet Les Fils de l'homme. Il avait reçu un premier jet du scénario qui ne lui avait pas plu. Ce n'est qu'après une nouvelle version du script qu'il a accepté de participer et de prendre la tête du film. Le producteur Marc Abraham précise : "Alfonso a un talent unique, une passion indéniable pour ce matériau. Sa vision nous a fascinés et revigorés."
Après avoir apprécié les talents de comédienne d'Emma Watson sur le plateau d'Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, Alfonso Cuaron lui a proposé d'incarner la jeune Kee dans Les Fils de l'homme. Cependant, la jeune actrice britannique, étant déjà engagée sur le tournage d'Harry Potter et la coupe de feu sous la direction de Mike Newell, n'a pu se libérer. C'est donc la méconnue Clare-Hope Ashitey qui, après sa participation au film Shooting Dogs de Michael Caton-Jones, obtient ici son deuxième rôle dans un long-métrage.
C'est en visionnant Retour à Cold Mountain d' Anthony Minghella qu'Alfonso Cuaron découvre Charlie Hunnam dans le rôle de Bosie, l'un des musiciens vagabonds. Le réalisateur mexicain décide alors de contacter le jeune acteur et lui offre le rôle de Patric dans Les Fils de l'homme.
C'est dans le futur que se déroule l'action des Fils de l'homme. Après avoir sondé leur entourage sur leur vision de l'avenir, Alfonso Cuaron et son partenaire à l'écriture, Timothy J. Sexton, ont décidé de se focaliser sur deux problèmes clés : le développement de vastes mouvements migratoires à l'échelle planétaire et l'effet "boomerang" de ces trois siècles de colonisation. Le réalisateur précise : "Nous avons élaboré une chronologie personnelle pouvant aboutir à cette vision de Londres en 2027, et nous nous sommes aperçus que certains évènements décrits dans notre scénario étaient déjà amorçés. Je ne cherche pas, pour autant, à apporter au spectateur des réponses toutes faites. Je l'invite plutôt à s'interroger. Il découvrira alors que ce film est un miroir qui lui renvoie sa propre vision, plus ou moins optimiste, de l'avenir."
Les chefs décorateurs des Fils de l'homme, Geoffrey Kirkland et Jim Clay, ont eu pour mission de créer un environnement réaliste, fourmillant de détails auxquels Alfonso Cuaron était particulièrement attentif. L'acteur Michael Caine se souvient : "Je l'ai vu, par exemple, consacrer dix minutes à placer derrière nous de simples cartes postales dont nous n'avions que faire, mais dont la présence contribuerait au look du film et lui paraissait donc utile."
Pour Les Fils de l'homme, Alfonso Cuaron a choisi de tourner la plus grande partie de son film en plans-séquences, à travers le regard de son personnage principal Théo. Le directeur de la photographie Emmanuel Lubezki précise : "La caméra est ici un personnage à part entière. Un personnage inquisiteur, nerveux, qui vous jette au coeur de l'action et vous donne le sentiment de la vivre en direct."
Au mois d'août 2016, la BBC a dressé son Top 100 des meilleurs films du XXIe siècle. La chaîne a en effet demandé à 177 personnes, Critiques et universitaires basés aux quatres coins du monde, de dresser la liste de leurs 100 meilleurs films du XXIe siècle. Et, à partir de ce corpus en a fait une synthèse. Le film d’Alfonso Cuaron figure dans ce classement et a une très bonne place puisqu’il est 13ème !
Le personnage incarné par Clive Owen dans le film se nomme Theo Faron. Un patronyme venu du grec et qui signifie Dieu des phares ou « Celui qui mène vers la lumière ».
Le film comprend, vers la fin, un plan-séquence remarquable de quasiment 7 minutes. Il s'agit de la scène durant laquelle Theo poursuit Luke qui a réussi à mettre la main sur Kee : il part de la rue dans le camp et traverse un véritable champ de bataille avant de les retrouver dans un bâtiment en ruine. Il a fallu 14 jours pour préparer ce plan, qui a été tourné en 2 jours. Au milieu d'une prise, du sang a éclaboussé sur l'objectif de la caméra. Alfonso Cuarón a presque gâché la scène en criant "Coupez!" mais sa voix fut couverte par les bruits de la bataille. En voyant les rushes, le chef opérateur Emmanuel Lubezki l'a convaincu de garder la prise et c'est finalement celle-ci que l'on peut voir dans le film.
La scène dans laquelle Miriam descend du bus dans le camp de réfugiés est accompagnée de la chanson Arbeit Macht Frei des Libertines. La phrase "arbeit macht frei", qui signifie "le travail rend libre", était écrite sur les entrées de tous les camps de concentration/extermination nazis durant la Seconde Guerre Mondiale (à l'exception de celui de Buchenwald).