On aurait trop tendance à qualifier le cinéma de Joao Pedro Rodriguez de "sulfureux", comme s'il pouvait se résumer à ce simple qualificatif.
Après un premier essai étrange et fascinant sur le désir et l'obsession, "Odete", son deuxième long métrage vient évouqer la mort, la solitude, l'absence.
D'un coté, Rui, qui pleure la mort de Pedro, son compagnon tragiquement tué dans un accident de voiture et dont il ne parvient pas à accepter la mort; de l'autre Odete, une jeune femme dont le profond désir de maternité, va l'amener à croiser le chemin de Rui, en prenant l'identité du défunt Pedro.
Si au départ, Odete semble être une jeune femme comme une autre, bien vite, son désir d'être enceinte vire à l'obsession, à la folie, au point qu'elle s'invente un passé, une grossesse imaginaire, une liaison avec ce Pedro qu'elle ne connaissait pas et qu'elle finit par incarner.
Progressivement, Odete confond la réalité et la fiction, persuadé que ce qu'elle a inventé de toute pièce est réel et contaminant les gens qu'elle côtoie : Rui, la famille du défunt... tous s'opposent violemment à ses affirmations en premier lieu mais finisse par y croire eux aussi, motivé par la solitude qui les hante.
Si on y retrouve encore les traces du désir qui habitait "O fantasma", ici le désir ne semble pas être la source, il n'est que la conséquence de la solitude : Rui trompe sa solitude par des relations sexuelles sans lendemain, la mère de Pedro finit par accepter Odete devant la tombe de son défunt mari...
L'absence , la mort, la solitude, semblent toucher tous les personnage et mener cette valse étrange dans laquelle se mêlent Eros et Thanatos, et où la puissance de l'imagination semble influer sur le réel.
Toujours à la lisière du fantastique sans jamais y tomber, le réalisateur portugais confirme tout le bien que je pouvais penser de lui après son premier film, et fait montre d'un talent indéniable pour ausculter les tourments de l'âme humaine.