Scoop : les secrets du tournage

Scoop marque la seconde collaboration entre Woody Allen et Scarlett Johansson. Le réalisateur avait déjà dirigé la jeune actrice dans son précédent opus, Match Point. Depuis sa séparation avec Mia Farrow en 1993, Woody Allen n'avait jamais tourné deux fois de suite avec la même actrice.

Après Meurtre mystérieux a Manhattan, Escrocs mais pas trop et Le Sortilège du scorpion de Jade, Scoop marque le retour de Woody Allen à la comédie policière. Il évoque ses inspirations : J'ai pensé à ces histoires policières, parfois comiques, mais le plus souvent sérieuses, qui me plaisaient quand j'étais plus jeune : la série L'Introuvable avec William Powell et Myrna Loy, certaines comédies avec Bob Hope, sans oublier de nombreux films d'Hitchcock. Dans ma filmographie, un de mes films préférés est Meurtre mystérieux à Manhattan. Dans ce registre particulier, la comédie est sans doute un peu moins efficace que le drame, mais je n'y peux rien : Scoop est une comédie, et souhaitais un ton léger, avec même quelques touches de bouffonnerie. C'est le genre de film que j'aime voir et tourner. Je peux seulement espérer que le public partagera ce plaisir."

Scoop a été tourné à Londres. Woody Allen délaisse ainsi pour la seconde fois, après Match Point, son New York natal qu'il s'était appliqué à mettre en scène comme un personnage à part entière dans chacun de ses films. Auparavant, le réalisateur n'avait jamais posé sa caméra loin de Manhattan, excepté pour les quelques scènes tournées à Paris et en Italie qui figurent dans Tout le monde dit I love you. Après Scoop, l'Américain a enchaîné avec un troisième film londonien, interprété par Colin Farrell et Ewan McGregor.

Woody Allen ne connaissait pas du tout Hugh Jackman, ni ses films, avant Scoop. L'idée de confier au héros de X-Men et Van Helsing le rôle trouble de Peter revient à la fidèle directrice de casting du réalisateur, Juliet Taylor. "Il est venu nous voir en coup de vent, et j'ai découvert ce bel homme, suave, charmant, plein d'humour. Je lui ai tout de suite offert le rôle", explique Allen. De son côté, le comédien se souvient de ce premier rendez-vous : "Petit avertissement : je ne devais pas me vexer si l'entrevue s'arrêtait au bout de deux minutes. Finalement, cela a duré trois minutes, ce qui m'a paru de bonne augure ! Ca s'est déroulé à peu près comme ceci : "Bon alors, voilà, je vais tourner ce film, et je sais que vous avez sans doute des trucs plus importants à faire. Mais, à supposer que vous ayez envie de lire ce script -ce qui n'est probablement le cas- et à supposer que ça vous plaise, sachez que j'aimerais bien le tourner avec vous." Voilà. Nos rapports ont tout de suite été d'une simplicité biblique, et le sont restés."

Scoop marque le retour de Woody Allen devant la caméra. Le réalisateur ne s'était attribué aucun rôle dans ses deux précédents films, Melinda et Melinda et Match Point. Sa précédente apparition remonte donc à Anything else, la vie et tout le reste, sorti en France en 2003.

A propos du point de départ de Scoop, Woody Allen précise : Avant tout, "il s'agissait d'un reporter, si déterminé, qu'il revient de l'au-delà pour boucler une enquête. Je voyais cela comme un hommage aux grands journalistes d'investigation."

Scoop est un projet ancien que Woody Allen gardait en réserve. Au départ, le personnage de journaliste en herbe avait été écrit pour un homme. Mais après le tournage de Match Point, le cinéaste a eu envie de retravailler avec Scarlett Johansson. C'est ainsi qu'il a eu l'idée de reprendre cette histoire, en changeant le sexe du jeune héros.

Avant Scoop, nombreux sont les films américains à avoir montré l'univers du journalisme. Citons entre autres Citizen Kane d'Orson Welles, L'Homme de la rue de Frank Capra, Bas les masques de Richard Brooks, La Dame du vendredi de Howard Hawks, Le Gouffre aux chimères et Spéciale première de Billy Wilder, ou encore Les Hommes du Président d'Alan J. Pakula. Woody Allen fait d'ailleurs un clin d'oeil à ce dernier film dans Scoop.

Woody Allen ne tarit pas d'éloges sur sa comédienne Scarlett Johansson, la comparant par exemple à son égérie Diane Keaton : "Elle me procure une joie sans partage. C'est simple : elle a tout. Elle est belle et intelligente, drôle, sexy, gentille, coopérative et aussi douée pour le drame que pour la comédie. J'ai l'impression d'avoir touché le jackpot ! Au fil des ans, j'ai travaillé avec certaines personnes -Diane Keaton, notamment- qui avaient tous les talents. Scarlett en fait partie. Elle irradie le plateau par sa seule présence, elle déborde d'énergie et répand autour d'elle une ambiance totalement positive (...) En fait, c'est une des rares personnes qui a toujours le dessus sur moi. J'ai beau inventer des répliques dévastatrices, elle a toujours le dernier mot. Moi qui me flatte d'être rapide, je ne peux que respecter et admirer quelqu'un me coiffe régulièrement au poteau."

Hugh Jackman parle du travail avec Woody Allen : "Il ne multiplie pas les prises, ni les répétitions. J'avais, par exemple, une scène où je devais embrasser Scarlett Johansson –il fallait bien que quelqu'un se sacrifie- et Woody a bouclé cela en un clin d'oeil. Le bon côté de la chose, c'est que j'ai pu dire honnêtement à ma femme : "Chérie, ça n'a pas duré plus de vingt secondes." Il y a quand même eu un problème, et de taille : Woody adore improviser, principalement ses propres répliques. Il vous laisse aussi broder si vous le souhaitez, ce qui est sympa. L'ennui, c'est que chaque fois qu'il improvise, c'est tordant... et différent à chaque prise. Du coup, j'éclatais régulièrement de rire, ce qui finissait par le vexer. "Non, non, s'il vous plaît, Sid est un rustre, il n'a rien de drôle", me disait-il. Et moi de répondre : "D'accord, mais essayez donc de le rendre un peu plus sinistre, car si vous continuez comme ça, j'aurai du mal à me retenir."

Woody Allen a de nouveau fait appel à Remi Adefarasin, chef-opérateur britannique avec qui avait collaboré sur Match Point.

Le tournage de Scoop à peine achevé, Scarlett Johansson et Hugh Jackman se sont retrouvés sur le plateau du Prestige de Christopher Nolan.