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Plume231
3 878 abonnés
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2,0
Publiée le 11 juillet 2012
Un des premiers film d'Ingmar Bergman (le quatrième en fait !!!) qui prouve que le cinéaste tâtonnait encore dans le domaine du drame psychologique mais qui n'arrivait pas à écrire des scénarios servant efficacement son propos, par exemple il aurait été meilleur si les personnages secondaires avaient été mieux développé, d'où un aspect un peu maladroit. Reste l'ambition d'un cinéaste, à l'image de la séquence sub-conscientielle qui est très loin d'avoir la virtuosité d'un Michael Powell mais qui est un essai intéressant, qui se cherche encore ainsi que la beauté douce et photogénique de Mai Zetterling.
Un bon mélodrame classique et efficace, éclairé par la présence de Mai Zetterling, qui ne plaira peut être pas aux puristes de l'oeuvre du réalisateur.
Dengt Vylbeke, un aristocrate, perd la vue durant son service militaire. Abandonnée par sa fiancée, il est soigné par Ingrid, sa bonne, qui tombe amoureuse de lui. Mais l’amour de celle-ci n’est pas payé de retour car l’écart de classe est trop grand. Après avoir échoué au concours du conservatoire, Bengt trouve un emploi de pianiste dans un hôtel. Il retrouve Ingrid qui s’est entretemps fiancé.
« Musique dans les ténèbres » est une réalisation de jeunesse de Ingmar Bergman. Venu du théâtre, le réalisateur, âgé de trente ans à peine, n’a pas encore trouvé ses marques. Il tourne des films de commande qui louchent du côté du réalisme français de Renoir, Carné ou Duvivier. Rien n’annonce le tournant que prendra son œuvre, pour le meilleur et parfois pour le pire, lorsqu’elle traitera à bras le corps les sujets de la foi, de l’amour, d’un monde sans Dieu.
Inspiré d’un roman de l’écrivaine suédoise Dagmar Edqvist, le scénario de « Musique dans les ténèbres » est à la limite de la mièvrerie. Il a néanmoins offert à Bergman son premier succès critique et public.
Aujourd’hui, l’intérêt du film est ailleurs. Il réside dans l’approche documentaire de Bergman, qui ne connaît, à ma connaissance, aucun autre exemple dans le reste de son œuvre. Le réalisateur est allé filmer à l’institut des jeunes aveugles de Stockholm (Jim Jarmusch a fait la même chose à Paris avec Béatrice Dalle dans l’un des sketch de Night on Earth en 1991) et il y a pris un vif intérêt dont le film, quasi-documentaire, porte la trace.
A la suite d'un stupide accident lors d'un exercice de tir, Bengt Vyldeke se retrouve aveugle. La scène de son évanouissement donne à Bergman le prétexte idéal pour donner libre cours à sa fantaisie surréaliste dans une expérimentation. Les effets spéciaux ne sont pas extraordinaires, mais les idées marquent : une mare de boue dans laquelle s'enfonce Bengt, agrippé de toutes parts par des mains venus des entrailles de la terre, un aquarium géant dans lequel se recoiffe une femme tandis que Bengt remonte lentement à la surface etc. Ce n'est pas un rêve, mais un coma que Bergman montre à l'écran. C'est très certainement la scène la plus remarquable du film, le reste étant un drame social sur la difficulté d'adaptation de quelqu'un devenu subitement aveugle. Car Bengt Vyldeke perd tout du jour au lendemain : son travail, sa fiancée, son goût de vivre. Bien évidemment, il lui reste ce qu'il y a de plus précieux sur terre : la musique. Passionné par la musique, Bergman en fait le fil d'Ariane de son héros dans un labyrinthe de ténèbres. C'est par et grâce à la musique qu'il revient à la vie. S'ensuivent des scènes d'injustices révoltantes à l'égard du malheureux aveugle, et Bergman évite de peu de tomber dans la fadeur d'un mélodrame facile, mais l'intérêt quasiment métaphysique du héros pour la musique (car il pense être incroyant, alors que sa passion le pousse à penser le contraire, il trouve une présence divine dans la musique), et la compassion de sa nouvelle fiancée en font un précieux drame dans la première partie de la carrière d'Ingmar Bergman.