Je lisais les critiques avant de voir ce film, et je me disais, après avoir vu la bande annonce, qu’elles étaient sans doute trop sévères. Même si je ne rejoins pas les critiques les plus radicales sur ce film, reste que ce n’est pas un bon film.
En fait, l’énorme souci du film, c’est son histoire. On a l’impression que le réalisateur n’avait en vérité pas d’intrigue, et il livre un joli spectacle visuel, mais sans consistance aucune pour le soutenir. Qui est Magorium, pourquoi doit-il disparaître, qu’est-ce qui anime ces jouets, et surtout c’est quoi cette fin en queue de poisson ? On ne saura jamais rien de rien, et surtout, il n’y a pas d’enjeux. Du début à la fin le film n’évolue pas, n’a pas de trame, on sait très vite que Magorium doit disparaitre, et il mettra 1 heure 30 pour… ah, je n’en dirai rien ! Bref, c’est donc bavard, avec des gags certes mais pas forcément tellement d’humour, un peu de romantisme mais trop ténu, et une certaine féérie mais qui tient essentiellement à la dimension nostalgique et colorée des jeux et jouets montrés.
Sans intrigue, Le merveilleux magasin de M. Magorium tient entièrement sur ses effets visuels, certes réussis, bien que pas exceptionnels non plus. Le film est coloré, vif, dispose d’une belle photographie et d’un indéniable charme nostalgique qu’une mise en scène plutôt élégante et maline arrive à rendre. Beau catalogue d’images, le film possède aussi une jolie bande son qui fait écho à la passion pour le piano de l’héroïne. C’est un atout non négligeable pour susciter l’adhésion du spectateur.
Le casting est porté par deux stars, et une co-star convaincante. Dustin Hoffman est irréprochable, dans un rôle qui aurait réellement pu être bien meilleur, au niveau d’un Willy Wonka pourquoi pas. Il ne restera finalement pas dans les annales, mais Hoffman s’amuse beaucoup et apporte la tendresse nécessaire et la fantaisie qui lui sied. Natalie Portman, coupe à la garçonne et physique fluet s’amuse tout autant, et une prestation sobre piquetée de quelques répliques loufoques ou absurdes la rend attrayante. Jason Bateman tire lui aussi son épingle du jeu, avec un personnage de cartésien pas si cartésien que cela, et sans doute le plus subtil et intéressant du film face au jeune Zach Mills qui ne démérite pas non plus. On va dire que le film laisse une place importante aux interprètes qui, sans doute, seront la principale attraction de ce film pour beaucoup de spectateur.
Pour ma part, et en dépit des acteurs convaincants et d’une esthétique honorable, Le merveilleux magasin de M. Magorium n’est pas assez tenu pour faire un bon film. Ca se laisse voir, mais le manque d’enjeux, la fin abrupte, et un manque de consistance certain, font qu’on se lasse assez sur la durée. 2