Delwende, lève-toi et marche : les secrets du tournage

Delwende a reçu le Prix de l'Espoir dans la catégorie un Certain regard au Festival de Cannes 2005.

Lève-toi et marche est la traduction française du titre Delwende.

Delwende se déroule au Burkina Faso, pays situé à l'Ouest de l'Afrique entre le Niger, le Mali et la Côte d'Ivoire. Le pays dont la capitale est Ouagadougou compte une superficie de 274 200 km².

Journaliste de formation, S. Pierre Yameogo a eu l'idée de Delwende après avoir tourné un documentaire pour l'émission "Envoyé Spécial" sur France 2 au sujet de ces femmes africaines accusées d'être des "mangeuses d'âme".

Au Burkina Faso, Le centre Delwende de Tanghin a recueilli 400 femmes bannies de leur village parce qu'accusées de sorcellerie. Créé dans les années 60, cet établissement s'est spécialisé dans la prise en charge de ces "mangeuses d'âmes", des femmes qui ont été " officiellement " reconnues coupables après avoir passé " l'épreuve de vérité ", qui consiste à boire un breuvage spécial. Ou encore, si une femme est accusée d'avoir tué quelqu'un, après que les porteurs du défunt aient senti une force les mener vers la porte de la " coupable ". Des croyances ancestrales qui ont marginalisé une partie de la population féminine du Burkina Faso. Montré du doigt par la population apeurée, elles ne peuvent subsister seulement grâce au centre de Delwende qui subvient à leurs besoins. Aujourd'hui, les mentalités commencent à changer, ces femmes ne sont plus autant craintes.

Propos recueillis sur : http://www.afrik.com/article8157.html

Les figurants du film étaient des villageois peu habitués à la présence d'une caméra. Pour les filmer, S. Pierre Yameogo a du garder son calme, "au départ, ils ne comprennent pas ce qu'on attend d'eux et quand ils saisissent ce que nous sommes en train de faire, ils veulent tous avoir un rôle, recommencer la séquence, refaire le film.". Les deux actrices principales, Blandine Yameogo et Claire Ilboudo, ont longuement discuter avec les villageoises pour les convaincre de faire ce film. "Symboliquement, elles représentent l'espoir de toute une génération, de toutes les femmes qui doivent refuser de se soumettre à la fatalité."

S. Pierre Yameogo n'aurait pas pu produire Delwende sans une aide financière étrangère. Lui-même producteur délégué du film, il a du avoir recours à des apports étrangers en raison de l'absence de structure étatique comme le CNC au Burkina Faso. Depuis 1984, des organismes ont été mis en place par le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Culture et le Centre National de la Cinématographie pour contribuer au dynamisme culturel des productions cinématographiques des "pays du Sud" : le Fonds Sud Cinéma, mis en place par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Culture et de la Communication (Centre National de la Cinématographie - CNC), a aidé plus de 300 projets de films de cinéma. Ce fonds concerne les projets de films de fiction, d'animation ou documentaire de création destiné à l'exploitation en salle en France et à l'étranger. La plupart d'entre eux ont été présentés et primés dans les festivals internationaux ou Le Fonds Images Afrique qui vise à favoriser la création d'oeuvres télévisuelles et cinématographiques locales dans les pays de l'Afrique subsaharienne et à accroître la place des films de fiction africains dans les salles en Afrique en alimentant le Fonds d'aide à la distribution " Africa cinémas ". Ces organismes font partie de ceux qui ont permis à Dewende d'être produit.

Propos recueillis sur : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/thematiques_830/cinema_886/cooperation-cinematographique_5371/aides-production_5622/

S. Pierre Yameogo a constaté que les réactions au Burkina Faso sont plutôt positives mais il déplore que ses films soient peu diffusés dans les salles et davantage à la télévision alors que cette dernière est seulement accessible aux plus riches. "C'est pourquoi nous partons parfois en brousse et nous organisons des projections de village en village, les Cinébus."

Le réalisateur S. Pierre Yameogo a voulu montrer à travers Delwende le poids des coutumes contre lequel il se bat : "C'est effrayant, beaucoup de personnes dans la capitale croient encore aujourd'hui à cette légende des "mangeuses d'âmes". Ce film a pour but de faire évoluer les mentalités, de contrer ces croyances et réveiller cette partie de l'Afrique. Je veux montrer que certaines personnes trichent et utilisent ces traditions à leur avantage. Ce sont les hommes qui les ont établies, ils doivent maintenant les abolir ! Il faut que les mentalités évoluent."